20 - Lundi 20 août 2007 - De Orsières à Bourg St Pierre

Le chemin des fraises

Levés tôt, nous faisons l’ouverture de la salle à manger. Le petit déjeuner est à la hauteur de l’établissement, bon et copieux. Au moment de régler l’addition, l’hôtelière se montre très bavarde et gentille. Contrairement à Martigny, ici, on peut payer avec la carte bleue. « Qu’est ce que ces histoires que l’on vous fait ? Il suffit de caler ses prix en conséquence » Résultat : 196 francs suisses, une bagatelle ! Une fois sur la place du village, nous faisons nos emplettes dans la supérette qui s’y trouve, déjà ouverte malgré l’heure matinale. Il est tout juste 8h. De gros nuages cachent les montagnes. Aïe, la journée ne va pas être facile.

Le balisage est sans appel. Eh oui, c’est bien là qu’il faut monter. Une dame nous le confirme en disant : « vous savez, ça monte ! » Eh bien, s’ils le disent, …. Après un effort colossal, pire qu’hier car sans palier de repos, nous arrivons à un lieu-dit de circonstance : « Montatuay ». Diable, que la vue serait magnifique si ces gros nuages acceptaient de laisser la place. Le chemin se poursuit sur une petite route goudronnée qui, soudain s’arrête. Nous dépassons de magnifiques chalets de bois qui font rêver d’intérieurs douillets faits de bois blonds. Il y a là un poteau avec une multitude d’indications, à tel point que nous ne savons plus laquelle suivre. Si nous obliquons très à gauche, nous allons nous retrouver à Fontaine dessous : mauvais plan car c’est le fond de la vallée alors que nous avons eu tant de mal à grimper. Si nous tournons à droite, à la perpendiculaire, nous irons Dieu sait où mais pas dans la bonne direction. Eh bien, allons tout droit ! Le chemin herbeux parcouru sur quelques centaines de mètres devient soudain une prairie, puis un bois impénétrable. Le constat est clair : il faut faire demi-tour. De retour à notre point de départ, nous essayons en vain d’attirer l’attention des occupants de l’habitation qui est là en agitant une sonnette composée d’oiseaux bavards. En vain. Puisque nous n’envisageons pas de rester là toute la journée, cap à droite par une forte mais courte montée et nous voilà sur la route Napoléon. Le cheminement est sans difficultés, pratiquement tout en forêt. Le chemin se fait tentation permanente, tant il y a des fraises et des framboises tout au long du parcours. Nous jouons à cache-cache avec la nationale qui monte au Grand Saint Bernard ; elle n’est jamais très loin.Quand nous atteignons Liddes, il est temps de poser le sac. Il fait gris et frais. Et dire que c’est le mois d’’août. Station sur une glissière de sécurité entre Liddes et Drance dans un calme remarquable. Il faut vite repartir pour éviter les refroidissements. Peu après, un oratoire attire notre attention. Chapelle ronde, toute neuve, là, sur le bord du chemin : l’occasion de se recueillir un petit moment. Le chemin se poursuit en forêt jusqu’à la retenue de Palasui (du mot patois « pallazo » qui veut dire auberge) que j’avais prise au départ pour un terrain de foot, n’en voyant que la clôture et l’éclairage par lampadaires.Nous sommes déjà à 1400 m d’altitude. Tout doucement, désormais sans à coups, nous nous élevons. Le ciel s’est habillé de gris et de grosses masses nuageuses s’accrochent aux pentes, nous cachant ce qui est sûrement un magnifique paysage

Il commence à pleuvoir peu après. Et pourtant, il faudra bien trouver un lieu pour déjeuner. C’est chose faite sous un sapin dont les basses branches font un magnifique parapluie. Tous ces bois sont pleins de champignons dont certains paraissent gigantesques. Mais Dieu qu’il fait froid ! Nous repartons bien rapidement sur un chemin qui escalade le mont qui nous domine. Il débouche très rapidement à l’entrée de Bourg Saint Pierre. (Sigéric s’y arrête en 990 et mentionne XLIX Petrecastel). Vu de là, voici un vrai village de montagne aux toits gris ardoise, qui se serre frileusement autour de son église. Mais, c’est déjà l’hiver ici !

A l’auberge, nous sommes accueillis chaleureusement. Le mauvais temps favoriserait-il la chaleur humaine ? De notre chambre, qui domine le camping, nous pourrions nous délecter du paysage si…..

Faut-il monter demain au col ? L’aubergiste nous dit qu’il a et qu’il va neiger. Un appel à l’hospice nous confirme le fait mais nous recommande d'attendre demain matin pour prendre définitivement notre décision.

Fidèles à notre habitude, nous faisons le tour du village. Que peut-on y voir ? Une église ouverte avec un vitrail représentant St Pierre, une borne miliaire datant de la présence romaine, des chalets bizarrement perchés sur des plots de pierre, des panneaux rappelant le passage de Bonaparte sur cette route. Des placards sur un local vide attirent mon attention. On comprend qu’un épicier vient de fermer boutique avec beaucoup d’amertume et qu’un comité de soutien a soutenu en vain. Ici, comme ailleurs, il n’y a plus d’emplois sur place donc les habitants vont faire leurs courses ailleurs. Fin inéluctable du petit commerce local ?

Vers 16h, le brouillard s’installe et on n’y voit plus rien.

On nous propose un dîner simple mais très bon arrosé de Gally, un vin du Valais. Il ne reste plus qu’à se coucher après avoir rédigé les dernières cartes postales.

Hébergement à l'Auberge des Charmettes

Accueil : très bon

Conditions de logement : très bonnes

Prix : correct