It's Torn

Quoique…Il avait déjà une voix d’outre-tombe, bien avant la fin de son passage.

Ses dernières chansons étaient bien sombres, tout comme son humour noir.

You want it darker’, demandait-il ?

Eh bien voilà que, d’outre-tombe sa voix nous revient sur un album aux allures de faire-part de décès : noir, tout noir ! ‘It’s torn’ n’est peut-être pas le plus noir des titres figurant sur cet album, mais il n’est pas non plus d’une folle gaité. On imagine d’abord une femme rentrant de la plage (à Hydra, par exemple ?), ôtant ses sandales, secouant ses cheveux, frottant le sel sur ses épaules… Mais on découvre ensuite autour d’elle un monde (son monde ?) déchiré, ravagé, et l’on partage sa souffrance. Vient alors l’apocalypse, une dé-création, une dé-genèse, où l’univers cesse son expansion pour se rétracter vers l’infiniment petit. Le temps, quant à lui, ne revient pas en arrière : l’histoire est écrite, et le destin scellé. Dans ce chaos, ne subsiste que ce que l’amour a semé, avec pour seul éclairage non pas la brillance des ors sacrés mais la lumière que laissent entrer les failles d’un monde qui s’effondre.

C’est ruiné

Je t’vois dans des fenêtres

Ouvertes si grand

Qu’il n’y a rien au-delà

Et personne dedans

Tu ôtes tes sandales,

Secoues tes cheveux

Le sel sur tes épaules

Étincelle un peu

Tu’as du sable aux chevilles

Aux pieds du limon

La rivière est trop basse

L’océan trop profond

Tu souris à ta souffrance

Le plus doux des sursis

Pourquoi nous quittas-tu ?

Pourquoi es-tu partie

Tu ôtes tes sandales

Et secoue tes cheveux

C’est ruiné où tu danses

C’est ruiné partout

C’est ruiné à droite

Et c’est ruiné à gauche

C’est ruiné au centre

Ce que peu admettent

Ruiné où il y a beauté

Ruiné où il y a mort

Ruiné où il y a pitié

Mais un peu moins fort

C’est ruiné au plus haut

De règne à couronne

Les messages volent

Mais l’réseau est en panne

Meurtrie à l’épaule

Coupée au poignet

La mer se retire

En embruns dans son dé

Les opposés faiblissent

Les spirales s’inversent

Eve retourne au sommeil

D’avant sa naissance

Dans le système entier

Les mondes sont soustraits

Des régions que jadis

Domina l’esprit

Maint’nant que tu lui’as dit

Maint’nant que c’est fait

Le nom n’a pas de nombre

Pas mêm’ le premier

Viens, récupère et glane

Les morceaux égarés

La lumière du profane

Le mensonge du sacré

L’histoire est par écrit

La lettre cachetée

Tu m’as donné un lis

Maintenant, c’est un pré

Tu ôtes tes sandales

Et secoue tes cheveux

C’est ruiné où tu danses

C’est ruiné partout

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)