10 - Dimanche 26 avril 2009 - D'Altopascio à San Miniato Alto

Le chemin de Frère Cadfael

C’est dimanche aujourd’hui. Quelle galère va nous tomber dessus ? Dès la sortie de l’hôtel, il se met à pleuvoir. Il faut croire que le bon dieu n’attendait que cela. Petit déjeuner au café du coin. Scène vue ce dimanche matin : une dame âgée entre, commande una grappa, la boit cul sec et s’en va. Nous faudrait-il de ce carburant pour une journée qui va se révéler galère de chez galère ?

La pluie fine va devenir déluge au fur et à mesure que la journée va avancer. Nous faisons beaucoup de route, beaucoup trop. Ces routes sont très empruntées par des automobilistes qui n’ont rien à faire de fous sur pattes. On prend autant d’eau de la route que du ciel. Encore une fois, tout est trempé, y compris le sac photos sous la cape.

De Ponte a Cappiano à Fucecchio bas, le moral est au plus bas. La vue est masquée par un rideau continu de pluie ; il n’y a pas de trottoirs mais des grosses flaques qui sont autant de douches gratuites. Inutile de vous énumérer la liste des gros mots qui ont émaillé ce parcours. Comme Elisabeth, je désespère d’atteindre San Miniato aujourd’hui. Nous avons bien ce qu’il faut dans le sac à dos pour déjeuner, mais où ? Décision est prise de s’arrêter dans le premier bistro venu. Comme à Cassio, nous laisserons de belles traces de notre passage dans ce café de Fucecchio où nous déjeunons de sandwiches et, surtout, d’un bon café chaud. Le couple d’autrichiens, perdu de vue depuis Lucca, arrive, aussi trempé que nous.

Mais il faut bien repartir. A travers les vitres, la pluie donne l’impression de se calmer. Quelques centaines de mètres plus loin, un car s’apprête à partir pour San Miniato. Il nous reste 8 petits kilomètres – 2 heures de marche. Allez, courage ! D’un commun accord, nous tournons le dos à la facilité. La traversée du pont sur l’Arno sera difficile. Les bas côtés ressemblent à des piscines. Au prix d’un dernier gros effort, nous nous retrouvons à l’entrée de l’abbaye de San Miniato Alto où nos amis, mais quelle route ont-ils prise, sont déjà arrivés. Nous avons eu beau sonner, patienter, visiter l’église, personne ne répond quand un frère rencontré dans l’église nous fait comprendre que c’est dimanche et que « piano piano », chaque chose en son temps. Il viendra nous ouvrir les portes de l’abbaye peu de temps après et l’hôtelier nous conduira à notre chambre du plus grand confort.

Tout n’est cependant pas noir dans cette journée. En quittant la SP 15 après Chimenti, vous empruntez un bout de chemin historique remis en valeur par la commune de Galleno. Les explications échelonnées sur ce tronçon méritent que l’on s’y arrête. Et puis, dans le village, la libraire se fera un plaisir de tamponner votre crédentielle.

Puisque nous sommes dimanche, nous sortons pour aller entendre la messe à la cathédrale dans une vieille ville remarquable. Il n’y a là que quatre participants. Difficile de suivre le sermon. La fatigue a bon dos pour expliquer notre incompréhension de la langue quand elle est parlée trop rapidement.

Nous avons l’honneur et l’avantage de dîner à l’abbaye avec les membres (restants) de la communauté aux côtés de nos amis autrichiens. Un père, dont on nous dit qu’il a 96 ans, mange difficilement et a besoin d’une grande assistance. Le repas est abondant à défaut d’être succulent.

Les libations terminées, nous récitons les vêpres à table (le livret se situe sous la table au droit de chaque place !) avant de rejoindre nos chambres pour un repos bien mérité dans un silence remarquable. Tiens, petite curiosité de cette communauté : il y a un frère petit, bedonnant, tonsuré, en bure noire avec une cordelette. C’est comme cela que je vois Frère Cadfael dans la série d’Ellis Peters.

Hébergement : Convento San Francesco

Accueil : très bon (avec de la patience)

conditions de logement : excellentes

Prix : raisonnable

De San Miniato à Gambassi