Rue Dehuz

Rue Dehuz

Bien peu de gens reconnaîtront le communiant des années 50 de notre document. Ceux qui reconnaîtront le lieu où a été prise la photographie ne seront peut-être guère plus nombreux, tant cette partie du quartier a subi de modifications en plus d'un demi-siècle. Les plus perspicaces auront reconnu ce qui allait devenir la rue Dehuz, dans sa partie comprise entre le Bd Bronnert et la rue de Warcq, les maisons représentées bordent la rue de Warcq.

Ce petit chemin dévoré par les mauvaises herbes longeait le baraquement appelé "Maison Bouhours" ou "café du soleil" dont le propriétaire, vendait ses légumes et de la boisson. Son remplaçant donnait à cette bâtisse le nom de "Ranch" et modifiait quelque peu son esthétique et il y ajoutait un logement attenant. Existait alors un groupe de maisons jumelées deux à deux, du type du Bd Bronnert et qui en faisait partie. Devant ces dernières, rien ne barrait l'horizon qui découvrait du sud à l'ouest, la ferme de la Warenne et le Village de Warcq visible par son clocher. Les enfants s'aventuraient, rue de Warcq, jusqu'à la Petite Bourrique, vestiges d'une maison tombée en ruines dont les soubassements encore existants s'ornaient de végétation. Sur ce terrain de jeux improvisé, ils organisaient des petits pique-niques et des rendez-vous...

Le Soleil

Plus tard, un arrêt de bus pompeusement appelé "Le Soleil" était installé sur la partie droite de la photo. Il a été depuis déplacé, c'est maintenant l'arrêt de bus 'Léon Dehuz" En 1952, l'urbanisation de Manchester prit un nouvel essor. Sur la partie gauche de la photo, fut édifiée en septembre 1953, une HLM (actuellement aux n°2 et 4 de la rue), en face de celle-ci, une baraque était destinée aux ouvriers immigrés qui œuvraient aux différentes édifications dans le quartier. Elle fut détruite lors de la construction de la menuiserie Maétini. Sans eau courante, les occupants algériens devaient demander aux riverains l'eau nécessaire aux besoins du quotidien. Au cours de la guerre d'Algérie, ces ressortissants, politiquement d'avis contraires, meublaient leurs soirées en discussions orageuses qui se terminaient parfois en rixe sans gravité, mais en animosité assurée. Un ou deux Portugais partageaient le dénuement de ces hommes qui vivaient reclus.

La télé

Face au Bd Bronnert, le garagiste Biadatti fondait en 1955 ses ateliers mécaniques et sa résidence. Peu de temps après son installation, une pompe à essence campait aux abords de la rue, ce qui rendit un fier service aux conducteurs du coin qui n'avaient plus le besoin de se rendre à Mézières pour y faire un plein. A l'occasion d'une exposition, la vitrine se complétait d'un poste de télévision en noir et blanc, à la grande satisfaction des enfants du quartier qui jouissaient ainsi gracieusement d'un spectacle financièrement inabordable pour la majorité des foyers d'alors. Dès 1956, le chemin, petit à petit, devient une rue. Les maisons individuelles s'accolaient à la menuiserie qui faisait place à une maisonnette. En 1979, le pharmacien Delautre, installait son officine face à l'annexe de la Caisse d'Épargne. Cette partie de la rue Léon Dehuz prit peu à peu l'allure d'un ensemble résidentiel grâce aux travaux d'embellissement, tels que les parkings arborés. Son extension était prévisible à long terme par un aménagement d'habitations au fur et à mesure des besoins en logement et d'un ensemble de magasins.

Photo : Bougeard

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