Un assez grand nombre d’instituteurs, anciens combattants, et d’institutrices retenus en pays envahis pendant toute la durée de la guerre, n’ont pas subi l’examen professionnel du certificat d’aptitude pédagogique à la cession normale de février 1920, parce que, du fait de la mobilisation ou de l’invasion, ils n’avaient pu accomplir le stage réglementaire. Ces maîtres et ces maîtresses ne pourront alors se présenter à l’examen de février prochain et obtenir leur titularisation qu’en 1922.
Afin de leur éviter un retard préjudiciable pour la suite de leur carrière, et vu la situation anormale créée par l’état de guerre, le ministre de l’instruction publique vient d’inviter les inspecteurs d’Académie à instituer une session spéciale d’examen, à laquelle pourront prendre part les jeunes instituteurs qui justifieront, au 31 décembre 1920, de 18 mois au moins d’exercice comme stagiaire de l’enseignement primaire.
« La Fédération Musicale de France, représentant 63 départements et ayant un effectif total de 3500 sociétés musicales fédérées, émet le vœu :
Que l’enseignement du solfège soit obligatoire dans les classes des différents cadres de l’enseignement et qu’une mention spéciale figure dans tous les diplômes et surtout au certificat d’études primaires ;
Q’un examen de pédagogie musicale soit obligatoirement passé aux élèves-maître et maîtresses des écoles normales, à la fin de la troisième année d’études et qu’un diplôme spécial, comme il en existe un pour la gymnastique, soit délivré à ceux qui auront satisfait à cet examen.
Dans les petites communes et surtout les communes rurales où l ‘enseignement de la musique ne peut être assuré par des professeurs spéciaux, l’instituteur devra être pourvu d’un brevet élémentaire de chant analogue à celui obtenu par le personnel enseignant de la Seine et rémunéré en conséquence. »
Quelle était la formation de nos enseignants d’alors ?
Après le Brevet Elémentaire, remplacé par le BEPC (1947) lui-même remplacé par le BEG en 1959, l’impétrant, âgé d’un minimum de 16 ans ou de 18 ans au plus, passe un concours d’entrée pour rejoindre l ‘école normale d’instituteurs (obligatoire dans chaque département selon la loi du 28 juin 1833 pour les garçons et la loi de 1879 pour les filles). En cas de succès le futur élève-maître signe un engagement décennal. Les études duraient trois années et étaient ponctuées par l’obtention du Brevet Supérieur.
A compter de 1944, il était ajouté une année de formation professionnelle aux trois ans préparant le bac. (Désormais, les instituteurs pouvaient accéder à l’enseignement supérieur pour devenir professeur de Cours Complémentaire), le Brevet Supérieur est supprimé.
A la sortie de l’Ecole Normale, l’élève-maître est nommé instituteur stagiaire. Après deux ans de stage au moins, il devient soit adjoint dans une école à plusieurs classes ou titulaire dans une école de campagne s’il est pourvu du CAP.
Cas particulier : Il est possible de devenir instituteur en possédant le BE, après un certain nombre d’années de stage, il devient titulaire.
L’école des années 20
Maurice Froussart , né en 1911, nous a livré ses souvenirs d’écolier.
« Je vous parle d’un temps que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître … » chante Aznavour. Que dire s’il s’agit de remonter le cours des ans jusqu’en 1920 ? 80 ans déjà ! Evoquons l’école qui a tellement changé au rythme effréné des grèves, des revendications et manifestations inconnues alors.
A la grande école
La maternelle de la Place de l’Eglise s’appelait l’Asile. Ce mot donne à penser à « refuge ». En réalité, c’était une garderie où nos maîtresses, aidées par des auxiliaires pour la propreté, nous faisaient plutôt jouer que véritablement nous enseigner. La primaire, pour nous la grande école, nous accueillait vers nos 6 ans, chez Chaudron, devenu le lycée Monge, dont nous occupions la partie dominant le canal d’amenée de la Macérienne. Les cours de récréation étaient séparées par une grille. Des stocks restant de la Grande Guerre nous étaient distribués : des biscuits de soldats français, allemands ou américains, chocolatés et sucrés mais durs comme du bois dont nos dents de loup venaient à bout avec plaisir. Ils compensaient, à retardement, les restrictions des cinq pénibles années d’occupation ennemie. Les petites classes étaient tenues par Madame Lambert et Madame Dufour, gentilles et dévouées dont je garde un souvenir ému.
L’uniforme
Nos vêtements étaient simples et sévères : brodequins cloutés, bas foncés à revers, culotte de velours côtelé découvrant les genoux souvent écorchés et parfois porteurs d’engelures, l’hiver, des bretelles sur la chemise à col droit, un tablier noir avec ceinture de cuir, un chandail, une pèlerine bleu marine contre les intempéries, un cache-nez pour couvrir les oreilles, un béret basque. C’était presque un uniforme que le calot bleu horizon à grandes pointes venaient rehausser pour la fierté des détenteurs de ce souvenir des Poilus. Nos certificats Nos maîtres d’écoles, puis instituteurs - pas encore professeurs des écoles – étaient respectés. Ils le méritaient pour leur tenue et leur comportement irréprochables, l’attachement à leur mission et aux enfants qui leur étaient confiés. Sévères mais justes, ils étaient craints et aimés, ce qui, pour nous, était complémentaire. Aussi progressions nous vers les certificats. Le premier était préparé par Monsieur Georges Pierrot et le second par son frère, Monsieur Aristide Pierrot. Dans la classe de ce dernier, le premier rang de gauche recevait Maurice Richard, Maurice Froussart, Maurice Verhague, Marcel Zenardi, amusante coïncidence des noms et des prénoms. Alors là, fini la rigolade ! Aristide était très exigeant et les résultats obtenus lui donnaient raison : 9 reçus sur dix au « certif ».
Des méthodes rigides
La morale, l’instruction civique étaient poussées sans pour autant que les autres matières soient négligées.. Par exemple, nous en étions à l’extraction des racines carrées et à des opérations de calcul aux nombreux chiffres et virgules, alors que les calculettes étaient encore dans les limbes. Par contre, les heures de gymnastique, de musique ou de retenue se transformaient facilement en révisions et en problèmes. Et puis, les méthodes d’Aristide étaient un peu spartiates ! Ah, il en a allongé des oreilles, il en a frappé des ongles réunis, avec sa règle. Parfois, exaspéré, il lui arrivait, ladite règle dans une main, sa sœur jumelle dans l’autre, de parcourir l’allée centrale en jouant ces deux « instruments » sur les têtes des riverains. Aïe, aïe, aïe ! En ces temps lointains, si un enfant se plaignait à ses parents, il s’entendait dire : « C’est que tu le méritais ! » avis bien souvent confirmé par une beigne.
Ainsi allèrent les choses, perdurant jusqu’en 1939. Depuis 1945, une évolution constante se poursuit dans l’école et ailleurs. Sur celle-ci, les opinions divergent : « Trop de laxisme, trop de liberté ? Pas assez ? Qui sait ? »
Allez à : Maternelle, ou : St julien Place verte
ou : Groupe scolaire Manchester ou : Groupe scolaire Louis Hanot
ou allez à : Ecoles rue de Warcq et place de St Julien