14 - Lundi 13 août 2007 - De Pontarlier à Jougne

Le chemin des framboises

L’hôtel ferme le lundi. Seuls les pensionnaires ont droit à l’attention du patron pour le petit déjeuner. A son grand dam, aucun moyen de transport en commun ne dessert le château de Joux pas plus que les autres curiosités de la région, ce qui nuit grandement au développement touristique de la ville. Le taxi Gros est inscrit aux abonnés absents. Nous nous rabattons sur les pages jaunes pour trouver l’unique concurrent de ce Gros qui accepte de nous prendre en charge. A l’heure dite, il nous emmène à Frambourg, quasiment au pied du château de Joux qui domine majestueusement le paysage. Ces paysages du Haut Doubs sont magnifiques et d’autant plus qu’il fait grand beau. Au prix d’une sévère montée jusqu’à Montpetot, quel régal pour les yeux dès que l’on sort de la forêt à l’approche du village. Quel régal aussi pour les papilles car on ne peut résister aux framboises ! Les premiers œillets sauvages font leur apparition. Nous retrouvons les paysages qui nous avaient enchantés lors de nos vacances dans le Jura. On a envie de poser le sac et de rester là, admiratifs, tellement c’est beau, doux et calme. « Ne reste pas en chemin, ne recule pas, ne sors pas de la route. Qui n’avance pas piétine. » Le GR nous tend les bras, le chemin est encore long avant le col de Jougne. Près des Fourgs, nous obliquons à tort vers la droite, attirés par des toits que nous prenions pour le village. Des témoins de Jéhovah sillonnent le hameau visiblement sans beaucoup de succès. Par contre, nous n’avons aucun mal à demander notre chemin et apprendre que nous sommes aux « Petits Fourgs ». En remerciement, je ne peux m’empêcher de faire la plaisanterie qu’ils ont dû entendre des milliers de fois : « Mais où est le champagne ? ».

Les Fourgs, village rue, vit du tourisme et manifestement du ski. Insensiblement, nous avons gagné la montagne. Des remonte-pentes remplacent les poteaux électriques. Nous nous partageons la tâche : Elisabeth à la supérette et moi à la boulangerie. La boulangère a autant d’humour que moi. « Je vous sers quoi ? » « Un roastbeef, s’il vous plait ! » Et la boulangère continue à ranger les pains sur les étagères. Soudain, elle renouvelle sa question et je répète ma réponse. Elle se retourne pour me dire : « Je sais, je vous ai entendu, mais vous voulez quoi d’autre. » et elle éclate de rire. En général, il n’y a rien de tel pour créer un courant de sympathie, ce qui a été le cas. C’est fou ce que les gens s’étonnent du parcours que nous faisons. Ils placent Rome à l’autre bout de la planète. « Vous allez jusque là ! » Alors que nous ne faisons qu’avancer, tout simplement avancer !

A la sortie des Fourgs, le balisage ne manque pas mais tout se mélange, randonnées et pistes de ski. Il nous semble que le chemin traverse ces prairies occupées par un magnifique troupeau. Enfin, c’était comme cela en Aubrac. Très vite, les marques deviennent délavées puis inexistantes. Il faut franchir des clôtures, piétiner dans les bouses et naviguer à vue sur le Crêt du Vourbey. Nom d’un chien, nous ne sommes pourtant pas un dimanche ! Là bas, au loin, le passage d’une voiture nous sert de point de repère. Franchissons cette clôture et cette haie, évitons les orties, traversons ce champ et nous voilà sur une route qui va….qui va où au fait ? La direction paraît la bonne, enfin vu la position du soleil. Et effectivement, nous arrivons tranquillement à proximité du lieu-dit « Les Hôpitaux Vieux ». Il est temps de poser le sac sur un bout de prairie ombragée, au pied de la cabane qui délivre, l’hiver, les tickets de remonte pente.

Le ciel se couvre soudain et il fait quelque peu frisquet pour la sieste. Le lieu se révèle plus fréquenté que nous ne le pensions. C’est apparemment un départ de randonnée ou de promenade.

Vers 14h30, nous reprenons notre périple qui joue à cache-cache avec la fameuse nationale 57 toujours aussi chargée. Mais où vont donc tous ces gens ? Les Hôpitaux Neufs, gros bourg sur la nationale, fait le pendant de Métabief. C’est la copie en miniature de beaucoup de stations de ski : immeubles collectifs immenses avec balcons de bois, magasins liés aux activités hivernales. Aucun intérêt pour des randonneurs qui haïssent la nationale. Bien vite, nous arrivons, sans le faire exprès, à Jougne, ou plus exactement à l’entrée de Jougne. On ne peut manquer l’Auberge des Enchaux, là, au ras de la nationale. Pourvu que nous ayons une chambre sur l’arrière. Arrive en même temps que nous un jeune homme qui va en VTT aux Rousses. Il se révélera d’excellente compagnie

Nous avions en mémoire le mail d’un hôtelier qui nous disait : « chez moi, on ne fume pas et on laisse les chaussures de marche au rez-de-chaussée dans un local approprié. ». C’est ici, dans cette auberge ordinaire mais fraîchement repeinte. La patronne est absente quand nous arrivons mais l’employée connaît le discours par cœur. La chambre au deuxième donne sur les arrières. Ouf ! De retour de l’ATAC, juste en face, nous trouvons la patronne qui discute sur la terrasse. La conversation est plaisante ; c’est l’occasion de constater que la patronne est bien « la patronne » de cet établissement. Dîner à heure fixe et un seul menu possible. Tout est bien ordonnancé et la fantaisie visiblement pas admise. Disons que cela rappelle un certain nombre d’hébergements sur le chemin de Compostelle

Hébergement à l'Auberge des Enchaux

Accueil : correct

Conditions de logement : bonnes

Prix : correct

De Jougne à Orbe