A Bunch Of Lonesome Heroes

A bunch of lonesome and very quarrelsome heroes

Were smoking out along the open road

The night was very dark and thick between them

Each man beneath his ordinary load

"I'd like to tell my story,"

Said one of them so young and bold

"I'd like to tell my story,

Before I turn into gold."

But no one really could hear him

The night so dark and thick and green

Well I guess that these heroes must always live there

Where you and I have only been

Put out your cigarette, my love

You've been alone too long

And some of us are very hungry now

To hear what it is you've done that was so wrong.

[…]

Au moment de la parution d’un nouvel album deLéonard Cohen, pourquoi ne pas se pencher sur les chansons qu’il a publiées il y a quatre décennies, et vérifier, avec intérêt et émotion, ce que chantait de façon si poignante Paul Simon :

« After years upon years, we are more or less the same ».

La voix de Léonard Cohen n’a pas changé ; ce n’est que son registre qui est descendu jusqu’aux caves de la « tour de chanson » où elle résonne sous les voûtes quand il explore les abîmes de l’âme. Les accents sont les mêmes, et les mots gardent la même force et le même éclat, comme ces pierres noires dont chaque facette renvoie une couleur différente, une lumière étrange qui change les choses et nous les fait redécouvrir.

C’est en héros (en jouant sur la consonance héros / héroïne) qu’il décrit ici les victimes de l’addiction , et souffre pour eux de la solitude qui les a conduits, puis enfermés, dans la dépendance. Il veut entendre ce qu’ils ont à dire, et comprendre leur histoire, suggérant qu’elle ne peut se résumer à la notion de faute ou de destin. Dans la nuit qui les enveloppe, certains ne font heureusement que passer, mais d’autres sont enfouis à jamais, avec leur histoire, comme un précieux minéral que nul ne vient chercher.

Une bande de héros solitaires

Toute une bande de héros solitaires et hargneux

Le long de la grand-route, s’enfumaient

La nuit était très noire et dense autour d’eux

Chaque homme chargé comme à l’accoutumée

“Je voudrais dire mon histoire”

Dit l’un d’entre eux, jeune matamore

“Je voudrais dire mon histoire,

Avant d’ me changer en or”

Mais nul n’entendait bien sa voix

La nuit si noire, dense, et chargée

Je suppose que ces héros vivent toujours là-bas

Où vous et moi n’avons qu’été

Jette cette cigarette, amour

Tu es trop resté(e) seul(e)

Et certains d’entre nous se pressent pour

Entendre ce que tu as fait de si mal

Je chante ça pour les grillons,

Je chante cela pour l’armée

Je chante ça pour vos enfants

Et ceux qui de moi se pass(e)’raient

“Je voudrais dire mon histoire”

Dit l’un d’entre eux, jeune matamore

“Je voudrais dire mon histoire,

Car, vous savez, je me sens changer en or”.

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)