Leaving Green Sleeves

Léonard Cohen reprend ici le thème de la célébrissime chanson”Greensleeves”, ballade datant apparemment du XVIème siècle, et que la légende attribue à tort au roi Henri VIII. Si l’on se perd en conjectures et hypothèses sur le sens profond du texte et sur l’identité de la dame « aux manches vertes » (comme sur la signification de ce détail vestimentaire), la mélodie traditionnelle a traversé les siècles et continuera probablement son chemin au-delà du millénaire.

En respectant, voire en épaississant, le mystère, Léonard Cohen en accentue l’érotisme et le désespoir, dans un mélange – aussi subtil et magique que celui des philtres d’amour de la légende - dont il a le secret. La fuite du temps entraînant celle des amants ou des courtisans, la vieillesse, la désertion des cœurs, l'étiolement de la passion, l'oubli... font partie des ingrédients.

La mélodie de Léonard Cohen conserve aussi une forme de solennité, mais sa voix prend des accents déchirants et troublants qui font de cette chanson le complément indissociable de la ballade traditionnelle.

Quittant “Manches-Vertes”

Hélas, amour, me fîtes tort

En m’écartant avec violence

Car je vous aimais si fort

Faisant mes délices de votre présence

Si vous voulez me montrer du mépris

Voyez, mon désir n’est que plus excité

Car je demeure, même ainsi

Votre amant en captivité

Manches-Vertes, vous êtes seule ici

Les feuilles sont mortes, les hommes partis

Manches-Vertes, car tous désertent

Même la gente Dame Manches-Vertes

J’ai chanté, j’ai bonimenté

Pour vos cuisses de toute beauté

Et n’est-ce pas fou, n’est-ce pas bien

Que nos ébats s’achèvent enfin ?

Puis, je vous vis nue quand l’aube s’enflamme

J’espérais que ce soit une nouvelle femme

J’appelais mais vous étiez partie

Lors, ma Dame, je pars aussi

Manches-Vertes, vous êtes seule ici…

Manches-Vertes, vous êtes seule ici

Les feuilles sont mortes, les hommes partis

Manches-Vertes, c’est si facile ainsi

De quitter la Dame Manches-Vertes

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)