The Night of Santiago
Une simple aventure, que l’on dirait aujourd’hui consensuelle, engagée sur de « pieux mensonges » dont nul n’est dupe, juste pour échapper un instant à la solitude à deux, céder à l’appel de la chair, sans lendemain, sans illusion. C’est ce que confesse Leonard Cohen dans ce récit, inspiré de « La Casada Infiel » de Frederico Garcia Lorca, qui figure sur son album posthume « Thanks for the danse », comme pour illustrer ce qui a jalonné sa vie et laissé, ici et là, des souvenirs en demi-teinte : L’idée d’un possible, le sentiment confus d’une faute inéluctable, la nécessaire indulgence réciproque, l’enivrante nostalgie du trouble… Mais qui êtes-vous pour juger, conclut Leonard. Si les circonstances vous ont épargnés, en pouvez-vous tirer fierté ?Et l’on pense à la Pénélope de Georges Brassens
La Nuit de Santiago
Elle se disait demoiselle
Ce n’est pas c’qu’on m’avait dit
Sur un mode confidentiel
J’l’ai prise au mot, pardi
Derrière nous, tout s’est éteint
Les lucioles comme les bougies
Le trottoir brisé a pris fin
J’ai touché ses seins assoupis
Ils ont aussitôt fleuri
Comme des lis funéraires
Sous une fine broderie
Ses tétons comm’ pain levèrent
J’ai enlevé ma cravate
Elle ôta sa robe d’un geste
J’ai déposé mon arme en hâte
Nous déchirâmes le reste
La nuit de Santiago
Et j’étais de passage
Alors j’l’ai menée en bateau
Des hommes, c’est l’usage
Comme un banc de poissons surpris
Ses cuisses m’échappaient des mains
Bien qu’j’oublie la moitié d’ma vie
Encore, je m’en souviens
Comme un homme, je n’répéterai pas
Ce qu’elle m’a dit tout haut
Hormis cela, mes lèvres ne s’ouvriront pas
Et pour l’heure
Bientôt les baisers sont de sable
Et Bientôt l’aube est probable
Et Bientôt la nuit vacille
Face à une machette-jonquille
Je lui’ai donné du bon temps
Et j’ai attendu qu’elle rie
Je ne suis pas né gitan
Pour rendre une femme triste
La nuit de Santiago
Et j’étais de passage
Je l’ai menée en bateau
Des hommes, c’est l’usage
La nuit de Santiago
Et j’étais de passage
Je l’ai menée en bateau
Des hommes, c’est l’usage
J’n’étais pas amoureux, je gage
Ça n’se commande pas
Mais j’étais de passage
Et elle f’sait les cent pas
Quand je l’ai menée en bateau
Dans son appareil virginal
Quand je l’ai menée en bateau
Cette nuit de Santiago
Et, oui, bien sûr elle me mentait
Sur ses enfants, son mari
Vous pensez pouvoir juger
Moi pas, désolé, tant pis
La nuit de Santiago
Et j’étais de passage
Je l’ai menée en bateau
Des hommes, c’est l’usage
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)