04 - Samedi 8 août 2009 - De Campiglia à Radicofani

Le chemin de l'accueil

Il nous avait indiqué la manière de partir avant que tout le monde soit levé. Seule une moitié de disque orange sort de derrière les collines quand nous quittons le village. Vous ne pouvez savoir le bonheur de ces premiers moments du matin. Silence, lumière, premiers chants d’oiseaux, fraîcheur. De nos chemins, nous retenons avant tout ces moments privilégiés qui font surgir spontanément les mots « Merci, Alléluia ! ». La route descend tranquillement vers la Via Cassia. Un vieux monsieur lance son motoculteur. Mais, il est sept heures, Monsieur ! et les voisins ?

Un peu après la Maison Consorziale, sur la Vecchia Cassia, première pause pour manger un fruit car nous sommes partis sans petit déjeuner. Rien ne presse. Il y a longtemps que nous n’avons pas marché avec autant de sérénité, sans vrai fatigue. Est-ce la proximité du bout du chemin ? A hauteur de Ricorsi, jetez un œil sur l’ancien relais de poste. A la station service, sur la SS 2, au lieu-dit Bisanca, nous trouvons notre bonheur de petit déjeuner : café bien sûr mais aussi panna cota au caramel. Peu après, il faut bifurquer sur la SP 478. Ce n’est plus qu’une montée, une seule, vers Radicofani, de 8,5 kms. Dans l’arbre qui se tient au carrefour, une nuée de corbeaux a élu domicile, impressionnant vacarme qui fait penser à Hitchcock.

La Rocca de Radicofani nous nargue, s’approche, s’éloigne. Les paysages se révèlent de toute beauté. Des champs moissonnés, des moutons avec des bergers….en 4x4 ! Décidément, le disque orange n’est devenu qu’un soleil voilé qui tarde à percer. A « Le Conie », au carrefour de trois routes, nous posons le sac pour souhaiter un bon anniversaire à notre fille.

Dans les faubourgs de Radicofani, alors que nous suivons les pancartes « Ospidale », une dame nous indique spontanément la direction de la Via Magi. On dirait que nos questions s’inscrivent en gros sur notre front et que les gens s’empressent d’y répondre.

Radicofani

Radicofani est un bourg médiéval qui trône à 766 m sur une colline basaltique surmontée d'une forteresse qui culmine à 846 m.

Comme le rapporte Boccace dans Le Décaméron, Ghino di Tacco fit prisonnier l'abbé de Cluny dans la forteresse.

La porte de la Casa San Jacopo est fermée et nous comprenons qu’il faudra revenir à 15h. C’était sans compter sur une autre dame qui, de la rue, interpelle pour nous les hospitaliers qui sortent la tête à la fenêtre du deuxième. Ce sera l’occasion de faire la connaissance de ce charmant couple qui nous autorise à poser le sac et nous informe que, ce soir, ce sont les hospitaliers qui font à manger.

D’ici 15h, nous avons le temps de faire un tour et d’aller manger et dormir dans le parc. A notre retour, il y a beaucoup d’agitation dans le gîte. Outre deux nouvelles hospitalières, six autres personnes sont arrivées : deux françaises, Pierrette et Alice et quatre jeunes italiens, Mauro, Silvia, Flavio et Héléna. Problème car seuls sept lits sont disponibles ! Je cède mon lit à Pierrette pour un matelas dans le couloir. Après tout, il y fera peut-être meilleur que dans la pièce « sur occupée ».

Ce soir, comme annoncé, nous sommes nourris. Nous garderons un souvenir ému de cette soirée pour au moins trois raisons. A part la rencontre d’Hans et Ingrid ce printemps, ce sont les premiers pèlerins sur notre chemin. Les hospitaliers, d’une extrême gentillesse, donnent corps à la « communauté ». La cérémonie du lavement des pieds avant le dîner remplit de sens l’accueil et le chemin.

Nous traînons à table ; conversations croisées et mélange des langues. Que du bonheur ! Quelqu’un a apporté une bouteille de « vino santo » qui parachèvera fort bien cette journée. Puis, il est temps de se coucher, annonce d’une séparation inévitable. (ce soir-là, nous apprendrons que la confédération accueille gratuitement pour plusieurs nuits les pèlerins à Rome : dommage pour nous qui avons déjà réservé !)

Hébergement : Casa d'accoglienza San Jacopo di Compostella Via Magi

Accueil : remarquable

Conditions de logement : un peu juste en espace

Prix : ce que l'on veut

De Radicofani à Ponte a Rigo