Colonies de vacances

Colonies de vacances

BERCK, Saint Coulomb,

Qu’existait-il alors pour nos Ardennais?

Un rapide tour d’horizon est nécessaire sur les différentes associations ou organisations ardennaises qui ont œuvré pour que des jeunes enfants puissent bénéficier d’un séjour de dépaysement hors de leurs familles. Il est évident que pendant les années d’occupation les colonies de vacances de l’entre deux guerres des Ardennes ont été mises en sommeil. L’Education nationale, à la reprise des cours en octobre 1944, avait institué une après-midi de plein-air dans le programme scolaire. Monsieur Camo, Inspecteur d’Académie des Ardennes rappelle par lettre de décembre 1944 que ces quelques heures de plein-air n’avaient aucun caractère d’obligation, surtout dans un pays au climat rigoureux. « La plus grande initiative est donc laissée à chaque chef d’établissement et à chaque directeur d’école qui, en toutes circonstances ne manquent pas de se préoccuper de la santé de leurs élèves ».

Dans le quotidien « L’Ardennais » du 15 juin 1945 on apprend que l’ancien camp d’internement de Pauvres est transformé en Colonie de vacances. C’est donc sur l’initiative de madame Andrée Pierre-Viénot, députée des Ardennes, à travers son association « Les Amis de l’Enfance Ouvrière » que ce centre voit le jour au profit de 600 jeunes bénéficiaires.

« La Vénérie » qui a fonctionnée depuis sa création en 1922 à Signy-l’Abbaye, reprend ses activités en juillet et août 1945 pour 140 jeunes.

La colonie de vacances du Parc Ste Claire à Sedan, au profit de 400 jeunes scolaires du sedanais, ouvre ses portes en la même période.

Une autre colonie sur l’initiative de l’inspection académique des Ardennes est créé pour 600 ardennais en Forêt noire (de Strasbourg au lac de Constance). Le ravitaillement est assuré par la 1ère Armée française, l’encadrement par les enseignants ardennais qui servent de moniteurs. Monsieur Malherbe de l’école de Mouzon en est le directeur. On vante par la presse les conditions d’hébergement exceptionnelles dans les établissements comme les châteaux, sanatoriums modernes, villas etc.. L’effort magnifique fait par le service social des armées qui organise des distractions et assure la sécurité des enfants.

Néanmoins pour que ces colonies fonctionnent un appel aux généreux donateurs et aux organisations caritatives ou de loisirs leur est souvent adressé. Des bals, kermesses, etc sont organisés à cet effet.

En 1946, l’Entre-Aide Française créée une colonie destinée aux fillettes dans les communes d’Haudrecy et d’Hardoncelle.

Le service social de la 2ème Région militaire organise des colonies réservées aux enfants de 8 à 14 ans et appartenant aux familles de militaires en activité et du personnel civil employé dans les établissements de la guerre. La première colonie a lieu à EU à 2 km de la plage de Mers-les-Bains en Seine Inférieure.

À la suite des fêtes de l’Amitié Ardennaise France-Belgique-Luxembourg, les Comités de la France Combattante invitent 52 enfants de résistants à passer un mois de vacances dans des familles belges.

On lit aussi dans « L’Ardennais » que les Anciens Prisonniers de Guerre de Mézières « ayant des enfants susceptibles de passer un mois de vacances dans le Jura sont priés de s’adresser à la permanence spéciale qui se tiendra le 27 juillet 1946 à la mairie de Mézières. »

Et puis cet autre article: « à Mohon : la colonie de vacances municipale de Lafrancheville ouvrira ses portes du 29 juillet pour une durée de 8 semaines ».

Une colonie de vacances au profit des enfants des victimes de la guerre et de la résistance est fixée aux environ du 15 août et leur séjour en Auvergne durera un mois.

En 1947 « la Caisse d’Allocations Familiales des Ardennes informe les organisations et les familles intéressés que dans un but de favoriser le séjour en plein-air du plus grand nombre d’enfants, son Conseil d’administration a décidé d’allouer les subventions suivantes :

50 f par jour et par enfant admis à séjourner dans une colonie de vacances ou en placements familiaux organisés et surveillés.

25 f en centre de plein-air et garderie fonctionnant toute la journée avec un repas complet et goûter par jour servi.

40 f par jour et par enfant séjournant dans un camp, maximun un mois, par enfant allocataire. » Pour mémoire le paquet de gauloise bleue coûte 65 f.

Voilà donc une contribution officielle qui apportera un substantiel apport financier aux organisateurs et surtout aux familles les plus démunies permettant ainsi à de nombreux enfants de profiter des biens faits d’un séjour en plein-air.

En 1948, la commune de Mézières a le projet de création d’un centre de plein-air au bénéfice des enfants fréquentant les écoles primaires de la ville. Elle ouvre une garderie de vacances de la ville dans le château de Villers-Semeuse (bâtiments annexes).

Le service social de la 2ème Région militaire ouvre un centre à Revin au bénéfice d’une centaine d’enfants. Cet ancien camp militaire a été entièrement remis en état par les soins de la chefferie du génie de Mézières. De nombreux cadres militaires et gendarmes assureront l’encadrement bénévolement.

En 1949 : À Mouzon, une publicité est faite pour la colonie de vacances St Joseph.

Les trois villes (Charleville, Mézières et Mohon) organisent à ceux qui restent des garderies qui prennent les enfants en charge toute la journée en assurant le transport, le repas de midi et un goûter.

Mézières déniche à Belval un autre château. « Qui a été mis gracieusement à la disposition par monsieur Gosse, de Nouzonville, mais comme le bâtiment a été incendié par les Allemands, c’est sous les tentes dressées à l’ombre des grands arbres du parc qu’ont été installés le réfectoire, le bureau, les dortoirs pour la sieste. Quant à la cuisine, elle a été aménagée dans une maison voisine appartenant à monsieur Billet. Un service de car est organisé pour transporter les 150 enfants, un roulement permet d’en prendre une moitié de l’effectif pour une semaine et l’autre moitié la semaine suivante.

La surveillance est assurée par les membres du personnel enseignant de Mézières qui viennent à tour de rôle, compléter l’indispensable cadre permanent que constituent trois monitrices, Melle Edith Borgnet, Suzanne Titeux et Sylviane Notteghem. Cette dernière comme directrice, le précédent séjour avait été confié à Micheline Vauchelet.

Les repas préparés par mesdames Mathieu de Manchester et Padouant de Belval. Monsieur Bailly assume les délicates fonctions d’économe. » réf :« L’Ardennais » du 16 août 1949.

Pour la petite histoire, les Ardennes ouvrent des colonies aussi au profit des enfants des houillères de valenciennes comme au château de Grandpré (Noue le coq, 140 enfants). Pour les 46 enfants du service social inter-usines à Lametz. En forêt du Mont-Dieu « la Barbière » qui voit s’épanouir les 65 enfants des ouvriers métallos de Louvroil, près de Maubeuge. Et enfin le château de Sautou, près de Bosseval où 38 enfants des métallos du Valenciennois y séjournent. À Mouzon aux Capucins, réservé aux jeunes filles du Nord de la France.

Les enfants de Manchester et de Warcq y trouvaient-ils leur compte ? Entraient-ils dans les catégories énumérées ci-dessus ? En tout cas cela semblait peu en regard des places offertes dans chacune des colonies aux spécificités trop sélectives. La solution vient donc de l’abbé Favréau. Cet abbé a bien analysé la situation de sa nouvelle paroisse aux deux clochers (Warcq et Manchester) sans pour autant abandonner les prétendants de son ancien poste avec qui il avait innové : un séjour à Berck en 1947 et un séjour à St Coulomb en 1948.

Allez à : BERCK