Death of a Ladies' Man

The man she wanted all her life was hanging by a thread

"I never even knew how much I wanted you," she said

His muscles, they were numbered, and his style was obsolete

"Oh baby, I have come too late." She knelt beside his feet

"I'll never see a face like yours in years of men to come

I'll never see such arms again in wrestling or love."

And all his virtues burning in the smoky holocaust

She took unto herself most everything her lover lost

Now the master of this landscape, he was standing at the view

With a sparrow of St. Francis that he was preaching to

She beckoned to the sentry of his high religious mood

She said, "I'll make a place between my legs, I'll teach you solitude."

He offered her an orgy in a many-mirrored room

He promised her protection for the issue of her womb

She moved her body hard against a sharpened metal spoon

She stopped the bloody rituals of passage to the moon

She took his much-admired Oriental frame of mind

And the heart-of-darkness alibi his money hides behind

She took his blonde Madonna and his monastery wine

"This mental space is occupied and everything is mine."

He tried to make a final stand beside the railway track

She said, "The art of longing's over and it's never coming back."

She took his tavern parliament, his cap, his cocky dance

She mocked his female fashions and his working-class moustache

The last time that I saw him he was trying hard to get

A woman's education, but he's not a woman yet

And the last time that I saw her she was living with a boy

Who gives her soul an empty room and gives her body joy

So the great affair is over, but whoever would have guessed

It would leave us all so vacant and so deeply unimpressed

It's like our visit to the moon or to that other star

I guess you go for nothing if you really want to go that far

Léonard Cohen a la réputation d’un « homme à femmes », mais s’en défend ou, tout au moins, considère que son prétendu pouvoir de séduction est très surfait, et que les femmes elles-mêmes ont mis un terme à cette légende… Dans cette chanson, il s’emploie lui aussi à détruire le mythe, décrivant, précisément, la démythification systématique du séducteur dont tous les faux-semblants, le snobisme, les hypocrisies et les pédanteries, les poncifs déguisées en philosophie, les lubies et les coquetteries… sont exposés et tournés en ridicule.

Dans « Death of a Ladies’ Man » comme sur l’ensemble de l’album éponyme, les arrangements très contestés de Phil Spector, producteur sulfureux, pourraient détourner l’auditeur du texte, tout à fait caractéristique de l’état d’esprit et de l’art de Léonard Cohen. Cependant, pour incongrus qu’ils puissent paraître, ces arrangements ne camouflent pas, et peut-être même mettent en exergue, toutes les nuances, les apparentes contradictions, les permutations de rôle et les changements de perspective ou de personne qui font la véritable signature poétique de Léonard Cohen, et font de cette chanson l’une des plus représentatives.

Bien sûr, cette chanson comme toutes celles du Léonard Cohen, peut être interprétée de différentes façons, à divers niveaux, et, par exemple, comme une simple autodérision. Cependant, la dernière phrase en est peut-être la clef : ce n’est que lorsque les masques sont tombés, lorsque l’armure ou le déguisement derrière lesquels chacun se protège ont été retirés, lorsque les mots ont cessé de cacher la pensée, lorsque toutes les conventions, les archétypes, les rôles assignés… sont enfin abolis que l’amour véritable devient possible.

ALN

Mort d’un Homme à Femmes

L’homme qu’elle voulut toute sa vie, à un fil était pendu

« A quel point je te voulais », dit-elle, « je n’ai jamais su. »

On pouvait compter ses muscles, son style était désuet

« J’arrive trop tard », dit-elle, en tombant à ses pieds

« En des années d’hommes, je n’ verrai de visage comme le tien

Pour la lutte ou l’amour, je n’ verrai de bras comme les tiens »

Et, toutes ses vertus brûlant en holocauste fumant

Elle prit en elle-même tout ce qu’avait perdu son amant

Désormais maître du paysage, en vue il se tenait

Avec un moineau de St-François auquel il prêchait

Hélant la sentinelle de sa religieuse attitude

Elle dit « Viens entre mes cuisses ; je t’enseignerai la solitude »

Il lui offrit une orgie dans une chambre aux cent miroirs

Il lui promit protection à ce qu’elle pourrait concevoir

Sur une cuillère acérée elle frotta son corps fortement

Du passage à la lune elle stoppa les rituels sanglants

Elle prit sont admirée mentalité orientale

Et l’alibi « cœur-des-ténèbres » masquant son côté vénal

Elle prit sa Madone blonde et son vin de monastère

« Cet espace mental est pris et j’en suis propriétaire »

Il tenta encore de faire front près de la voie ferrée

Elle dit « L’art du désir a vécu et ne reviendra jamais »

Prit son sénat de bistrot, sa danse du coq, sa casquette

Railla sa moustache d’ouvrier et ses allures coquettes

La dernière fois que je l’ai vu, malgré tous ses efforts

D’éducation de femme, il n’était pas une femme encore

La dernière fois que je l’ai vue, elle vivait avec un gars

Qui donne à son âme une chambre vide, à son corps la joie

La romance est donc finie, mais quiconque aurait pu deviner

Qu’elle nous laisserait un tel vide et pas du tout impressionnés

Comme notre visite à la lune, ou à l’étoile du coin

Je crois qu’on y va pour rien si on veut vraiment aller si loin

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)