Mme Guelton

 

 

In SCEREN, Ouvrage collectif coordonné par Dominique Crunelle (novembre 2008), Dyslexie ou difficultés scolaires au collège : quelles pédagogies, quelles remédiations ? , Paris, CRDP Nord-Pas de Calais

 

Avant…, j’étais, comme vous certainement: intransigeante sur l’orthographe avec une tolérance zéro aux fautes, l’absence d’un « s », ou d’un « er » me faisait bondir. Pour moi bon français rimait avec respect. Mais c’était avant, avant que mes jumeaux ne soient diagnostiqués dyslexiques. Et depuis 10 ans, tout a changé. Tous les jours, malgré tous mes efforts pour que « ça rentre », je suis confrontée à des textes truffés de fautes d’orthographe, quand ils ne sont pas écrits phonétiquement. Désormais, toutes les règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison n’auront plus la même saveur. Elles vont même me laisser un goût amer, quand les enfants rentrent avec des mauvaises notes, ou des remarques désobligeantes des copains car on ne comprend rien à ce qu’ils écrivent. A moi, de faire le deuil d’une belle écriture, au sens propre comme au sens figuré. Mais surtout, à moi de chercher des adaptations et des contournements à ces règles. A moi aussi, de devoir convaincre les enseignants de mes fils, de faire eux aussi ces adaptations, de les convaincre que ces sacro-saintes fautes ne sont pas essentielles (démarches impensables  pour moi, il y a dix ans).

            Que de chemin parcouru !  Et que de chemin à parcourir encore !

 

Pourquoi ces adaptations ? Parce que sans elles, les portes de l’apprentissage restent fermées pour ces enfants là, qui travaillent deux fois plus que les autres, sans jamais baisser les bras, même s’ils sont souvent « taxés » de paresseux, parce qu’incompris dans leurs difficultés.

Tout va alors dépendre de l’accès qu’ils auront au savoir, selon les professeurs, croisés durant leur scolarité : ceux qui vont leur ouvrir la porte toute grande, ou ceux qui vont l’entrebâiller, ou encore, ceux qui la laisseront définitivement fermée, en notant moins 30 à la dictée.

 

            Mais qui blâmer ?

La dyslexie est un handicap qui ne se voit pas. Quel professeur d’éducation physique ferait du saut en hauteur avec un élève paraplégique ? Le dyslexique rencontre les mêmes difficultés dans toutes les matières, dès qu’il doit écrire.

La dyslexie est un handicap méconnu. Parce que les recherches scientifiques sont très récentes, elles ne datent que d’une trentaine d’années (on ne parle de  dyslexie visuo attentionnelle que depuis 1996), et parce que les enseignants ne sont peut être pas assez formés, ni informés.

 

            Puissiez – vous l’être, par la lecture de cet ouvrage !

 

De mon côté, en participant à son écriture, j’ai fait un pas de plus vers l’acceptation d’avoir deux enfants, si semblables aux autres enfants, mais si différents, dès lors qu’il s’agit de s’exprimer avec un stylo, avec cet espoir : qu’ils soient enfin compris, et reconnus pour ce qu’ils sont vraiment.

           

Puissiez – vous changer votre regard !

             

                                                           « Ainsi le ciel est carré », dit l’enfant

                                                           « Non, c’est la fenêtre qui l’est », dit le sage.

 

 

 

Catherine GUELTON – VANFLETEREN,

Maman de jumeaux  dyslexiques,

Secrétaire de l’association APEDYS

(Association de Parents d’Enfants DYSlexiques).