Happens to the Heart

I was always working steady

But I never called it art

I was funding my depression

Meeting Jesus reading Marx

Sure it failed my little fire

But it's bright the dying spark

Go tell the young messiah

What happens to the heart

There’s a mist of summer kisses

Where I tried to double-park

The rivalry was vicious

And the women were in charge

It was nothing, it was business

But it left an ugly mark

So I’ve come here to revisit

What happens to the heart

I was selling holy trinkets

I was dressing kind of sharp

Had a pussy in the kitchen

And a panther in the yard

In the prison of the gifted

I was friendly with the guard

So I never had to witness

What happens to the heart

I should have seen it coming

You could say I wrote the chart

Just to look at her was trouble

It was trouble from the start

Sure we played a stunning couple

But I never liked the part

It ain’t pretty, it ain’t subtle

What happens to the heart

Now the angel’s got a fiddle

And the devil’s got a harp

Every soul is like a minnow

Every mind is like a shark

I've opened every window

But the house, the house is dark

Just say Uncle, then it's simple

What happens to the heart

I was always working steady

But I never called it art

The slaves were there already

The singers chained and charred

Now the arc of justice bending

And the injured soon to march

I lost my job defending

What happens to the heart

I studied with this beggar

He was filthy he was scarred

By the claws of many women

He had failed to disregard

No fable here no lesson

No singing meadow lark

Just a filthy beggar blessing

What happens to the heart

I was always working steady

But I never called it art

I could lift, but nothing heavy

Almost lost my union card

I was handy with a rifle

My father's 303

We fought for something final

Not the right to disagree

Sure it failed my little fire

But it's bright the dying spark

Go tell the young messiah

What happens to the heart

La voix de Leonard Cohen n’a pas fini de résonner. Après ses mémoires (‘Can’t forget’) et ses adieux (‘You want it darker’), il nous offre aujourd’hui des confessions d’outre-tombe à l’annonce de la prochaine sortie de son album posthume (‘Thanks for the dance’). Dans ce nouveau texte, dit sur un fond musical très discret, et présenté le long d’un ‘clip-vidéo’ étrange et fascinant, Leonard résume sa vie par les déboires et souffrances du cœur. Comme à son habitude, il prend parfois ses distances à l’égard de lui-même et se décrit, presque comme un étranger, simple sujet d’observation. Sans chercher à s’exonérer ni a se disculper, il évoque sa (ou ses) faiblesse(s), ses espoirs, son idéal, mais aussi les vicissitudes auxquelles il n’a pu échapper : ce n’est pas le destin, ce n’est pas une fatalité, mais les hommes sont ainsi faits qu’ils ne peuvent échapper à leur nature… et ses conséquences. Ils peuvent néanmoins rêver, et ne s’en privent pas, mais sont rarement les héros qu’ils voudraient être car la vie n’est pas une pièce de théâtre que l’on répète. Chaque échec, chaque faute laisse ses traces et c’est un cœur meurtri (« qui a su faire souffrir autant qu’il a souffert ») qui parvient au bout du chemin. Pas de leçon, pas de morale, nous dit-il, juste le sentiment d’avoir souffert, donc vécu… et d’avoir fait briller une petite étincelle…

A Hélène

Advient au Cœur

Je travaillais correctement

Sans prétendre faire de l’art

Je finançais ma dépression

Suivant Jésus, lisant Marx

C’est vrai, ma flamme a fait long feu

Mais elle brille, la p’tite lueur

Va dire au jeune messie

Ce qu’il advient au cœur

Je me suis mis en double file

Dans la brume des baisers d’été

La concurrence était rude

Et les femmes décidaient

Ce n’était rien, que du commerce

Mais ça souillait de laideur

Alors, je suis venu revoir

Ce qu’il advient au cœur

Je vendais des babioles sacrées

Je m’habillais plutôt bien

Avais une chatte à la cuisine

Et une panthère au jardin

Dans la prison des mieux dotés

J’étais le pote du gardien

Je n’ai donc pas eu à voir

Ce qu’il advient au cœur

J’aurais dû le voir venir

Comme si je l’avais écrit

Il suffisait d’ la regarder

Et les ennuis commençaient

Nous jouions le couple très bien

Mais j’avais c’ rôle en horreur

C’est pas bien beau, c’est pas très fin

Ce qu’il advient au cœur

Maint’nant, le violon est à l’ange

Et l’harmonica au Malin

Chaque âme est comme un alevin

Et chaque esprit comme un requin

J’ai ouvert toutes les fenêtres

Mais la maison reste obscure

Dis juste « Pouce » et c’est tout simple

Ce qu’il advient au cœur

Je travaillais correctement

Sans prétendre faire de l’art

Les esclaves déjà présents

Les chanteurs enchaînés, brûlés

La justice a bandé son arc

Les blessés march’ront tout à l’heure

J’ai perdu la défense de

Ce qu’il advient au cœur

J’ai étudié avec ce gueux

Aussi crasseux qu’estropié

Par les griffes de tant de femmes

Qu’il n’avait pas su dédaigner

Ni fable, ni morale ici

Ni chant d’alouette, d’ailleurs

Juste un pauvre gueux qui bénit

Ce qu’il advient au cœur

Je travaillais correctement

Sans prétendre faire de l’art

Je n’ pouvais rien porter d’ pesant

Presque perdu ma licence

Avec le fusil de mon père

J’étais assez fort

On s’battait pour un but suprême

Pas le droit d’être en désaccord

C’est vrai, ma flamme a fait long feu

Mais elle brille, la p’tite lueur

Va dire au jeune messie

Ce qu’il advient au cœur

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)