The Guests
Bien que dominée par une forme d’onirisme mystique et eschatologique, cette chanson, est, selon Léonard Cohen lui-même, inspirée des écrits d’un poète persan du 13ème siècle. Elle exprime le sentiment, enfoui au fond de notre âme, d’une attente, d’une aspiration dont nous ne pouvons discerner l’objet. Parfois – rarement – une porte s’entrouvre un instant et notre esprit croit apercevoir, dans un flot de lumière, l'objet même de cette attente. Dans les œuvres de ce poète, il est symbolisé par un grand banquet qui réunirait les âmes à la table de leur maître (ou leur créateur ?). Les mots qu’emploie iciLéonard Cohen permettent aux mystiques d’y voir le « jugement dernier » par lequel les « élus » pourront aller s’asseoir à la droite du maître, en écho d’une évocation de la Cène. Les autres pourront en rester à une interprétation plus littérale, retenant ce besoin d’amour fusionnel que proclame et martèle Léonard Cohen (Oh Love, I need you…). Tous, cependant, reconnaîtront la fulgurance de ce sentiment étrange et transcendant qui, de temps à autre, transperce notre cœur.Les Hôtes
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait où la nuit s’écoule
Et nul ne sait pourquoi le vin coule
Amour, je te veux
Je te veux
Je te veux
Je te veux
Oh, je te veux, là
Et ceux qui dansent entre en danse
Ceux qui pleurent implorent
« Entrez, mes hôtes », une voix lance,
« Ne restez pas dehors »
Et nul ne sait…
Et tous vont, chancelants, partout
En secret confinés
Disant « Révèle-toi », ou
« Pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Et nul ne sait…
Puis les torches resplendissent
S’ouvre la porte du fond
Un à un, ils la franchissent
En toutes formes de passion
Et nul ne sait…
Et tandis qu’ils prennent leur festin
Les murs fondent soudain
Les hôtes sont jetés, un par un
Au dehors du jardin
Et nul ne sait…
Ceux qui dansent entrent en danse
Ceux qui pleurent implorent
Ceux qui sont perdus d’avance
Se perdent et perdent encore
Et nul ne sait…
Un à un, les hôtes s’avancent
Les hôtes font leur entrée
De nombreux cœurs en confiance
Quelques cœurs sinistrés
Et nul ne sait…
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)