01 - Vendredi 17 avril 2009 - De Fornovo à Sivizzano

Le chemin du lavement de pieds

« Partez au loin à son appel ….. » Malgré le retard, le jour se lève à peine sur Parme quand nous descendons du train. Il faudra nous expliquer avec notre plus bel italien pour savoir si nous pourrons aller en train à Medesano ou à Fornovo. Finalement, ce sera cette dernière destination mais pas avant 9 h, ce qui nous laisse du temps pour marcher sur nos traces de l’été dernier.

Après un café (Non, les tasses ne sont pas renversées quand elles arrivent devant nous. En Italie, le café se boit avec une loupe !) et un cornetto con crema au bar de la gare, nos pas nous conduisent vers le Duomo et le baptistère, chemin connu et parcouru sans hésitation. C’est le premier enchantement de ce voyage. La ville est vide, calme, ensoleillée et des hirondelles, les premières de la saison, animent un ciel sans nuages dans lequel la lune nous fait un clin d’œil.

Piazza Garibaldi, une dame, sans doute sur le chemin de son travail, nous interpelle. Compostelle et la Via Francigena, elle connaît avec ses pieds. Elle nous souhaite un bon chemin. Nous poursuivrons notre vagabondage jusqu’à l’heure du train.

Mais ce train, va-t-il à Fornovo ? Pourquoi n’y a-t-il personne dedans, personne sur le quai ? Habitués à quelques fantaisies, nous hésitons à monter. Il partira pourtant à l’heure pour n’emmener, eh oui, que deux pèlerins qu’on fera stationner longtemps la première gare venue pour on ne sait quelle cause – ligne à voie unique pour voyageurs uniques. Nous profitons du passage dans Fornovo pour faire les courses de la journée, geste prémonitoire et de sauvegarde. Le balisage dans la ville laisse à désirer et nous aurons bien du mal à trouver la voie de Sivizzano. De passage devant le Duomo, nous ne voyons pas le pèlerin de pierre censé retenir notre attention. Peu de kilomètres aujourd’hui et a priori pas de difficultés pour une remise en jambes. C’était sans compter sur la déficience du balisage ou notre incapacité à le voir. Nous avions bien compris qu’il fallait longer le lit de la « Sporzana », ou cheminer dans son lit sans eau dixit un guide. De l’eau, il y en avait, des méandres sans fin aussi, des gués aucun. Il a bien fallu mettre les pieds dans l’eau, un peu d’abord en prenant beaucoup de précautions, puis un peu plus plus loin, puis carrément marcher dedans. A Roncolongo, il était 13 heures pour deux pèlerins qui faisaient floc floc sous un ciel qui devenait de minute en minute toujours plus noir. Chaussures quittées, chaussettes essorées, capes étalées, la pluie est arrivée, vous savez, ce crachin breton qui mouille tout durablement. Nous avons fait une tente avec nos capes et …fait la sieste de ce premier jour de vacances.

Il a bien fallu les remettre ces ustensiles trempés et poursuivre le long d’une route balisée de bornes portant, tous les hectomètres, l’image d’un pèlerin en terre cuite

Combien y-a-t-il d’habitants à Sivizzano ? Ah, il y a un café dans lequel nous nous précipitons, occasion de se réchauffer et de demander l’adresse de la cure. Quelques jours avant le départ, nous avions appelé le Padre qui nous avait dit oui. Il est tôt, dans les 15 heures quand nous appuyons sans succès sur toutes les sonnettes de ce magnifique presbytère récemment rénové, semble-t-il. Un véritable monument historique.

Il faudra attendre 17 h, assis au pied de la porte, engoncés dans nos capes, pour que l’on daigne nous répondre. Le Padre se déplace difficilement avec une canne, séquelles d’une opération récente de la hanche, ne parle pas le français. Il nous faudra monter dans ses appartements, tenter de s’expliquer, payer, remercier pour l’image donnée, acquiescer à la nécessité de prier pour notre pape avant de recevoir la clé tant attendue de pèlerins transis. Mais, on baigne, nous, cher Padre, dans nos chaussures. Ce serait bien si….. !

La surprise ! Grande salle semi enterrée et carrelée manifestement destinée aux activités paroissiales, pas de lits, pas de chauffage, pas de fermeture à clé, rien que le carrelage froid. Pour la salle d’eau, il faut sortir dehors et gagner une petite pièce qui me décourage de me doucher ce soir. Nous avons d’abord pensé pouvoir dormir sur les tables. Mais aucune n’est stable et de la même hauteur. Impossible de faire des courses ou de compter sur un lieu de restauration. Rien dans ce village. Le reste de nos provisions est le bienvenu, et puis il y a les quelques lyophilisés du sac avec une gazinière heureusement en état de marche.

Première nuit par terre sur le carrelage avec toutes nos affaires trempées. Elisabeth grelotte et reste aux aguets toute la nuit. « Dieu Sauveur, conduis nous vers la Pâque…. »

Hébergement : Parrochia Sta Margherita

Accueil : moyen

Conditions de logement : déplorable par mauvais temps

Prix: ce que l' on veut (mais ça se paie dit le padre)

De Sivizzano à Cassio