Afin d’aider l’élève dyslexique ayant des difficultés d’organisation, des problèmes d’attention (trop discret ou trop agité), à acquérir peu à peu suffisamment d’autonomie pour arriver à peut-être se gérer complètement seul, il est intéressant de mettre en place un système de tutorat assuré par d’autres élèves de la classe.
Le tuteur
Un tuteur est un bâton enfoncé dans la terre, destiné à soutenir une jeune plante fixée à lui par des liens, jusqu’à ce qu’elle soit assez forte pour se passer de lui.
Le choix des tuteurs
Il se trouve chaque année dans les classes quelques élèves de bonne volonté, désirant prendre des responsabilités et qui sont en quelque sorte des "béquilles" sur lesquels les élèves dyslexiques peuvent s’appuyer pour prendre confiance en eux. Ce choix peut se faire par affinités ou par tâtonnements, pour l’année ou une période plus courte. Certains binômes peuvent ne pas fonctionner, mais l’expérience vaut la peine d’être tentée !
Le volontariat est un atout important dans la relation entre les deux élèves car ce qui ressort du volontariat c’est avant tout l’envie d’aider l’autre.
Pour cela il faut en début d’année établir un dialogue au sein de la classe entre les élèves dyslexiques et les autres afin de savoir de quel type d’aide un élève peut avoir besoin. Cela permet aux élèves dyslexiques de parler de leurs problèmes, et ainsi de sortir du ghetto dans lequel ils sont enfermés parfois depuis des années, et de s’apercevoir qu’ils ne sont pas seuls dans la classe à avoir ces problèmes.
Le rôle des tuteurs
Pour définir plus précisément le rôle de l’élève tuteur, il est primordial de répertorier avec l’enfant dyslexique ses difficultés les plus importantes, celles pour lesquelles il aimerait volontiers se faire aider. Pour certains ce sera un problème d’organisation dans leur agenda : le tuteur aidera donc à la prise des devoirs. Pour d’autres, ce sera l’impossibilité d’écouter et d’écrire en même temps : l’élève tuteur aura alors à charge de lui prêter son cours à photocopier si le professeur ne donne pas systématiquement de photocopies.
Il n’est pas nécessaire que l'élève tuteur ait des compétences supérieures à son tutoré : il est simplement un référent.
Il est important de préciser auprès des deux élèves que :
◊ Le tuteur n'est pas responsable de l’élève dyslexique et de la qualité de son travail
◊ Le tuteur ne doit pas faire à la place de son camarade
◊ Le tuteur ne doit avoir qu'une ou deux consignes précises d'aides à apporter
◊ Le tuteur et sa famille doivent accepter de donner leur numéro de téléphone afin que les tutorés (ou leurs parents) puissent à tout moment vérifier un point si besoin est.
Les modalités
La nomination des tuteurs ne doit être faite que par un seul professeur de la classe en l'occurrence le professeur principal, éventuellement avec l’aide de la CPE, ou en concertation avec les collègues qui connaissent bien les élèves.
Il faut un seul tuteur pour toutes les disciplines et si possible laisser les deux élèves s’asseoir l’un à côté de l’autre pendant les cours.
Il ne faut pas rendre obligatoire le tutorat.
Le tuteur choisi peut être changé si la relation ne fonctionne pas bien.
Le binôme a la possibilité de se retrouver deux fois par semaine dans une salle pour mettre à jour leurs cahiers , leurs classeurs , pour avoir une explication supplémentaire, etc. Ce moment convivial doit se faire hors de toute compétitivité, avec beaucoup de souplesse, sans obligation, dans un espace en dehors du lieu de classe qui (idéalement, se situer près de la photocopieuse, du CDI, d’un adulte).
Attention ! certains tuteurs s’impliquent tellement qu’ils pourraient presque culpabiliser devant l’échec du camarade.
Lorsqu’on interroge des élèves tuteurs sur leur rôle et sur ce que cela a pu leur apporter, les réponses sont assez positives.
Il faut être attentionné, patient, savoir bien expliquer, savoir comprendre l’autre.
Ils reconnaissent que cela leur apporte aussi à eux-mêmes, ils sont plus à l’aise à l’oral, ont pris confiance en eux, ont réfléchi à la façon de pouvoir aider les autres et sont satisfait d'avoir pu les aider.