Humbled in Love

Do you remember all of those pledges

That we pledged in the passionate night

Ah, they're soiled now, they're torn at the edges

Like moths on a still yellow light

No penance serves to renew them

No massive transfusions of trust

Why not even revenge can undo them

So twisted these vows and so crushed

And you say you've been humbled in love

Cut down in your love

Forced to kneel in the mud next to me

Ah but why so bitterly turn from the one

Who kneels there as deeply as thee

[…]

La passion n’a qu’un temps et les pulsions s’estompent.

La sincérité exaltée des premiers jours ne résiste pas à l’usure. Les « toujours » vieillissent, et les serments s’affadissent.

Viennent les enfants et, si l’amour grandit dans le partage, chacun doit trouver sa place, jouer son rôle, et s’écarter un peu du centre du monde.

Le romantisme se dilue dans le quotidien prosaïque, et les irréparables outrages du temps pourraient rendre sordides les gestes mêmes de l’amour.

Si l’amour semble alors disparaître, c’est qu’il est simplement caché, intégré, incarné… et indestructible : c’est « le doux, le tendre, le merveilleux amour » des vieux amants. Jamais deux êtres n’ont été si proches, si formidablement unis, et il n’est pas plus grande force pour affronter la déchéance de la vieillesse et de la mort que d’être deux, tout simplement.

Cet amour là ne se juge pas. Il ne connaît ni coupable ni victime. Le désir n’est pas sa cause mais son effet. Ce n’est plus seulement un sentiment mais une vision ; ce n’est plus seulement un plaisir mais un bonheur.

Il ne pose qu’une condition, nous dit Léonard Cohen : l’humilité.

Humiliée en Amour

Te souviens-tu de toutes ces promesses

Que nous faisions cette nuit de passion

Elles sont souillées, écornées, mises en pièces

Comme des mites autour d’un lampion

Nulle pénitence pour les renouer

Nulle transfusion de confiance

Même la vengeance ne peut les dénouer

Tant elles se tordent et se froissent

Tu dis être humiliée en amour

Rationnée d’amour

Mise à genoux dans la boue près de moi

Mais pourquoi éconduire celui qui vient pour

S’agenouiller plus bas que toi

Les enfants ont pris ces promesses

Ils les ont convoyées hors du passé

Au delà des tombes, là où les haies cessent

Où l’amour devra se cacher

Là où nul signalement n’est donné

Là, en cet instant, pas plus tard

Nul pécheur ne se lève pardonné

Nulle victime ne boite à la barre

Tu dis être humiliée en amour…

Et vois, mon cœur, vois la vierge et

Vois comme elle l’accueille dans sa robe béante

Et comme la froide armure de l’étranger

S’estompe comme une étoile filante

Vision pour désir : pourquoi troquer

Tous deux à ta portée

Un homme plus nu tu n’ verras jamais

Ni ne tiendrai une femme de plus près

Tu dis être humiliée en amour…

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)