To A Teacher

Sur un fond musical discret mais répétitif et presque obsédant, Léonard Cohen s’adresse au poète canadien dont il a suivi les traces à l’Université McGill de Montréal, et qu’il considère comme son maître : Abraham Moses Klein, reconnu comme l’un des plus grands poètes canadiens. Comme lui, Léonard Cohen a largement puisé son inspiration dans la culture et la religion juives, mais l’œuvre d’A.M. Klein lui a sans doute plus servi de base que de modèle. Dans « To a Teacher », Léonard Cohenévoque la maladie mentale qui affecta A.M. Klein pendant la dernière décennie de sa vie et l’enferma peu à peu dans le silence et la solitude.Le silence est-il le dernier message du prophète ? La solitude est-elle le dernier refuge du poète ? Le monde est-il si vain et si dur que l’on ait d’autre choix que s’en retirer ? Léonard Cohen partage la souffrance de son mentor et lance avec lui un appel pathétique… et muet.

ALN

A Un Maître

Contraint à jamais au silence

La douleur prenant fin sans qu’une chanson le prouve

Qui était avec vous, si près d’Eden

Quand, aux yeux de tous, vous brandissiez le rasoir

Faisant trembler fils et béliers ?

Maintenant, l’asile silencieux

Où les ombres vivent dans les charpentes comme des chauves-souris

Puis, changement d’esprit, un signal radar

Les pousse

A grossier, comme une montagne, sur le blanc mur de pierre

Votre boiterie

Comment vous laisser dans cette maison ?

N’y-a-t-il plus ni saints ni sorciers

Dont faire l’éloge aux disciples ?

Plus de diable à assommer d’un coup de langue rouge et moite ?

Avez-vous cru voir le Messie dans la glace

Et dormez-vous car il est enfin là ?

J’appelle au secours avec vous, Maître

Je suis entré sous ce sombre toit sans plus de peur

Qu’un fils honoré dans la maison de son père.

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)