On That Day

Léonard Cohen, d’une voix grave et sombre, y évoque ce jour de septembre 2001 – il y a onze ans - où le monde, horrifié et fasciné, vit s’effondrer le symbole d’une certaine Amérique.

Ce jour là, des milliers de personnes furent sacrifiées au nom d’un Dieu que les terroristes prétendaient ainsi honorer.

Mais quel est ce Dieu qui réclame des sacrifices humains ?

Et quels sont ces hommes d’un tel orgueil qu’ils se croient le bras armé de leur Dieu ?

Si ce Dieu est grand et tout puissant, ne faut-il pas s’en remettre à son jugement et sa justice ?

S’il y a un Dieu, un seul,

Pourquoi ses fidèles s’entretuent-ils ?

S’il est bon, juste et miséricordieux

Pourquoi la foi suscite-t-elle la haine ?

S’il a « créé les hommes à son image »,

Pourquoi le défigurent-ils ?

Ou n’est-ce pas là, comme le dirait Brassens, la « preuve, peut-être bien, de (son) inexistence » ?

Léonard Cohen ne pose pas ici ces questions. Il souligne simplement, dans de telles circonstances, que chacun doit, à sa place, à sa mesure, « faire son devoir ».

Le problème est que chacun a une notion particulière de son « devoir ». Le terrible attentat du 11 septembre a « blessé New York », l’Amérique, et le monde. Il a provoqué les réactions que tout acte terroriste cherche à provoquer : l’horreur, et sa fille : la haine. Comment, en effet, rallier les foules à la cause d’une minorité : frapper les esprits si fortement qu’ils en perdent le discernement, et considèrent comme ennemis tous ceux qui ont avec les terroriste quelque point commun : la couleur de la peau, la tenue vestimentaire, la religion, la langue ou les coutumes…

Dès lors la haine répond à la haine.

Et les haïs haïssent.

Et la mort triomphe.

Et leur Dieu est la première victime.

Pour ma part, je ne veux garder qu’une image de ce terrible événement : tout en haut de l’immeuble en flammes, poussées par l’incendie qui faisait rage, deux personnes sautant dans le vide en se tenant par la main.

Seul l’amour qui les accompagnait dans leur chute a survécu.

Ce Jour Là

Certains disent même

Que nos maux répondent

A tous nos blasphèmes

Nos crimes dans le monde

J’en ignore tout

Je tiens juste le fort

Du jour où

Ils blessèrent New York

Ils disent « Ça fait

Des siècles qu’on abhorre

Vos femmes dévoilées

Vos esclaves, votre or »

J’en ignore tout

Je tiens juste le fort

Mais dis, entre nous

J’ n’en f(e)rai pas une affaire

As-tu craqué ou

Fis-tu ton devoir

Ce jour où

Ce jour où

Ils blessèrent New York

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)