Though the heart be still as loving,
And the moon be still as bright.
For the sword outwears its sheath,
And the soul outwears the breast,
And the heart must pause to breathe,
Though the night was made for loving,
De même qu’il avait dédié “Nightingale” à Carl Anderson, Léonard Cohen a dédié “Go No More A-Roving” au grand poète canadien Irving Layton. Cette chanson dont les paroles sont celles d’un poème de Lord Byron, et dont la mélodie a été composée entièrement par Léonard Cohen, est apparue sur l’Album« Dear Heather » en 2004, deux ans avant le décès d’Irving Layton. Léonard Cohen considère en effet Irving Layton comme son ami, son mentor, et son guide.
Lord Byron avait écrit ce poème à l’âge de 29 ans, et il exprimait alors sa lassitude après des années d’une vie d’aventures amoureuses multiples et diverses. Ce poème, comme tant d’autres, fait l’objet de lectures très diverses, dont certaines restent proches du « premier degré », et s’en tiennent à l’expression d’un épuisement physique et d’une perte progressive d’intérêt pour les plaisirs de la chair, après en avoir abusé. D’autres vont plus loin, et s’aventurent au delà d’une interprétation machiste de l’expression « the sword outwears its sheath”, bien que l’allusion phallique puisse sembler évidente en première lecture. C’est alors l’âme qui cherche à se dégager de sa pesante enveloppe mortelle, et l’esprit qui tente de s’émanciper pour atteindre l’intemporel et l’universel, c’est-à-dire le domaine de la poésie pure.
C’est sans doute à ce niveau que se situe Léonard Cohen, et que se trouve le sens de sa dédicace : la vieillesse – et la sagesse – éloignent des passions tumultueuses sans altérer ni l’éclat de la lune ni la force de l’amour.
Nous n’irons plus errer
Nous n’irons plus errer tous deux
Aussi tard dans la nuit
Pourtant le cœur reste amoureux
Et la lune, toujours, luit.
L’épée dure plus que l’étui
Et l’esprit survit aux choses
Au repos, le cœur s’emplit
L’amour doit faire des pauses
La nuit accueille les amoureux
Et, trop tôt, le jour revient
Mais nous n’errerons plus tous deux
Au clair de lune, sans fin.
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)