Cette chanson, sur l’album « Dear Heather », est typiquement Cohénienne, offrant à chaque auditeur la liberté d’y trouver ce qu’il cherche, et à chaque audition d’y découvrir un nouveau sens. Les interprétations les plus diverses ne s’excluent pas mutuellement, car le sens de cette chanson peut changer avec la perspective. Il peut s’agir du message adressé par l’amant à l’élue de son cœur, vers qui vont toutes ses pensées, à qui sont dédiés toutes ses actions, à qui sa vie est consacrée.
Mais il peut tout aussi bien s’agir de paroles adressées à son Dieu par celui qui, se tournant vers le passé pour contempler ce que fut sa vie jusque là discerne le dessein de son créateur. Quelques indices plaident en ce sens, que ce soit l’évocation de la création, la notion d’une mission, la confiance malgré la crainte de la mort, l’allusion à la cène ou aux différentes religions supposées servir le même Dieu…
Certains y voient (aussi) une déclaration adressée par l’artiste à son public(comme « Ma plus belle histoire d’amour », de Barbara, ou « C’est ma vie » de Salvatore Adamo).
Pourquoi pas ? A cet égard, Léonard Cohen est certainement « polyphrène » !
Là Pour Toi
Quand c’est arrivé
La douleur perça
Je vois bien, là
J’étais la pour toi
Ne me d’mande pas
Pourquoi j’y crois
Je vois bien, là
J’étais là pour toi
Je fais mes plans
Comme chaque fois
Mais en fin de compte
J’étais là pour toi
J’arpente les rues
Tout comme autrefois
La peur me glace, mais
Je suis là pour toi
Et dans ma vie
Que je revois
Ce n’était pas moi
C’était toujours toi
Tu m’envoyas
Ici et là
Cassant c’que
J’ne répare pas
Faisant objets
De pensées
Faisant plus
De n’pas penser
Mangeant et
Buvant du vin
Un corps que
Je croyais mien
Mis en arabe
Mis en juif
Oh, masque de fer
J’étais là pour toi
Humeurs de gloire
(Ou) Massacrantes
Le monde est sous
Une serviette sanglante
La mort est vieille
Et neuve à la fois
La peur me glace
Je suis là pour toi
J’ai toujours su
C’est clair pour moi
C’ n’était pas moi
J’étais là pour toi
J’étais là pour toi
Amour chéri
Tout par ta loi
Fut accompli
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)