17 - Vendredi 17 août 2007 - De Ollon à St Maurice

Le chemin du Rhône

« Pour un seul et même Dieu, nous devenons chemin"

Après ces deux dernières longues journées pleines de rencontres et d’émotion, il est temps de se replonger dans le cheminement et le pèlerinage. Il faut piquer tout droit jusqu’au Rhône puis suivre le chemin pédestre qui le longe jusqu’à Saint Maurice. Encore une étape de fainéant car nous avons à peine une quinzaine de kilomètres à couvrir. Nous découvrons un Rhône impétueux et d’une couleur blanche laiteuse. A vrai dire, nous traînons sur cette petite route et nous ne tardons pas à poser nos sacs sur un banc, histoire de grignoter un peu, d’écrire, de lire, bref, de ne rien faire. On se replonge dans l’ambiance, on se réhabitue aux routines du marcheur, au silence prolongé, aux échanges essentiels. Un petit avion et un hélicoptère tournent sans fin au-dessus de nos têtes. Sur l’autre rive, de nombreuses usines de pétrochimie crachent une fumée qu’il vaut mieux croire sans danger. Et, malgré notre lenteur, nous arrivons à Saint Maurice avant midi sans avoir trouvé le coin idéal pour se poser. Pourtant Dieu sait si la sieste aurait été la bienvenue après cette vie "débauchée".

Sur la place, devant le lycée, nous posons nos sacs pour le déjeuner. Une vieille dame qui traîne évoque la guerre et les temps de famine, tout cela parce qu’elle vient nourrir les pigeons et exprime son horreur de jeter le pain à la poubelle. Vers 14h, nous reprenons la direction de l’Abbaye. Mais par où peut-on entrer dans cette abbaye ? La porte de l’église s’ouvre seule quand on s’approche. Quand on y pénètre, quelqu’un joue de l’orgue mais point de possibilité d’aller plus loin. Après un tour du pâté de maisons, il faut se rendre à l’évidence, l’entrée doit être côté rue. Sur un perron, on pousse une porte massive pour pénétrer dans un immense hall où nous découvrons l’interphone d’accès à l’accueil. Cet accueil est assuré par des bénévoles de sexe féminin, curieux dans une abbaye d’hommes. Ce sont des Augustins. Les explications données, l’intérimaire de l’intendant vient nous accueillir et nous conduire à l’hôtellerie. Le contact est chaleureux. En habit de clergyman, pipe au bec, il nous emmène vers des bâtiments annexes où nous découvrons des chambres très correctes même si les sanitaires se trouvent sur le palier. A la question de savoir si nous pourrons dîner à l’abbaye, il nous est répondu que la réponse pourra nous être donnée après la messe de 18h.

Le temps libre est mis à profit pour aller faire nos courses à la supérette du village, puis passer à l’Office de tourisme. Là, un homme très disponible nous fait part des éléments disponibles sur la Via Francigena. Il nous montre un joli classeur sur les différentes étapes du chemin en Suisse et se montre intéressé par notre périple. Il est rare de trouver des gens aussi disponibles. A 17h. Nous effectuons la visite du site archéologique et du trésor. C’est fort intéressant de voir l’évolution de ce lieu depuis la première petite église posée au pied de l’aplomb rocheux. Le trésor est conservé dans une chambre forte ; pas étonnant vu la richesse des pièces conservées. Le guide, jeune étudiant en histoire, manque un peu de pédagogie et de patience. Mais tout ne peut pas être parfait !

Après la messe, à laquelle nous sommes étonnés de voir de nombreux participants, nous attendons la venue du Père qui nous a accueillis. Il vient nous dire que le Père Abbé nous attend à la sacristie. Monseigneur Roduit est là, dans sa grande robe noire avec l’immense chapelet qui pend, et de suite, on comprend que c’est un homme chaleureux et attentionné. Il nous emmène dans une magnifique salle à manger préparée pour nous. En chemin, il nous dit sa passion pour la Via Francigena qu’il parcourt lui-même depuis Rome avec l’intention d’atteindre Canterbury. De fait, il chemine en reconnaissance avec un géographe et un géomètre ; ils établissent le parcours et des cartes. Puis, il emmène tous les ans un groupe de pèlerins pendant une semaine.

Après dîner, il reviendra nous souhaiter un bon repos, marque d’attention étonnante pour ce supérieur d’une communauté de 40 pères. Demain, c’est samedi, les laudes sont plus tard, nous dit-il. Donc 7h30 au lieu de 6h30. Ouf ! Nous regagnons notre chambre avec une vraie paix intérieure après avoir écrit quelques mots dans le livre d’or.

Hébergement à L'Abbaye St Maurice

Accueil : très bon

Conditions de logement : bonnes

Prix : ce que l'on veut

De St Maurice à Martigny