Villanelle For Our Time

Ce poème engagé de Frank Scott (1943), mis en musique mais plutôt récité que chanté par Léonard Cohen, respecte la définition de la « Villanelle », forme poétique très précise dont j’ignorais tout avant de me lancer dans sa traduction, laquelle fut, du fait des contraintes particulières de rime, particulièrement… difficile. Tout en essayant de préserver le sens, j’ai dû choisir des mots et des tournures de phrase un peu éloignés de l’original, notamment pour signifier la volonté d’engagement social (« to play a better part »). Sur le fond, ce poème est particulièrement pertinent, insistant sur la nécessité d’une véritable - et souvent amère - exploration dans les profondeurs du cœur humain pour fonder une action sincère et appropriée face aux maux de la société. Villanelle pour notre Temps

Par l’âpre introspection du cœur

Pressé par douleur et passion

Du bonheur soyons les auteurs

Voici le cœur de nos valeurs :

Le bien commun pour ambition

Par l’âpre introspection du cœur

Nous voulions tout vite, sans labeur

Allons : pensons et agissons

Du bonheur soyons les auteurs

Libérons-nous des liens mineurs

Qu’il n’y ait ni race ni religion

Par l’âpre introspection du cœur

Quittons la voie des prédateurs

Dont le profit est l’obsession

Du bonheur soyons les auteurs

Réformons arts et lois menteurs

Aux symboles des morts par millions

Par l’âpre introspection du cœur

Du bonheur soyons les auteurs

(Traduction - Adaptation : Polyphrène)