l'A/C Basket
De gauche à droite,
1er rang : Schmitt, Michel Laplace, Valli, Payen; 2e Rang debout : Jacky Mennesson, Michel Tombeur, X.
L'A/C Warcq champion des Ardennes, lit-on dans le quotidien "L'Ardennais" du 31 mars 1949. Bessy, Valli, Mennesson, La place, Levant, Schmitt, résidant pour la plupart à Manchester, font partie de cette brillante équipe qui a été championne la saison dernière en 1 ère Division. Elle a remportée cette année le titre de Division d'honneur. Sans fracas, avec les moyens du bord, cette équipe a gravi avec sûreté les échelons qui l'ont amenés au succès. Moyenne d'âge assez faible de l'équipe première : 20 ans. Il s'agit tout simplement d'une équipe formée des anciens juniors du club. La cohésion s'est forgée au cours des matches disputés depuis trois ans.
Un ancien joueur de "l'étoile de Mézières, [affilié à la Fédération français d'Athlétisme depuis la saison 1922/23], Maurice Bessy, fut à l'origine de la section et assurait l'entraînement. Schmitt qui venait de quitter le foot, anima le petit club. Bientôt se regroupèrent, avec les deux premiers nommés, Payen, Laplace, Mennesson et Levant. Par leurs propres moyens, les joueurs s'occupèrent du terrain, des équipements, des déplacements. Leurs sacrifices et leurs efforts furent récompensés. Sur 18 matches officiels disputés, une seule défaite et quelle surprise! à Sécheval et, un match nul à Nouzonville. Poursuivant sa politique, Bessy a formé des minimes, ils passeront cadets la saison prochaine et tenteront d'imiter leurs aînés.
Avec un rien on peut tout faire
Jacky Mennesson se souvient de l'époque héroïque où il fallait tout concevoir sans financement ni sponsor.: " Nous étions une bande de copains ayant la même résolution de vouloir créer une équipe de basket et d'envisager de s'inscrire officiellement dans les différents championnats des Ardennes. Nous soumettions notre projet à l'abbé Gillet qui consentit à nous prêter un terrain, non aménagé, derrière le presbytère, rue de Warcq. À l'aide d'un camion de l'entreprise de transports Deligny (16, bd Bronnert), nous le chargions de mâchefers empruntés à l'usine à gaz de Charleville. Le chargement et le déchargement furent effectués par nos soins, après notre journée de travail. Ce n'était pas parfait, mais cela avait le mérite d'exister. Nos cotisations suffisaient à notre gestion , assurances comprises. Les déplacements étaient assurés par les véhicules personnels au temps des restrictions du carburant qui nous posaient beaucoup de problèmes. Le club prit le nom de l'A/C Warcq, alors que les joueurs étaient en majorité de Manchester. C'était sans doute à cause de la paroisse à l'époque qui desservait les deux rives, Warcq étant une commune, alors que Manchester n'était qu'un quartier de Mézières. Ce n'est qu'une hypothèse."
Les recettes sont faibles
Contrairement à l'équipe de Boulzicourt, l'équipe de Warcq n'a pas adressée de protestations concernant le peu de moyens mis à sa disposition par le Comité des Ardennes de Basket. Monsieur Troyon, secrétaire de la section de Boulzicourt, dans une lettre adressée au Président du Comité, se plaint des frais engagés par sa section qui nuit à sa pérennité. Elle a le mérite d'exprimer les mauvaises conditions communes à l'ensemble des clubs d'alors. "[...] le sport au village ne peut prospérer que lorsque les trois conditions suivantes sont réalisées : un terrain convenable, des joueurs et des dirigeants dévoués, des moyens financiers permettant aux équipes de se déplacer sans trop de frais. Or, si les deux premières conditions sont généralement remplies, il apparaît que la vie du club dépend étroitement de la troisième condition d'une part, les recettes sont bonnes et si un ou plusieurs généreux mécènes fournissent le camion nécessaire aux déplacements, tout est pour le mieux. Si, d'autre part, les recettes sont faibles et si l'usine voisine ne fourni pas gracieusement son camion alors... c'est la suite inévitable des forfaits, et la fin du club. Un exemple : un déplacement à Mouzon nécessiterait la location d'un car au prix de 8.500 francs, les joueurs peuvent-ils consentir à un tel sacrifice financier?"
"On a fait des adieux émus"
Michel Laplace
Michel Laplace, l'un des joueurs du club, reçu son ordre d'appel sous les drapeaux. L'abbé Gillet, curé de la paroisse Manchester-Warcq, se concerta avec les Bessy pour offrir un départ plus mémorable à ce jeune méritant. On décida d'effectuer un repas où tous les membres de la section seront conviés. Ils avaient l'assentiment de madame Valli (La maman de Rita, Café de la Grappe d'or), fin cordon bleu, qui proposa spontanément ses services pour réaliser un monumental plat de raviolis fait main. Madame Bessy a tenu à faire elle-même les courses et à offrir cette soirée qu'elle voulait conviviale.
Madame valli en 1949
Laissons le soin à monsieur l'abbé Gillet de rapporter l'événement à travers son journal "Les deux rives" de décembre 1948 : "[...] Un Warcquin qui partait au régiment - partir c'est mourir un peu- La division d'honneur ne voulait pas laisser mourir comme ça un des siens. Il y eut. Il y eut donc une soirée d'amitié dans le cadre accueillant d'une salle à manger du Bd Bronnert [Monsieur et Madame Bessy]. Il y faisait bon..., très bon! Une température à faire fleurir l'oranger. Et un cordon bleu de première valeur avait préparé des splendeurs qui furent appréciées par les convives, tous des connaisseurs. Ce fut très famille. Et monsieur le secrétaire de l'A/C Warcq, y est allé d'un petit discours où étincelèrent à la fois tous ses talents d'orateur. Il y souligna les vertus de celui qui partait ... lequel, comme assommé de tant d'éloges, en resta cloué sur sa chaise... jusqu'au lendemain à l'aube." Et à madame Bessy de conclure, 50 ans plus tard, tant le souvenir à marqué à jamais sa mémoire :" à table, 10 jeunes de 15 à 20 ans étaient là, au coude à coude, dans une atmosphère surchauffée par la promiscuité dû à l'étroitesse et au feu d'enfer de madame Valli qui se démenait comme un diable derrière ses feux. Ils ont tout mangé!"
Un dirigeant hautement apprécié
Les Bessy, locataires à Manchester d'une maison sis au Boulevart Bronnert, appartenant aux "Goulet-Turpin" sont invités à déménager, malgré leurs cinq enfants. Un logement est proposé par l'employeur (SNCF) de Maurice Bessy à Villers-Semeuse et lui offrait la possibilité d'en devenir propriétaire. Maurice s'acquitta de son déménagement en louant un camion pour y entasser ses meubles. A la surprise générale de la famille Bessy, les jeunes athlètes du club de basket-ball investissent le logement et prêtent leur concours désintéressé en hommage au tout dévoué et sympathique dirigeant. Un geste qui arracha les larmes de madame Bessy reconnaissante et qui compris combien son mari était estimé par son bénévolat.
Les minimes devant le presbytère rue de Warcq. (photo : Mennesson)
d'autres minimes en la saison 1947/1948.
La fin du club
Comme toutes les belles histoires ont une fin, l'US.Warcq n'échappe pas à la règle. Laissons le soin à Jacky Mennesson de conclure : " Nous n'avions pas de réserve en joueurs, le départ de Laplace au régiment a été préjudiciable à la continuité du club. On a tenu le coup un an, puis d'autres joueurs sont parti accomplir leur service. La "Jeune France" de Mézières profita de l'aubaine pour récupérer les éléments restant, les minimes et les cadets ainsi que les seniors dont je faisais parti. J'ai joué une saison à Mézières avec Schmitt et Payen , le temps de remporter le titre de champion de 1 ère Division et, en 1951, j'ai aussi pris le chemin des obligations du service national. C'est dans ce dernier club que j'ai connu Jeannine, ma future femme, affiliée à l'excellente équipe féminine. Je ne regrette rien de cette épopée, nous avons battu des équipes autrement plus organisées et plus puissantes financièrement que nous, telles que Revin, Nouzonville, Monthermé, Charleville ou Mézières, ect .... Nous avons gagné la première place du podium grâce à la cohésion et à la détermination de l'ensemble des participants et aussi avec les conseils très éclairés de monsieur Bessy, on lui doit tout."
L'éminent entraîneur, Bessy, a quitté la scène du sport, après 28 ans d'activité, pour s'adonner, avec son épouse, à l'intendance d'une colonie de vacances au profit des jeunes de Manchester, sous la férule du nouvel abbé Favreau. Une autre et belle aventure.
1 - Maurice Bessy est affilié à la Fédération française d'athlétisme, société " l'Etoile de Mézières" à compter de la saison 1922/1923, Vétéran de cette même société en 1933. Il devient l'entraîneur de "l' Athlétique Club de Warcq" section : Basket-ball, cette modeste société, à l'avenir glorieux, réunira les jeunes de Warcq et de Manchester sur le terrain du presbytère rue de Warcq. 2 - Rencontre à Verdun en 1928. 3 - L'étoile pose pour la postérité", son porte drapeau est Pierre Froussart, le frère de Maurice l'auteur de plusieurs articles dans ce site.
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