10 - Jeudi 7 août 2008 - De Vercelli à Robbio

Le chemin des rizières

A huit heures, quand nous quittons le couvent après une nuit agitée, Elisabeth ayant livré bataille une bonne partie de la nuit avec les moustiques alors qu’ils ne veulent pas de ma vieille peau, le Père Alberto est en prières dans la chapelle. Nous ne le dérangeons pas.Le bus de 8h20 nous dépose près du pont sur la Sesia, via Liberta. A 8h30, sur le Corso Matteotti, deux pèlerins quittent à regret une ville vraiment attachante. « Nous continuons la caravane des peuples de la longue nuit… »

Après un petit bout de parcours sur la SS 11, aussi passante et dangereuse que les autres, nous rejoignons un chemin tranquille et très bien balisé. Nous découvrons les rizières, et quand je dis découvrir, c’est bien la première fois que je vois de telles cultures. Il fait vite très très chaud et les moustiques poursuivent assidûment Elisabeth. De temps à autre, nous dépassons de grands corps de ferme, beautés décaties, restes de richesses disparues ? De grands oiseaux blancs montent la garde sur les digues et s’envolent lourdement à notre approche. Sur un toit, une chouette nous regarde puis décide de prendre le large.

A Palestro, petit village sans vie apparente, nous faisons une halte ravitaillement. Trempés de sueur, le sac jeté sur l’épaule, nous sortons du village, à la recherche de l’ombre pour boire et manger les yogourts tout juste achetés. Sans doute notre attention s’est-elle alors relâchée. Nous repartons de bon cœur, dans la bonne direction générale, mais sans indications, sans balisage. Et nous marchons, marchons sous un soleil de plomb : petite route asphaltée sans circulation ou presque. Le moral fond au soleil. Perdus ? Sans doute car nous devrions déjà être en vue de Robbio. Un couple de cyclistes nous renseigne en anglais sur ce que doit être le chemin de Robbio. Poursuivre un peu puis tourner à gauche toute. Et la marche reprend. Elisabeth s’alimente de temps à autre à ma bâche car la sienne est hors d’usage. Et pas de tourne à gauche. Voilà de nouveau un cycliste, genre retraité cycliste tout équipé qui fait le même circuit tous les dimanches, même si aujourd’hui c’est jeudi. Lui en italien, moi avec ma fiche VF, nous nous expliquons. Nom d’un chien, où est Robbio ?

Et lui part d’un grand éclat de rire et nous signifie avec humour que le chemin le plus court pour aller d’un point à un autre, c’est la ligne droite. Nous sommes tout simplement en train de parcourir les deux autres côtés du triangle. Rivoltella est tout prêt, et quand nous y serons, il restera encore cinq kilomètres à faire. Une bagatelle de 4 à 5 kms de trop sous une chaleur torride ! Mais, enfin, nous savons précisément où nous sommes ! C’est fondamental pour le moral. Nous décidons de poursuivre jusqu’aux abords de Robbio pour déjeuner. A 13h30, nous jetons nos sacs au bord d’un canal, et nous nous allongeons pour récupérer un peu. Après déjeuner, nous nous endormons sans façon.Vers 15h30, nous reprenons notre cheminement vers la Via Roma. Simone, allure décontractée et cheveux longs (pour un coiffeur !), très affable mais ne parlant que l’italien, nous emmène vers les locaux communaux. Avons-nous compris qu’il exerçait la fonction de président de l’AIVF pour l’Italie ou pour sa région ? Cela reste à éclaircir. Après quelques temps d’attente, un ou deux coups de portable, on nous ouvre un local.

L’optimiste dira que c’est une chambre avec deux lits et un peu de bazar à côté. Le pessimiste prétendra que c’est un foutoir avec deux paillasses déformées dans un coin. Allez-y pour vous faire une idée. On y trouve de tout, des guirlandes de Noël et autres babioles toutes plus poussiéreuses les unes que les autres.

Comme nous nous apprêtions à dormir de nouveau, l’employé communal nous hèle. Il veut nous montrer le fonctionnement des clés du grand portail et s’assurer que nous fermerons bien les portes ce soir et demain en partant. Pourquoi les italiens parlent-ils à la vitesse du TGV ?

A 19h30, il n’y a personne pour nous dire où dîner et pas plus à 19h45. Il faut pourtant bien trouver une solution. Quelques incursions dans les rues de Robbio ne satisfont pas notre recherche. Après discussion, une dame se propose de nous emmener à un « restaurente » qui se trouve, de fait, à quelques pas de notre gîte. Très bien, très chic, très cher.

Petit maquereau mariné aux oignons en amuse gueule, puis Flan aux herbes et crevettes chaudes, Carnaroli aux fèves fraîches et au lard, Carpaccio d’autruche aux fleurs de câpres et aux tomates confites, feuilleté aux pêches et sa glace à la vanille. Le tout est arrosé d’un verre de Riesling italien, excellent, que le maître viendra nous resservir « gratis ». Sympa !

Quand nous quittons la table, repus et réconciliés avec les affres du chemin, les clients arrivent. Merci monsieur et félicitations. Tout était bien, y compris votre sourire et celui de madame.

Hébergement dans le logement communal (voir Simeone Accordo)

Accueil : très bon

Conditions de logement : passons!

Prix : gratuit

De Robbio à Mortara puis Pavie

Les cascines

On rencontre aujourd’hui encore, de manière isolée, les "cascines", de grandes fermes datant des débuts de la riziculture, qui formaient une sorte de village avec une église, un cimetière et une petite auberge. De nombreuses familles habitaient ces constructions, bâties pour faire face aux exigences d’une agriculture (riz) très importante et qui ne cessait, à l’époque, de croître. Elles se développèrent et furent fortement encouragées, dès le début du 12ème siècle, par les moines cisterciens, fondateurs de diverses petites ou grandes communautés de la région.