b) Autonomisation - Empowerment

Relation avec soi : prendre conscience ou faire face à nos douleurs et souffrances.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la santé est l’équilibre et l’harmonie dans toutes les possibilités biologiques, psychologiques et sociale de la personne humaine. Pour d'autres, la santé est perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie.

Selon l’Union internationale de Promotion de la Santé et d'Éducation pour la Santé et le Consortium canadien de Recherche en Promotion de la Santé, 2007, la participation citoyenne aux stratégies de promotion de santé accroît la réussite de celles-ci. Une des stratégies développées en promotion de la santé consiste à permettre aux communautés d'acquérir de l'autonomie. Plusieurs visions existent, mais il est bon de mentionner qu'elles s'inspirent généralement du principe d'autonomisation ou du pouvoir d'agir (empowerment). C'est cette autonomie qui permet aux personnes d'avoir une meilleure maîtrise sur leur vie et sur leur santé.

L’autonomisation ou le pouvoir d'agir est un processus de transfert de connaissances favorisant la responsabilisation, l'initiative et l'accomplissement personnel et ce, pour développer un potentiel caché et un sentiment de sécurité.

Par conséquent, soigner, ce n'est pas donner une solution. Soigner, c’est d’abord être à l’écoute et attentif le plus largement possible, pour permettre à chacun, au plus près de ses valeurs, d’exprimer son ressenti par des mots justes. Encourager la connaissance de soi grâce à une perception claire et une pensée libre. Favoriser l’énergie vitale en invitant à prendre appui sur ses forces comme sur ses faiblesses. Avoir comme objectif le retour à la paix et à l’équilibre en corps comme en esprit, en recourant autant que possible aux ressources propres. Se soigner, c’est d’abord s’efforcer de prendre conscience.

Lire un témoignage à cet effet

La Fasciathérapie InterActiveMC

Telle l’échelle graduée d’un thermomètre quantifiant l’énergie thermique dans une substance, ce qu’on appelle malaise, douleur,

crampe, fatigue, migraine, peur, phobie, insomnie, angoisse, panique, stress et anxiété, est une mesure pour qualifier notre état croissant de tension musculaire. L’interaction entre les perturbations émotives et les tensions musculaires peut constituer une boucle de rétroaction (feedback) de renforcement mutuel et perpétuel. Pour rompre ce cercle vicieux et surmonter les réponses émotives exagérées à des problèmes, l’utilisation de techniques simples, documentées et complémentaires peut s’avérer très salutaires. Mon approche thérapeutique fait interagir la massothérapie vêtue ou non, le nœud myofascial de Travell et Simons, la méthode Jacobson, l’intention paradoxale de Frankl, l’immersion passive de tensions de Davies et l'approche centrée sur la personne de Rogers.

Le nœud myofascial

Les docteurs Janet Travell et David Simons sont auteurs du célèbre ouvrage The trigger point manual et sont reconnus mondialement comme les pionniers de leurs diagnostics et traitements. Malheureusement, la grande majorité des professionnels de la santé et des thérapeutes en médecines alternatives et complémentaires ignorent ou sont mal informés au sujet de la première cause de dysfonction et de douleur référée à distance: le point gâchette (trigger point) ou nœud myofascial (myo=muscle, fascia=tissu conjonctif). Ils peuvent être présents dans nos 640 muscles squelettiques et y en avoir plusieurs par muscle. Le fascia constitue 2/3 de notre volume, enveloppe tout, incluant os, organes internes, muscles, nerfs, artères et cerveau, et nous connecte de la tête aux pieds, de la surface aux profondeurs. Imaginez l’immense tension généralisée qui peut en résulter!

Les douleurs référées à distance par les nœuds myofasciaux peuvent expliquer les douleurs fantômes aux membres paralysés, voire amputés (Sherman, 232-244), ou aux dents qui n’ont même plus de nerf suite à un traitement de canal. De l'angine à l'appendicite, de l'épicondylite au tunnel carpien, de l'arthrose à la perte auditive, de l'arythmie aux acouphènes, de tels diagnostiques peuvent être erronés SI les symptômes sont produits par des dizaines, voire des centaines de nœuds myofasciaux très tendus.

Tel un détecteur de fumée qui sonne à tue-tête dans vos oreilles, n’oubliez jamais que la cause (feu) de vos problèmes (alarme) peut être cachée bien plus loin (sous-sol) que là où ça crie! Seriez-vous satisfait de l’intervention d’un pompier qui se limite à faire taire l’alarme en y retirant la pile? 9-1-1… Au feu! Au secours! À l’aide!

Méthode Jacobson, une incomprise!

Selon le Dr Edmund Jacobson, votre sensation de tension nerveuse ou d’anxiété consiste largement de la sensation physique causée par l’incontrôlable tension qui existe dans vos muscles et organes internes. En essence, la tension nerveuse peut n’être que cette sensation aigue de tension musculaire (1938, 79).

Dans son livre, Progressive relaxation, d’abord publié en 1929, il offre au monde médical sa procédure pour systématiquement relâcher les muscles squelettiques. Il présente sa méthode comme une « relaxation scientifique », car il a prouvé qu’elle pouvait non seulement réduire l’anxiété et d’autres problèmes psychologiques, mais aussi de sérieux problèmes médicaux tels que : crise de cœur, ulcère, fatigue chronique, colon irritable et haute pression artérielle. Ses mesures physiologiques ont démontrés que les muscles lisses des organes internes deviennent très tendus comme les muscles striés squelettiques. L’intention de cette rééducation du système neuromusculaire était d’offrir une alternative aux sédatifs prescris par les médecins (1938, 6-27).

Dans la seconde édition du livre (1938, 43), il dit que dès qu’une personne développe la conscience de ses tensions musculaires, qu’elle ne doit plus contracter un muscle avant de le relaxer. Dans Self-Operations Control (1964, 6), un petit manuel pour les patients qui accompagnait Anxiety and Tension Control, un autre livre pour les médecins, Jacobson avise spécifiquement contre l’habitude de contracter avant de relaxer. Dans You must relax (1970, 180), ses derniers mots ont été d’utiliser la règle de tension décroissante, contractant de moins en moins jusqu’à ne plus en avoir de besoin.

Malheureusement, la littérature actuelle sur la relaxation musculaire persiste encore à présenter de façon simpliste sa méthode progressive comme étant la simple contraction/relaxation de certains muscles, qui est exactement le contraire de son intention! Le problème avec la contraction/relaxation d’un muscle est que vous ne pouvez pas contracter un muscle sans en contracter plusieurs autres, même ceux qui sont déjà relaxés et ce, à cause du fascia qui les connecte tous ensemble!

La Fasciathérapie InterActiveMC n’encourage pas la contraction musculaire, mais plutôt vous assiste à vous concentrer en pratiquant la perception de sensations, la respiration profonde, l’acceptation des tensions et leur relâchement.

L’intention paradoxale

Dr. Victor Frankl, célèbre psychiatre viennois qui a survécu aux camps Nazi en utilisant un état d’esprit distinctif, a introduit un model thérapeutique (paradoxical intention) pour décrire l’éthique ancestrale de gagner la bataille sur vos peurs en faisant la dernière chose au monde que vous avez envie de faire. Le but étant de confronter intentionnellement la chose qui vous fait peur. Non seulement vous vous exposez délibérément à vos peurs, vous souhaiter même vous y exposer.

L’échec à faire face à vos peurs tend à les perpétuer. L’évitement de la chose détestée augmente votre peur en elle, car vous ne vous donnez jamais la chance d’apprendre à y faire face. Par exemple, c’est une erreur de porter des bouchons d’oreilles lorsque irrité par des bruits (à l’exception de bruits excessifs bien sûr!). Fuir le bruit trop rapidement ce cette façon réduit votre anxiété et vous apprend que la fuite est la bonne réponse. De plus, ceci renforce votre croyance que les bruits agaçants devraient être évités parce que « vous ne les tolérez pas ». Vous devenez de plus en plus certain que vous ne pouvez vraiment plus les tolérer.

Fondamentalement, toute fuite d’événements provoquant de l’anxiété mine l’apprentissage du faire face. Le soulagement accordé par l’évitement renforce la réponse de la fuite. Vous n’avez jamais l’opportunité de vous développer en face de l’adversité. Pour être vraiment gagnant en « faire face », vous ne devez pas vous donner la possibilité de fuir (Frankl, 102-103).

Pour la majorité, nous croyons n’avoir que deux choix pour faire face au danger : résister ou fuir. Mais une troisième réponse peut avoir plus de pouvoir et d’influence, du moins dans son potentiel pour faciliter le changement. Cette autre réponse est simplement l’acceptation et est au cœur de l’intention paradoxale.

L’acceptation est aussi au centre des séances de Fasciathérapie InterActiveMC, puisque mes manœuvres lentes et soutenues vous révèlent la présence de vos tensions myofasciales via diverses sensations plus ou moins agréables (picotement/engourdissement/aiguille, froid/chaleur/brûlement, sautillement/spasme, lourdeur/légèreté, gargouillement, serrement/relâchement, etc.) et que je vous invite à leur faire face, à me les décrire et à les accepter, pour finalement les modifier et les dissiper avec votre respiration profonde et consciente. Vous apprenez ainsi le langage de votre corps et vous développez un dialogue corps/esprit, voire la relation à vous-même. Il va sans dire que ce précieux apprentissage sur soi est à la fois très intime et autonomisant. Cet apprentissage est également le résultat d’une immersion passive de tensions (Passive Tension Flooding).

L’immersion passive de tensions (IPT)

Selon Clair Davies (2004, 298), massothérapeute et auteur de The Trigger Point Therapy Workbook, l’immersion de tensions (passive tension flooding) semble être l’élément opératoire dans les méthodes psychothérapeutiques telles que la désensibilisation systémique, la thérapie de l’exposition, la thérapie de l’aversion, la thérapie de l’implosion, l’entrainement de conscience et, la désensibilisation et reprogrammation par le mouvement des yeux (EMDR). Aucune par contre, utilisent l’acceptation consciente de tensions myofasciales exclusivement, mais s’occupent au lieu, de façon diffuse, de tout le répertoire des sentiments subjectifs. L’IPT fonctionne même sans avoir une compréhension claire de nos réponses émotives ou de leur historique. L’IPT ressemble en concept à la méthode proposée par Nicholas Malleson, un médecin britannique, qui soutenait qu’il était nécessaire d’expérimenter non seulement nos peurs, mais également toutes nos sensations corporelles qui viennent avec (1959, 226).

Le psychiatre Joseph Wolpe défini l’immersion (flooding) comme l’exposition prolongée intentionnelle à de l’anxiété relativement élevée. Il croyait que c’était similaire à l’abréaction, un phénomène qui a une longue histoire avec l’humanité. Dans l’abréaction, vous parlez d’un souvenir dérangeant qui est connecté à votre anxiété ou peur. Lors de sa description, vous expérimentez des émotions envahissantes et semblez le revivre à nouveau. Typiquement, les gens sentent un grand soulagement après une abréaction (1958, 195-196). L’IPT est similaire à l’abréaction, à l’exception que, encore une fois, elle est concentrée exclusivement sur les tensions myofasciales.

L'approche centrée sur la personne (ACP)

L’expérience personnelle est dérisoirement appelée « preuve anecdotique ou par témoignages isolés » par les universitaires. Mais quelle science est supérieure à celle où on essai quelque chose par nous même pour voir si ça marche? L’innovant psychologue Carl Rogers croyait ardemment à l’expérience personnelle. Il disait que ce qui est le plus personnel est le plus général; en d’autres mots, le plus vrai, le plus en contact avec la réalité. La génération précédente a mieux connu Carl Rogers comme l’auteur de Client-Centered Therapy (Approche centrée sur la personne, 1951), un texte d’avant-garde pour les psychologues. Cette approche met l'accent sur la qualité de la relation entre le thérapeute et le patient (écoute empathique, authenticité et non-jugement). C'est une élaboration de ce qu'il a d'abord appelé la non-directivité, également connue aujourd'hui sous le terme de Counseling rogerien. Il proposait que les thérapeutes doivent avoir confiance aux clients pour trouver leurs propres chemins et qu’ils doivent les aider à le faire en donnant toute leur attention pour les comprendre et les accepter tels qu’ils sont. Il croyait qu’il était d’une importance vitale que les gens viennent à faire confiance à la sagesse qui croit de leur propre expérience.

Une décennie après, dans son livre On Becoming A Person (Le développement de la personne, 1961), Dr. Rogers est allé encore plus loin en suggérant que peut être toute science est accordée trop de mérite par son objectivité, lorsqu’en réalité elle est basée à tout moment sur des décisions et des choix subjectifs fait par le scientifique. Il lui est apparu que l’expérience personnelle était ultimement l’unique source de savoir. Dans l’opinion de Rogers, le tâtonnement personnels, voire nos essais et erreurs, sont au cœur de la méthode expérimentale et qu’une preuve scientifique existait seulement comme des rapports de première main d’observations d’individus. Épuré à l’essentiel, la science peut être vue fondamentalement comme une collection d’expériences personnelles, idéalement limitées en portée et décrites avec assez de détails objectifs pour être répliquées et vérifiées par d‘autres (1961, 215-224).

Conclusion

À cause de la focalisation non psychologique, mais exclusivement corporelle, la Fasciathérapie InterActiveMC peut être utilisée de façon sécuritaire comme procédure générale de relaxation pour le traitement autonome et/ou assisté de tensions musculaires, nerveuses, d’anxiété, de colère, de peur. C’est l’antithèse même du contrôle, mais encore, elle est le contrôle ultime d’états émotionnels négatifs car elle ne nie pas la présence de vos tensions d’origine myofasciale, elle vous les révèle telles qu’elles sont, afin que vous puissiez les accepter et les relâcher par vous-même. Tant qu’à moi, la seule façon de gérer une problématique fantôme est simplement d’y faire face… BOO!

Commentaire

Selon Albert Einstein, il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé. Sachant cela, je sais que plusieurs personnes, dont mes amis et ma famille, sont septiques à propos de la Fasciathérapie InterActiveMC. Les pilules miracles, les baguettes magiques et les thérapeutes peu sérieux attaquent de partout et constamment, en nous promettant soulagement, voire même la guérison. Chacun de nous est sur ses gardes et avec raison.

Par conséquent, lorsque de la vraie bonne information nous passe sous le nez ou dans le creux de l’oreille, même les plus ouverts et curieux d’entre nous auront besoins d’une centaine de répétitions, voire même 2000 ans, avant qu’elle ne fasse son chemin jusqu’à notre matière grise.

J’ai confiance que de plus en plus de gens reconnaîtront le bien fondé de la Fasciathérapie InterActiveMC, car il y a trop de gens qui souffrent et ce, faute d’apprentissage à l’autonomisation et son corollaire, la dépendance aux médicaments qui transforment nos tensions en fantôÔôme...

Bonne santé active à tous!

Références

Davies, C., The Trigger Point Therapy Workbook, Oakland : New Harbinger, 2004

Frankl, V., The Will To Meaning : Foundations and Applications of Logotherapy, New York : Simon & Schuster, 1988

Jacobson, E., Progressive relaxation, 2nd ed, Chicago : University of Chicago, 1938.

, Anxiety and Tension Control : A Physiological Approach, Philadelphia : Lippincott, 1964.

, You Must Relax, New York : McGraw-Hill, 1970

Malleson, N., Panic and Phobia, a Possible Method of Treatment, Lancet, 1959.

Rogers, C. Client-Centered Therapy: Its Current Practice, Implications and Theory. Boston : Houghton Mifflin. 1951

On Becoming a Person: A Therapist View of Psychotherapy. Boston : Houghton Mifflin. 1961

Sherman, R. A., Published treatments of phantom limb pain. American Journal of Physical Medicine Rehabilitation 59. 1980.

Travell, J.G., et Simons, D. G., Myofascial Pain and Dysfunction : The Trigger Point Manual,

Vol 1&2, 2nd ed. Baltimore : Lippincott, Williams and Wilkins, 1983/1992.

Wolpe, J., Psychotherapy by Reciprocal Inhibition, Stanford : Stanford University Press, 1958