Jules-Henry Bronnert, c’est sous le nom d’Henry qu’il est le plus connu. Fils d’un soldat français, il est né à Strasbourg, pendant la guerre de 1970. Elevé dans sa ville natale, Henry, dès l’âge de 18 ans, n’hésite pas à quitter les siens pour faire un tour de France. Il vient à Paris, y séjourne quatre ans. Ce séjour lui a laissé des souvenirs inoubliables et y noue de solides relations, que ni le temps, ni la distance n’ont altérées.
Henry Bronnert veut servir la France, mais le sort en décide autrement. Réformé du service militaire, il part en Angleterre avec un but précis : étudier l’industrie cotonnière, une des sources de richesse de sa chère Alsace. Il entreprend ensuite son tour du monde. Après l’Europe, l’Amérique du Sud le tente ; en tout sa randonnée d’études devait durer quatre ans.
Monsieur Bronnert que le sens des affaires favorisa très jeune, profita de ses nombreux voyages, non seulement pour apprendre les méthodes étrangères de l’industrie du coton, mais encore pour se former une clientèle qui n’a cessé de s’étendre et lui est toujours restée fidèle.
La maison de monsieur est des plus importantes de la Vieille Angleterre. Placée au centre de la cité industrielle de Manchester, elle est un modèle du genre au point de vue technique et fait vivre un personnel qui lui est attaché de père en fils.
C’est à Manchester qu’il a connu Madame Bronnert, Anglaise de naissance certes, mais de celles qui peuvent dire qu’elles ont deux pays : le leur et puis la France.
La guerre éclate. Henry Bronnert se souvient de ses origines, et s’il ne peut pas se battre, il servira son pays de toutes ses forces, de tout son cœur.
Il réunit ses amis de la Croix-Rouge anglaise, non seulement dans le Cheshire, le comté dont Manchester dépend, mais dans les comtés voisins : Lancashire, Derbyshire. Il s’assure l’appui de ces derniers et il réalise, grâce à leur aide, le soutien de la Croix-Rouge anglaise à la Croix-Rouge française. Quelques jours après la déclaration de guerre des colis de vêtements, de douceurs, de pansements et de l’argent partent pour les infirmeries et les cantines du front français, et jusqu'au dernier jour de la guerre, jamais les envois ne se sont ralentis. Madame Bronnert fit du côté des femmes anglaises ce que son mari avait fait du côté des hommes.
Après la guerre, monsieur Henry Bronnert et ses amis continuèrent l’œuvre entreprise en s’occupant de nos pauvres régions dévastées, en s’intéressant tout particulièrement aux enfants qui avaient besoin d’une bonne nourriture et d’un changement d’air.
Et puis il mit sur pied l’œuvre des parrainages ou d’adoption de villes françaises dévastées par des villes anglaises. C’est alors, qu’un beau jour, monsieur Marcel Braibant, conseiller général des Ardennes, se rendit lui-même à Manchester, pour solliciter directement l’homme qui avait déjà tant fait pour notre pays.
Monsieur Bronnert se rendit au Town-Hall (hôtel de ville) de Manchester, pour s’assurer de l’appui de la grande cité anglaise, en faveur de Mézières.
Une assemblée de citoyens de la ville fut convoquée de suite, sous la présidence du lord-mayor d’alors : Alderman Tom Fox, et qui décida l’adoption immédiate de la cité de Bayard. [Le 10 juin 1920].
La presse, en particulier le Manchester-Guardian, appuya le parrainage en faveur de Mézières ; plus de 600.000 francs furent recueillis, [Les premiers fonds en 1922] qui permirent de créer le quartier de Manchester.
Le couple Bronnert ne cesse de s’intéresser au chef-lieu du département malgré la récession économique du coton et du textile de 1920 qui frappe la cité de Manchester et honore ses engagements jusqu’à l’inauguration de l’hôpital et du quartier de Manchester en 1933.
Extrait du Petit Ardennais du 12 mars 1933 (collection Gérald Dardart).
Voir aussi la rubrique : Marcel Braibant, inauguration de 1933.