Les sans logis affluent à fur et à mesure des rentrées d'évacuation. Rappelons qu’à Mézières les bombardements allemands de la seule nuit du 10 au 11 novembre 1918 avaient détruit totalement 52 maisons et endommagé 242 autres partiellement. Le 8 août 1919, le Conseil municipal sollicite l’Etat pour la construction de 500 maisons dites « provisoires ». Faute de crédits, un îlot de baraquements (appelé les cent) s'érige à la suite des constructions en dur (n° 72 de la Boucle) qui s'aligne dans leur prolongement, limité toutefois à l'ouest par l'actuelle rue Léon Dehuz. Les rues le desservant reçoivent les noms de 1ère, 2ème et 3ème Allée. Au centre de cet immense fatras en construction, les quatre chalets de bois à un étage font figure de maîtres des lieux (à la croisée des rues actuelles : J. Raulin et R. Bruxelle). Ces derniers sont financés par les dommages de guerre et construits par une main d’œuvre composée pour l'essentiel de prisonniers de guerre allemands.
Cependant, un autre îlot de 36 baraquements, de type différent, se réalise, en face de l'entrée du futur hôpital, limité au nord par la rue de Warcq. Cet ensemble avec une nouvelle rue est plus connu sous le nom de la rue « Lécollier », du nom du concepteur de ce type de baraquement. Ces habitations érigées sur un soubassement en maçonnerie comprennent trois pièces plâtrées, leur montage se réalise dès la fin de l'année 1920. Ces baraquements présentent l'avantage d'avoir un petit hangar attenant et surtout un jardin-potager qui est entretenu avec soin et fierté. Un alignement de maisons en dur leur est voisin, elles existent encore, face à l'entrée actuelle de l'hôpital, elles ont été construites la même année que les 36 baraquements « Lécollier » .
Sur la route de Warcq sont disséminés d'autres maisons de bois qui logent 17 familles, très vite acheter par les locataires sur leurs dommages de guerre et qui apporteront une touche personnelle selon le goût et les moyens de l’époque.
A la Sorille une quarantaine de baraquements de type "Bauchot" à trois pièces posent des problèmes à la ville qui débloque des fonds supplémentaires pour y adjoindre un hangar attenant à chaque logement. Malgré les difficultés inhérentes à l'approvisionnement des combustibles, « l'Est électricité », société fondée en 1907, s'emploie à alimenter chichement le quartier en énergie électrique. (voir article sur La Sorille)
Le nouveau quartier qui, au recensement du 1er janvier 1925, compte environ 1300 habitants, alors que le faubourg de Saint Julien ne comprenait avant la guerre de 1914-1918 que 1000 âmes. Il prendra rapidement le nom de quartier de "Manchester" après que la cité anglaise de Manchester, devenue la marraine de Mézières suite à un jumelage (mai 1920), lui attribua ses premiers dons financiers (1924). À l'occasion de l'inauguration de l'église Saint Jean de Bosco le 22 février 1943, une décision diocésaine confirme l’arrêté du Conseil municipal de 1923 voulant ainsi dissocier le récent quartier du faubourg de Saint-Julien. La rue de la Haillette est la limite de la nouvelle paroisse. Les anciens du faubourg maintiendront fermement l’appellation de l’île de St Julien, nom donné à la boucle de Meuse depuis des temps ancestraux.
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