03 - Dimanche 19 avril 2009 - De Cassio à Passo della Cisa

Le chemin du brouillard

La pluie n’a pas cessé de la nuit et, quand nous ouvrons les volets, c’est la cata ! Pluie et brouillard. Rien pour faire chauffer le petit déjeuner donc de nouveau la portion congrue.

Pépé a promis d’être là à 8h. Il est ponctuel et toujours aussi gentil. Il nous souhaite bon courage et Dieu sait s’il en faut.

Le balisage ne fait pas défaut, petites bornes hectométriques portant leur Pèlerin, ce qui conduit à relâcher l’attention. Tête basse encapuchonnée, nous avançons parce qu’il le faut bien. Vous avez remarqué qu’il s’agit encore d’un dimanche qui ne rime jamais, pour nous, avec chance. « Marcheur, tu diras les chemins obscurs .. ».

A Cavazzola, nous quittons la route à gauche sur quelques mètres et le guide nous dit de prendre bientôt un chemin de terre à droite qui pénètre dans les bois. Voilà le début de la galère. Suivre le jaune et le bleu, c’est bien quand il y en a. Mais quand il n’y a plus que du bleu ou que du jaune, ou plus rien, que fait-on ? Nous essayons bien de toujours « tirer à droite », car c’est par là que se situe sans doute la route goudronnée. Pluie ; brouillard, chemins caillouteux et défoncés de forêt qui montent sans cesse, plus de repères, désespoir. Une heure et demie plus tard, nous débouchons sur une petite route alors qu’arrive une vieille dame à pied. Sans lui expliquer, elle comprend ce qui nous arrive et peste fortement contre les « baliseurs » car tous les pèlerins se perdent et, beaucoup, dit-elle, se perdent loin dans la montagne. En fait, nous ne sommes qu’à ¼ d’heure de Cavazzola par la route ! Damned. Il est dit que nous ne quitterons plus la SS 62.

Tout est trempé. L’appareil photo dans son sac, sous la cape, prend l’eau. Dans Berceto, un café pas trop plein nous attire. Après le déshabillage qui mouille tout et tout le monde, nous commandons un classique chocolat chaud. Il y a sept Merveilles dans le monde plus le chocolat chaud de Berceto. Indescriptible. Un pur bonheur. Mais comment fait-il ce brave monsieur auprès de qui nous nous excusons de tout salir ?

Mais, voilà, le chocolat chaud doit figurer au catalogue des péchés du dimanche aussitôt punis. Fort de la lecture des cartes et guide, faute de balisage en ville, nous repartons…presque jusqu’à Valbona, c'est-à-dire à l’opposé de notre destination. Il nous faut revenir au cœur de Berceto, repasser devant le chocolat chaud et se décider à prendre la SS 26 qui monte résolument au col.

Plus la matinée s’avance, plus il pleut. Plus nous montons, plus la visibilité se réduit. Et de plus, comble de malheur, le froid nous gagne. Dès midi, nous commençons la quête d’un semblant d’abri sous lequel nous pourrions nous restaurer. C’est Elisabeth qui va le voir, vers 13 heures, cabane en tôle derrière un buisson qui abrite du foin et quelques ustensiles. Tout devient paradis à qui sait se contenter de peu. Confortablement assis sur un gros sac de foin, nous rions de notre aventure en savourant les fruits achetés hier soir à Cassio.

Comme il fait très froid, nous repartons aussitôt pour la suite du bain. L’Ostello de la "Casa grossa", maison cantonnière à laquelle s’adosse un restaurant, se situe au kilomètre 58. Nous l’attendons cette fameuse borne ; nous la rêvons en machine à café, en radiateur, en douche chaude. Eh bien, c’est tout cela plus l’accueil d’ un charmant jeune homme qui nous confirme que nous pourrons dîner ce soir. Alleluia ! tiens, il porte un tee shirt VF. Attention, si vous suivez consciencieusement le chemin VF, vous ne passerez pas par la case Maison cantonnière qui se trouve sur la SS 62.

Chambre de 4 pour deux. Rien que nous aujourd’hui. Inutile de regarder par la fenêtre, le paysage a été démonté. Il ne reste plus qu’à se laver, dormir, lire, rêver, consigner dans le carnet les primevères, les biquettes de Cassio, le lapin qui nous narguait.

Au dîner, le jeune chien de la maison espère notre maladresse pour se régaler mais, pas trop sage, ses maîtres le consignent au placard. Allez, bonne nuit !

Hébergement : Ostello della Casa Grossa

Accueil : excellent

Conditions de logement : très bonnes

Prix : raisonnable

De Passo à Pontremoli