Hallelujah
Now I've heard there was a secret chord
That David played, and it pleased the Lord
But you don't really care for music, do you?
The minor fall, the major lift
The baffled king composing Hallelujah
Voici l'une des plus célèbres chansons de Léonard Cohen, et, paraît-il, l'une des chansons les plus souvent reprises, la reprise la plus connue étant sans doute celle de Jeff Buckley. J'ai retardé longtemps sa traduction, conscient du caractère quasi-mythique de l'œuvre, dont la mélodie est l'une des plus belles qu'ait écrites Léonard Cohen. Je me doutais aussi que d'autres s'étaient essayés à sa traduction, et je me suis soigneusement gardé de les consulter, comme à mon habitude. Je n'en ai pris connaissance qu'au moment de poster ce billet. Celle de Graeme Allwright est remarquable (comme toujours), mais "expurgée" de certains couplets, à l'instar de la version que chantent de nombreux artistes (un peu comme un cantique, avec un air inspiré, les yeux clos, ce qui pourrait devenir presque comique s'ils intégraient certains couplets !).
Je crois comprendre pourquoi, car si Léonard Cohen est ici fidèle à son style poétique hermétique, mêlant élégamment mysticisme et érotisme et suggérant ou évoquant en des mots qui restent souvent ambivalents, "Hallelujah", dans sa version complète, est un peu plus explicite, voire crue. S'il reste possible de comprendre le texte à divers niveaux, il semble tout à fait imaginable d'en rester à l'interprétation la plus directe et simple : les mots de l'ancien amant à celle qu'il venait visiter dans un "lieu de rencontre" où les pratiques relèvent plus du secret que du sacré.
Je dois avouer que réaliser cette traduction a pour moi un peu démythifié cette chanson grandiose, qu'il faut absolument écouter chantée par Léonard Cohen (les reprises sont, pour certaines, magnifiques, mais dépouillent un peu la chanson de son mystère et de son ambiguïté...).
Alléluia
Il paraît qu’un accord mystérieux
Que jouait David plaisait à Dieu
Mais la musique ne t’intéresse pas, n’est-ce pas ?
Ça fait comme ça :
La quarte, la quinte,
Le mineur tombe, le majeur monte,
Le roi surpris composant Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Tu voulais des preuves malgré ta foi.
Quand elle se baigna sur le toit
Sa beauté au clair de lune te subjugua
A un tabouret elle te lia
Ton trône brisa, tes cheveux coupa,
Et de tes lèvres tira cet Alléluia
Je suis déjà venu m’étendre
Et j’ai marché dans cette chambre.
Car je vivais seul avant de te connaître.
Sur le porche j’ai vu ton fanal.
L’amour n’est pas marche triomphale.
C’est un froid et c’est un meurtri Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Jadis, tu ne me cachais pas
Ce qui se passe ici en bas,
Mais maintenant ce n’est plus le cas, n’est-ce pas ?
Souviens toi, lorsqu’en toi j’entrais
De même la colombe sacrée
Chacun de nos râles était Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Tu dis qu'en vain j’ai pris le nom
Mais je ne connais pas le nom
Et puis, qu’est-ce que ça peut te faire, au fond ?
Dans chaque mot brille une flamme
Et qu’importe que l’on proclame
Le sacré ou le meurtri Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
A faire de mon mieux j’ai cherché
Ne pouvant sentir, j’ai touché
Je t’ai dit vrai : je n’suis pas venu tricher.
Tout est allé mal et pourtant
Je viens devant le Dieu du Chant
Sans rien d’autre à mes lèvres que Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia, Alléluia
Alléluia
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)