·Chez le normolecteur, il existe deux voies de lecture automatisées:
- La voie lexico-sémantique ou procédure par adressage : voie visuelle de reconnaissance globale de mots connus, processus rapide.
Cette voie fait appel à un lexique interne (système de reconnaissance visuelle des mots) progressivement construit au fil des expériences de lecture.
C’est la seule procédure qui autorise la lecture des mots irréguliers* ou des homophones, de façon rapide et tout en gardant un accès au sens.
Elle permet de repérer immédiatement les unités riches de sens (mots ou morceaux de mots). Il y a alors traitement orthographique et analogique car le lecteur se sert de sa connaissance de l’orthographe des mots et de leur prononciation, pour en traiter de nouveaux.
Il est à noter que la mise en place d’une lecture par adressage automatisée dépend en grande partie de la qualité des processus d’assemblage.
Pour écrire, les stratégies sont les mêmes qu’en lecture : elles ont pour but d’évoquer l’orthographe d’un mot mémorisé en lexique interne.
- La voie phonologique ou procédure par assemblage: voie auditivo-verbale utilisant la conversion graphème- phonème.
C’est un traitement analytique par décodage des graphèmes et codage des phonèmes. Il s’agit d’isoler et de repérer les lettres et groupes de lettres, de les convertir en sons, d’assembler les sons obtenus en syllabes puis en mots (assemblage) et, enfin, de leur donner du sens.
C’est la seule procédure permettant de lire des non-mots ou des mots nouveaux.
La lecture par assemblage exploite le voisinage des mots : par exemple, le modèle du mot « table » est utilisé pour reconnaître celui du mot « fable » moins courant.
Pour écrire, les stratégies sont les mêmes que pour lire :
- segmenter le mot évoqué ou dicté, en syllabes ou en phonèmes ;
- évoquer les graphies correspondantes, les tracer ; respecter le découpage des mots.
Il convient de distinguer l’assemblage phonologique (automatique et volontaire) mis en place par le lecteur compétent, du déchiffrage (lent et laborieux) de l’apprenti lecteur. L’épreuve de logatomes de BOUDES et BOUTARD (2009) montre que les processus évoluent significativement jusqu’à 9 ans en lecture et 11 ans en transcription. A partir de ces âges, on peut considérer que ces mécanismes sont mis en place, même s’ils continuent d’évoluer lentement jusqu’à l’âge adulte.
· Une troisième voie de lecture peut être utilisée pour la lecture et l’écriture des mots réguliers ou irréguliers : la voie lexicale directe propose une connexion directe entre le lexique phonologique d’entrée et le lexique orthographique de sortie, sans médiation sémantique.
=> Le bon lecteur utilise les voies d’adressage et d’assemblage de manière automatique et économique (traitement automatisé de l’information écrite).
=> Cette automatisation permet la vitesse de lecture, l’accès rapide au sens, le lecteur étant libéré de l’effort de décodage et de la prise en compte des irrégularités, des règles orthographiques…