True Love Leaves No Traces
The children come, the children go
Comme tout poète et comme tout amant, Léonard Cohen sait chanter une ballade à l’élue de son cœur. Il sait aussi lui offrir un bouquet de fleurs, mais l’assortiment est alors original et surprenant.
Comme le crime parfait ne laisse aucun indice, le véritable amour ne laisse ni trace ni cicatrice. Comme la brume qui s’élève au matin sur le pré disparaît quand le soleil est levé, l’amour ne marque pas son empreinte sur l’autre. Comme la feuille morte qui hésite un instant, l’amour est si léger qu’il ne fait qu’effleurer. Et comme les étoiles qui brillent dans la nuit s’effacent discrètement à la lumière du jour, l’amour est invisible autant qu’il est présent. Les flèches perdues ne heurtent aucune cible. Les chaînes et les boulets ne retiennent qu’un temps quand fond la neige dont ils ont été faits.
Quel est donc cet amour, impalpable et subtil ?
A quoi bon un amour sans effet ni audace ?
L’amour disparaît-il chaque fois qu’on s’embrasse ?
Est-ce un amour sans vie ? Est-ce un amour sans force ?
S’il ne fait aucun mal, peut-il faire quelque bien ?
S’il laisse le corps intact, peut-il atteindre l’âme ?
Est-il vrai qu’il traverse et le temps et l’espace ?
N’est-ce pas que le rêve d’un amour innocent ?
Un vœu, un souvenir, ou un espoir ardent ?
Ou le remords puissant et le regret tenace ?
Et ne comptez pas sur Léonard pour apporter sa réponse : à chacun la sienne !
L’Amour Passe Sans Trace
La brume ne laisse pas
De trace sur le bois
Et mon corps ne laissera
Jamais trace sur toi
Par les baies, dans le noir
Les enfants vont, viennent en manège
Tels des flèches sans trajectoire
Des boulets faits de neige
L’amour passe sans trace
Si nous ne faisons qu’un
Dans nos étreintes, il s’efface
L’étoile au jour s’éteint
Une feuille morte peut rester
Un instant dans les cieux
Comme ta tête sur mon côté
Comme ma main dans tes cheveux
Les nuits peuvent se passer
Sans lune ni astre aucun
Nous saurons supporter
Qu’un de nous parte au loin
L’amour passe sans trace
Si nous ne faisons qu’un
Dans nos étreintes, il s’efface
L’étoile au jour s’éteint
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)