Les cinq blocs HLM
En octobre 1948, la ville de Mézières établit un avant-projet de construction de maisons individuelles qui doivent être édifiées en remplacement des baraquements sis au Boulevard Bronnert (face à l'hôpital). Le coût de ces travaux qui représentent plus de 14 millions de francs sera couvert par les dommages de guerre. Pour mémoire, ces baraquements des années 20 qui ont subi quelques dégradations à la suite des bombardements de mai 1940 par les Allemands et des bombardements des alliés en 1944, ont été partiellement restaurés pour reloger la population évacuée de retour au foyer. Devenu vétustes et négligés par la pénurie de matériaux, le maire fit appelle à la générosité des familles aisées à prendre en charge, pendant la période des grands froids de février 1947, les familles laborieuses ayant des enfants, eu égard à l'état de leur habitation et des difficultés d'approvisionnement. En décembre 1948, la municipalité après avoir acheté pour deux millions de francs des dommages de guerre pour permettre la construction d'un groupe de maisons ouvrières demande au ministère compétent l'autorisation de créer un Office d'Habitations à Bon Marché en lui allouant une dotation de 500.000 francs. Ces maisons individuelles ne verront pas le jour, elles seront reprises dans un autre projet plus ambitieux.
Un projet nouveau
Le 24 septembre 1949, l'assemblée municipale adopte le projet de construction de 144 logements (H.L.M.) à Manchester. Ducoux et Mandaroux, architectes-urbanistes, sont mandatés et proposent quatre séries de quatorze logements de 3, 4 et 5 pièces d'une part et cinq immeubles collectifs comprenant des logements de 3 et 4 pièces d'autre part. Le tout pour un engagement financier de 300 millions de francs. Une première tranche est votée qui comprend 3 immeubles collectifs dont la pose de la première pierre est prévue en avril 1950 pour un emménagement des locataires, quinze mois plus tard. L'arrière de l'école Henri Bronnert est l'emplacement réservé entre les baraquements dans les jardinets de ceux-ci. Cependant deux autres blocs sont sortis de terre, l'un à la rue Hanot et l'autre plus excentré, rue Léon Dehuz en face du Café Bouhourd, ( "le Ranch"). Cet ensemble comprend 90 logements à loyer modérés. Il faudra en effet démolir des baraquements pour édifier les autres bâtiments prévus dans la seconde tranche qui ne se concevra pas comme prévue initialement. En 1951, à l'exception de quelques lotissements, le quartier de résidences de Manchester n'est pas destiné pour le moment, à prendre une grande expansion. Le problème le plus urgent est en effet, ici, de procéder à une reconstruction presque générale : la plupart des baraquements n'y avaient été édifiés qu'à titre provisoire.
Une nouvelle étude qui bouleverse le projet initial
En janvier 1952, monsieur Hanus, maire, rappelle l'observation qu'il avait faite lorsque le Conseil avait décidé la construction d'HLM à Manchester, à savoir que malgré leur nom d'habitations à loyer modéré, le coût de ces constructions est très élevé d'où un tarif de location supérieur aux possibilités de nombreuses familles ouvrières actuellement logées dans les baraquements. Après avoir étudié cette question du logement qui le préoccupe particulièrement, le maire propose dont la construction d'une trentaine de logements plus modestes, susceptible de recevoir les locataires dont les moyens d'existence ne permettent pas de payer un loyer au tarif des HLM. Les maisons de transition verront le jour le long de la Meuse, promenade de la Warenne en remplacement de la deuxième tranche des 144 logements devenue trop ambitieuse. Un groupement d'action sociale et de Défense des Intérêts des habitants de Manchester n'est pas étranger à cette modification. Son président monsieur Robert, secondé par monsieur Brunel qui tient chez lui les permanences du samedi au bd Bronnert, s'efforcent de solutionner, en autre, avec angoisse les question du relogement des habitants des baraquements menacés d'expulsion et dont la plupart ne possèdent pas les ressources nécessaires pour payer les loyers élevés des nouveaux bâtiments. En conclusion et pour l'avenir, la ville décide que des constructions "bon marché" seront réalisées en marge du programme HLM et d'autre part, elle soutiendra les initiatives privées qui se manifesteront dans ce domaine, afin de permettre aux familles ouvrières de se loger dans les conditions les plus économiques possibles.
Le 23 juillet 1952, travaillant sur un chantier de construction HLM pour le compte de l'entreprise Marcozzi, monsieur Emile Perret, 41 ans, maçon, a perdu l'équilibre et d'une hauteur de 15 mètres s'est écrasé au sol. Le malheureux devait décéder peu après son admission à l'hôpital de Manchester. Monsieur Perret était père de cinq enfants.
Dimanche après-midi (8 décembre 1952), un incendie se déclare dans un petit baraquement au 33 rue Léon Dehuz dont les 4 pièces sont utilisées comme vestiaire et dortoir par les ouvriers de l'entreprise "Bâtir" qui travaillent à la construction des immeubles HLM. Seule la toiture a été détruite.
Beaucoup de candidatures et peu d'élus
En juillet 1953 s'achève la construction des cinq blocs d'HLM dont la masse domine les baraquements "provisoires" condamnés à disparaître. Certains de ces baraquements ont d'ores et déjà été livré au pic des démolisseurs et leurs habitants relogés sur les berges de la Meuse, tout au long du chemin de la Warenne, dans vingt-quatre maisons dites de "transition".
Les HLM, avec leurs quatre-vingt-dix logements confortables, contribueront à atténuer quelque peu la crise du logement. Mais il y aura, pour plus d'un millier de demandes, peu d'élus : trente logements ont été, en échange de la Citadelle, attribués aux autorités militaires et quatre à des fonctionnaires de la Préfecture...Un bloc leur est réservé aux 6, 8, 10 et 12 rue Maryse Bastié. Pour les autres, la compétition sera serrée sans doute, et seuls les cas de toute urgence auront quelque chance d'obtenir satisfaction.
La commission compétente n'a toujours pris aucune décision concernant les très nombreux dossiers de demandes. Il n'est pas exact, comme certaines rumeurs le prétendent, que de nouveaux locataires soient déjà en possession de leur clé ! D'ailleurs si les travaux de superstructure sont achevés, l'aménagement intérieur demandera encore plusieurs semaines... Les attributions de logement seront faites en temps utile.
Un mécontentement justifié
Le samedi 16 février 1957 à 20h50, la salle du café « Berdal » (La Grappe d’Or) était comble. Les locataires des HLM de Mézières tenaient une réunion provoquée par la récente augmentation des loyers. En effet, depuis le 1er janvier, l’Office départemental des HLM a appliqué l’arrêté ministériel du 8.8.56, se référant de l’art. 216 du code de l’urbanisme et prévoyant un prix de base du m2 de la surface corrigée tenant compte du prix de revient de la construction et des frais de gestion, de contrôle et d’entretien. Il en résulte pour les locataires des immeubles construits postérieurement au 3 septembre 1947, une importante majoration des loyers : 30% appliquée par tranches semestrielles et successives de 10%. Seuls les cas de toute urgence auront quelque chance d'obtenir satisfaction.Voilà une charge bien lourde et brutale pour un grand nombre d’entre eux ; Le comble c’est que les locataires et en particulier ceux de Manchester ne sont pas du tout satisfaits de leurs habitations…L’état des locaux, déjà vétuste, mal implantés, en partie inachevés, tout au moins en ce qui concerne les abords, a fait l’objet de véhémentes interventions.
L’ODHLM souhaite sur le plan départemental, l’association des locataires prenne vie et mène une action efficace afin de donner aux représentants des locataires, membres du Conseil d’Administration, toute l’autorité nécessaire pour prendre position lors des délibérations du CA.
Les locataires de Manchester décident d’un commun accord à ne payer l’augmentation de loyer que lorsque leurs desiderata seront totalement satisfaits.
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