La fête de la jeunesse de St Julien (1921) au café Petit-Borgniet, Route de Warcq, peu après le cimetière. (doc : JF.Froussart)
En bordure gauche de la route de Warcq, face à l’actuel centre de réadaptation, une solide bâtisse de pierre sèche à deux niveaux sert d’usage d’habitation et de commerce. L’entreprenant propriétaire du café, transformé en mécanicien agricole, agrandit son commerce par la construction d’un hangar en bois jouxtant le café afin d’y stocker les premières machines agricoles modernes destinées à la vente. Après son décès prématuré, sa veuve, madame Petit, limite son activité à la seule licence du café.
Dès sa création, vers 1900, le café Petit-Borgniet devient vite le lieu de rencontre des familles de Saint-Julien ainsi que des ouvriers de la Fonderie des Ardennes et de la Macérienne qui rivalisent d’adresse au jeu de quilles, de cochonnet ou qui s’opposent dans des parties de manille interminables. Les habitants de Mézières et de Charleville aiment aussi fréquenter ces lieux à l’occasion des promenades dominicales ou des manifestations sportives. Chaque année, le dimanche de la Trinité, un pèlerinage dédié à la Vierge rassemble plus d’un millier de pèlerins. Au mois d’août, à l’occasion de leur fête patronale, les maraîchers dégustent la traditionnelle tête de veau et s’adonnent à leur passion favorite : la danse.
Les années difficiles
Le café peu avant les années trente. De gauche à droite, Léa Bertrand, encore célibataire qui seconde madame Petit, assise sur le banc, son mari est debout avec en main la boule en bois.
(doc : J.Bertrand)
En 1930, la veuve Petit loue son établissement à monsieur Marcel Bertrand, laitier-livreur de profession, qui use de la licence du débit de boissons jusqu’en 1945. Son épouse Léa, gère le café avec une rare compétence, initiée à cette fonction acquise par madame Petit qu'elle avait secondé. Au décès de son mari, elle achète à ses beaux-parents le café Bertrand ( l’actuel « le Manchester »).
En mai 1940, un avion en difficulté et non identifié largue ses bombes sur l'île et endommage sérieusement la résidence de madame Henriette Froussart (emplacement de l’actuelle Fleuriste, n° 33). A son retour de l’exode, en quête d’un logement plus accueillant, elle achète, en 1955, le café Petit-Borgniet à usage d’habitation. C’est la fin du café en tant que tel et le début d’une suite d'événements qui provoqueront sa disparition.
En 1934, le café est encore bien vivant. Léa, les bras nus et à sa gauche Marcel Bertrand son mari.
1956 voit l’expropriation de la nouvelle propriétaire pour satisfaire à la réalisation d’un ensemble HLM. Le café sert alors de bureau de chantier pendant la construction du Centre de réadaptation sur une parcelle qui lui fait face de l’autre côté de la route. Il est le témoin de la suppression de la grange en dur de la ferme, son unique voisin pendant très longtemps et complice de ses vicissitudes. En décembre 1961, elle sert à entreposer les matériels des entreprises réalisant les premiers travaux de terrassement du Centre de réadaptation qui s’approprie les 4 ha appartenant à la ferme de la Warenne. Cette grange est détruite en 1962.
Puis des employés municipaux occupent le Petit-Borgniet comme locataires encore un temps et en 1967, c’est la destruction, au profit du bâtiment HLM. Avec lui disparaissent à jamais les souvenirs intenses d’une époque révolue. Se sont tus le timbre éclatant des cuivres de l’harmonie municipale animant les bals champêtres et les gazouillis des oiseaux nichant dans les marronniers abattus dès 1947. Que les plus anciens se souviennent et que les plus jeunes s’imaginent les débuts bucoliques de notre quartier !
Avec les témoignages de : MM. Mickaël, Jean-François et Maurice Froussart (le maraîcher), MM. Jean et Roger Bertrand et monsieur Lucien Mercier.
Retour à : Les cafés