The Hills

Léonard Cohen a voulu cet album « Thanks for the dance », publié trois ans après sa mort. C’est donc là son dernier message, et il n’est pas vraiment joyeux ! Le fond noir uniforme de la pochette illustre la noirceur absolue des propos, mais fait paradoxalement ressortir la brillance du titre en lettres d’or sur la couverture, et des petits dessins et symboles en page intérieure. Il en est de même du texte de « The Hills » où il se décrit, avec une impressionnante lucidité, face à la mort prochaine, mais évoque, aussi avec pudeur, le devenir de son œuvre indissociable de son être, inachevée et éternelle à la fois. Il nous laisse encore, au passage, une de ces étincelles de l’esprit qui le caractérise, en logeant la liberté dans les failles de la volonté (“My will cut in half And freedom between”). A méditer en écoutant sa voix désormais universalisée.ALC

Les Côtes

En côte, je suis nul

L’moteur est trop vieux

Je vis de pilules

Et remercie Dieu

Ma carcasse aboie

Mon ange est inquiet

Mais je n’ai pas droit

Au moindre regret

Quelqu’un prendra bien

Ce que j’n’ai pu être

Mon cœur sera sien

Sans me reconnaître

Elle suivra l’allée

Verra mon idée

Ma d’mi-volonté

Coupée d’liberté

Nos vies en un instant

Se percuteront

L’infini en suspend

Les portes s’ouvriront

Et elle sera née

De quelqu’un comme toi

Ce que j’n’ai pas fait

Sûr, elle le fera

Je sais qu’elle arrive

Et je sais qu’elle verra

C’est cela l’envie

Et le piège est là

En côte, je suis nul

L’moteur est trop vieux

Je vis de pilules

Et remercie Dieu

Ma page trop pâle

Mon encre trop fluide

Le jour, n’écrivait pas

Mais noircissait la nuit

Mais je sais qu’elle arrive

Et je sais qu’elle verra

Et cela l’envie

Et le piège est là

Je sais qu’elle arrive

Et je sais qu’elle verra

Et cela l’envie

Et le piège est là

En côte, je suis nul

L’moteur est trop vieux

Je vis de pilules

Et remercie Dieu

J’ai vogué comme un cygne

J’ai coulé comme un roc

Mais le temps s’éloigne

De mes rires en stock

En côte, je suis nul

L’moteur est trop vieux

Je vis de pilules

Et remercie Dieu

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)