Show Me The Place

Cette chanson paraît comme une prière que murmure la voix toujours plus grave de Léonard Cohen, sur une mélodie simple, un peu solennelle, mais si typiquement « Cohen » qu’on s’en trouve immédiatement captivé… et troublé.

Captivé par une forme de sérénité, de soumission confiante, d’acceptation des faiblesses et des limites de notre humanité.

Troublé par cette résignation et cette humilité, mais aussi par le choix des mots, car un esclave n’est pas qu’un serviteur, et un serviteur ne porte pas de chaînes.

L’amour existe-t-il s’il est imposé ?

Que vaut l’obéissance sans la liberté ?

Que vaut le respect sans l’indépendance ?

Troublé aussi par l’évocation répétée et explicite de la passion et de la mort du Christ, et donc de la rédemption (mais ce n’est pas la première fois que Léonard Cohen « emprunte » des thèmes de la religion chrétienne sans les opposer aux fondements du judaïsme).

Troublé enfin par l’impression étrange qui se dégage de cette chanson : celle s’un homme qui entrevoit l’aboutissement de sa vie, et se tient prêt à affronter la souffrance, en espérant qu’elle ait un sens.

Montre-Moi Où

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave

Montre moi où j’ai oublié que j’ignore

Montre moi où car ma tête est courbée fort

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave

Montre moi où; à rouler la pierre, aide moi

Montre-moi où; seul, je n’y parviendrais pas

Montre-moi où le Verbe s’est fait chair

Montre-moi où a commencé le calvaire

Vinrent les troubles; ce que j’ai pu, j’ai sauvé

Rayon de lumière, particule, onde, mais

A cause des chaînes, de bien faire je m’empressais

A cause des chaînes, en esclave, je t’ai aimé

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave

Montre moi où j’ai oublié que j’ignore

Montre moi où car ma tête se courbe fort

Montre-moi où tu veux qu’aille ton esclave

Vinrent les troubles; ce que j’ai pu, j’ai sauvé

Rayon de lumière, particule, onde, mais

A cause des chaînes, de bien faire je m’empressais

A cause des chaînes, en esclave, je t’ai aimé

Montre-moi où

Montre-moi où

Montre-moi où

Montre moi où; à rouler la pierre, aide moi

Montre-moi où; seul, je n’y parviendrais pas

Montre-moi où le Verbe s’est fait chair

Montre-moi où a commencé le calvaire

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)