19 - Dimanche 19 août 2007 - De Martigny à Orsières

Le chemin du vertige

C’est dimanche aujourd’hui, le troisième du parcours. A quelle tuile faudra-t-il s’attendre ? Nous prenons le petit déjeuner à 7h30 de manière à partir tôt pour cette étape de 20 kms très montante qui risque de nous faire souffrir. Au moment de régler la note, l’hôtelière refuse ma carte internationale sous le prétexte que la mémoire de la machine est pleine. Rien n’est négociable. Il faut retourner au centre ville pour retirer l’argent nécessaire. La journée commence mal et je ne cache pas ma mauvaise humeur au moment de remettre l’argent liquide. Certes, la Suisse n’est pas en Europe, mais adopter des attitudes rétrogrades à ce point !!!!

Le temps est gris ce matin. Décidément, la journée s’annonce sous les plus mauvais auspices. A la sortie de Martigny, le chemin se confond avec un parcours santé. Est-ce le bon chemin ? Je me souviens avoir lu dans un récit de pèlerins qu’il valait mieux cheminer… mais au fait où, à droite ou à gauche de la Dranse. Eh bien, allons-y puisque nous sommes engagés ; la rivière est à main droite. Comme mise en jambes, c’est costaud, très costaud. Les montées sont « mortelles », presque à la verticale. Nous avons l’impression de faire du sur place, le souffle coupé. Dans le doute, nous interrogeons une dame qui fait son footing du dimanche. Oui, nous sommes bien sur un chemin à mi-pente qui mène à Bovernier. Nous apercevons à fond de vallée des villages qui mettent des heures à disparaître de notre vue, confortant notre impression de faire du sur place. Bientôt, tout se complique. Certains passages sont équipés. Il faut se tenir aux chaînes fixées dans le rocher, franchir de petites passerelles métalliques au-dessus du vide. Autant dire qu’Elisabeth n’est pas du tout à son aise. Pourtant, vers 10h, nous approchons de Bovernier en pénétrant dans des vignes. Cela va nous permettre de changer de rive de la Dranse. Dans le village, nous cherchons un coin pour poser nos sacs. Sitôt assis sur un banc, un vieux monsieur vient nous dire que nous ferions mieux de faire quelques centaines de mètres jusqu’à un lavoir qui pourra nous accueillir. Chose dite, chose faite. Le lavoir est tout neuf et comporte des tables et des bancs sous abri pour le pique nique. Magnifique

Une fois restaurés, nous poursuivons notre parcours jusqu’à Sembrancher, en montant et descendant, parfois en luttant avec les orties, mais sans vraies difficultés comme celles que nous venons de vivre. Sembrancher est un village qui n’en finit pas, autre village rue dont on ne sort jamais. Sur un trottoir, je fais la connaissance d’un français en train de garer son vieux combi Volkswagen devant un café, son café. Il est installé là depuis longtemps et nous propose de rentrer prendre un café. Nous déclinons l’invitation car la route est encore longue. Sympa quand même. Dès la sortie, il faut encore grimper dans un magnifique paysage de montagne. Lorsque le lieu s’y prête, nous étalons les capes face à un paysage de rêve. Le ciel commence à se couvrir mais cela tiendra bien le temps de manger et de dormir.

Nous arrivons à Orsières vers 16h15 alors que les premières gouttes se manifestent. L’hôtel des Alpes, situé sur la place principale du village, n’est pas si facile à trouver car la peinture de l’enseigne date d’un autre temps. C’est à nouveau un hébergement de luxe bien que nous ayons pris une chambre avec sanitaires sur le palier. Le dépliant placé sur la table nous apprend que c’est une des meilleures tables de Suisse. Damned !

Combien allons-nous payer le repas ?

Un séjour à la terrasse devant un rafraîchissement nous donne l’occasion de regarder la carte, juste histoire d’avaler de travers.

Nous nous contenterons chacun d’un plat unique, pour la modique somme de 75 francs suisses (un excellent pot au feu pour moi) arrosé d’un modeste Goron qui trônait dans son seau à glace. Quand nous avons osé nous en resservir, la serveuse s’est précipité en disant : « Mais non, c’est à moi de servir. » Excusez-nous, Madame !!!

Il pleut dans ce petit village de montagne, ce qui n’annonce rien de bon pour demain. Il faudra pourtant bien passer de 800 m d’altitude à 1649 m ! « Laissez-vous mener par l’Esprit sur les chemins de la justice… »

Hébergement à l'Hôtel des Alpes

Accueil : très bon

conditions de logement : excellentes

Prix : si on parlait d'autre chose ! (très très bonne table)

De Orsières à Bourg St Pierre