Come Healing
The fragrance of those promises
Tout à fait représentative de l’atmosphère générale de “Old Ideas” (le dernier album de Léonard Cohen), “Come Healing” apparaît comme une invocation ou une prière, avec de nombreuses références bibliques ou évangéliques (Marie-Madeleine et le flacon de parfum brisé, le calvaire et la croix, le jugement dernier, l’apocalypse…). Comme d’autres chansons de cet album, on y trouve la synthèse des idées et des thèmes favoris de Léonard Cohen, le goût du paradoxe (les ténèbres qui déchirent la lumière, le matériel qui instruit le spirituel, les cieux qui bafouillent et la terre qui proclame…), l’évocation de notre humanité pleine de contradictions, pas vraiment bonne ni totalement mauvaise, et la valeur de la pénitence et du pardon…
On y trouve aussi, exprimée de façon plus incisive et plus limpide que jamais, une idée centrale de la pensée de Léonard Cohen, qui résume du reste certains aspects du Bouddhisme : L’amour, lorsqu’il est subordonné au désir, est comme emprisonné, et conduit à l’isolement (« Solitude of longing where love have been confined ») .
A partir de cette constatation, deux voies sont possibles :
- Eteindre le désir pour éviter la souffrance
- Transcender le désir pour permettre à l’amour de s’épanouir pleinement, en surmontant la souffrance.
Léonard Cohen ne prend pas ouvertement parti, et chacun reste libre d’interpréter ses mots et d’aller au delà.
Considérant que le désir est, biologiquement, indissociable de la vie, et que l’extinction du désir conduirait inexorablement à l'anéantissement de la vie, je préfère m’aventurer dans l’amère introspection du cœur (« bitter searching of the heart »), et accepter de souffrir et tenter de ne pas faire souffrir, en aspirant au bonheur sans le limiter au désir : tout un programme !
Que Guérisse…
Ramasse les débris et faiblesses
Apporte-les moi
Et le parfum de ces promesses
Que jamais tu n’osas
La croix dont tu es descendu
Les épines que t(u)’arbores
Que guérisse l’esprit
Que guérisse le corps
Et puissent les cieux entendre
Le remords que tu clames
Que guérissent les membres
Et que guérisse l’âme
Vois la porte du pardon
Sur l’aire du jugement
Et nous qui ne méritons
Ni grâce, ni châtiment
Solitude du désir
Qui confine l’amour
Que guérisse l’esprit
Que guérisse le corps
Vois les ténèbres qui ont
Déchiré la lueur
Que guérisse la raison
Que guérisse le cœur
Oh, trouble dissimulant
Un amour indivis
D’en bas, le coeur instruisant
En haut, le cœur meurtri
Et quand bafouille le ciel
Avec la terre, clamons
Que guérisse l’autel
Que guérisse le nom
Désir du branchage vert
De porter l’oiseau blanc
Oh, Désir des artères
De purifier le sang
Et puissent les cieux entendre
Le remords que tu clames
Que guérisse les membres
Et que guérisse l’âme
Et puissent les cieux entendre
Le remords que tu clames
Que guérisse les membres
Et que guérisse l’âme
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)