Nécropole mérovingienne
La nouvelle court comme une traînée de poudre, des curieux accourent entraînant dans leur sillage d'autres prévenus sur le champ et s'agglutinent dans l'enceinte de l'Hôpital de Manchester.
Lors des travaux de terrassement destiné à la future maternité (*), les ouvriers du chantier ont mis au jour quelques tombes. Ils sont loin de savoir que leur découverte est l'une des plus importantes en archéologie de la région. En effet, les experts déplacés à cet effet le confirmeront au fur et à mesure des travaux. C'est une nécropole mérovingienne qui totalise 125 tombes.
J.P. Léman commente (**) :
"Parmi celles-ci se remarquent particulièrement les sépultures d'une aristocratie locale contemporaine de Clovis et de ses fils… Le rituel (inhumation habillée), selon un schéma, par ailleurs bien observé dans d'autres nécropoles mérovingiennes, indique clairement l'organisation sociale de cette communauté.
Il est ainsi possible de déterminer l'existence de groupes sociaux, en particulier celui des notables et celui des guerriers qui formaient l'entourage proche des chefs. De très nombreuses tombes sont celles de porteurs d'armes. Ces hommes ont été enterrés près du chef qu'ils devaient sans doute suivre ; l'identification sociale de chef étant pratiquée à partir d'un mobilier funéraire encore plus abondant. Si ces tombes de simples porteurs d'armes ne possédaient que 2 ou 3 armes offensives (épée, lance, hache), les tombes de chef étaient richement dotées : 5 armes offensives (angon, épée, hache, lance, fers de flèche), 1 arme défensive (bouclier); très souvent un objet exceptionnel était disposé (corne à boire en verre, mors de cheval, plaque-boucle cloisonnée en or)."
Et de préciser :
"Avec ce cimetière, nous constatons la mise en place du nouveau pouvoir franc et nous devons voir dans ce VI° siècle l'apogée de la civilisation mérovingienne. Ce cimetière marque une nouvelle étape dans l'évolution des modes funéraires et donc du passage à un nouveau type de société. Avec la nécropole gallo-romaine de St Julien, nous remarquions des dépôts funéraires constitués surtout de pièces domestiques et d'objet familiers ayant appartenu au défunt (fibules, boucles de ceinture, bijoux divers, vaisselles, céramiques...). Ainsi, une fusion s'est opérée entre la population autochtone gallo-romaine et les éléments allogènes francs. Si à la fin du IX° siècle, on pouvait encore distinguer 2 types de population, à la fin du V° siècle, toutes les tombes étant armées, la distinction ne peut plus se faire entre des soldats et une population civile provinciale. C'est la civilisation du peuple armé."
Les raids successifs des Normands puis des Hongrois mirent fin dès le IX° siècle à tous les habitats dans l'île de St Julien. Les sites fortifiés de Warcq et de Macerae s'élevèrent et peu à peu les villages s'agrandirent autour de ceux-ci qui assuraient leur protection.
(*) Cette maternité réalisée en 1967 est remodelée en 2008 lors de la nouvelle restructuration de l'Hôpital.
(**) Extrait de Charleville-Mézières - Éditions Bonneton - 1991 - Chapitre : l'apport de l'archéologie de J.P. Léman.
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