04 - Jeudi 2 août 2007 - De Arc à Rolampont

Le chemin sans fin

L’orage et la pluie ont habillé la nuit : un manteau gris enveloppe le petit matin. Nous avons pleinement profité d’un calme remarquable. A l’heure dite, le petit déjeuner, servi dans la véranda donnant sur le parc, nous attend. C’est un moment fort de notre séjour. La conversation est familiale, intime, sans retenue. Madame nous parle de son mari assez récemment disparu, de ses enfants, s’inquiète des nôtres, et il nous faut presque écourter l’échange : la route attend. Au moment du départ, elle tient à nous accompagner jusqu’au chemin. Cela fait chaud au cœur mais c’est aussi dur…de laisser si vite quelque chose de si jeune.

« Nous peuplons chaque instant de ce qui nous habite et nous prêtons nos voix aux mots du paysage. » Le chemin grimpe rapidement dans les bois et c’est sans difficulté, enfin presque car il n’y a pas de balisage, que nous trouvons « La sommière du Bon Dieu ». Ce sera l’occasion d’apercevoir une nouvelle fois de nombreuses « biquettes ». De nos échanges avec les locaux, nous retenons que cette espèce prolifère à tel point que la chasse est autorisée toute l’année pour ceux qui détiennent des bagues non consommées. Nous en verrons même dans les champs à l’approche de Bugnières. Le temps est frais, venteux et les chemins sous bois très humides : la terre colle aux souliers. Bugnières est atteint en milieu de matinée. C’est l’occasion d’une pause. Dans ce village, on produit du rubis de groseille. Nous posons nos sacs à l’abri du vent car il fait bien frisquet pour un mois d’août. Un quart d’heure plus tard, nous reprenons notre cheminement qui doit nous conduire, par-dessus l’autoroute, à Leffonds puis à Faverolles. Quelques mètres avant l’autoroute, un croisement de routes laisse perplexe : tout droit, Leffonds, à gauche Mormant et son abbaye, et à droite, vers… une possibilité de rejoindre directement Faverolles à travers bois. Enfin, c’est ce que l’on croit lire une nouvelle fois sur la carte au 1/100 000ème. Allez, c’est parti. Très vite, la route devient chemin puis chemins, puis galère.

De vagues marques nous laissent penser que nous sommes sur un chemin. Mais, voilà un gazoduc, puis un oléoduc, puis une barrière sur laquelle il est écrit, pour ceux qui viennent en sens inverse, « Entrée interdite ». De là, un chemin goudronné nous met sur la route de Marac. Tiens, voilà la première marque de la Via Francigena !

Il est plus de midi quand nous entrons dans Marac à la recherche du coin idéal pour la pause de midi. Nos pas nous entraînent jusqu’au bord de La Suize. Là, à l’ombre des arbres, avec la possibilité de tremper les pieds dans l’eau, les randonneurs s’installent confortablement, à proximité du pont classé monument historique, construit en 1769 par Claude Nicolas LEDOUX. En face, on peut admirer un magnifique colombier au toit de tuiles rouges. La vie est belle ! Vers 14h30, il faut bien se décider à repartir. Il reste au moins 7 kilomètres à parcourir. Certains après-midi, la marche paraît plus dure. La route n’en finit pas ; elle monte et descend : elle se déroule sans fin.

Voilà enfin Rolampont. Cette ville fut donnée au chapitre de Langres en 834. Commune de 1600 habitants, elle compte de nombreux objets classés « monument historique » dont un pont romain, une église du 13ème et deux tuileries. Ce soir, nous n’en verrons que la zone d’activité.

A un coin de rue, un homme engage la conversation avec les questions traditionnelles : « D’où venez-vous ? Où allez-vous ? » Le diabète l’empêche de faire des efforts de cette nature, mais il aime bien la marche. L’hôtel de La Tuffière (nous ne verrons pas cette très célèbre curiosité de la nature que sont les tuffières) se situe dans la zone industrielle, pas très loin de l’échangeur de l’autoroute.

Contrairement à ce que nous avons vu jusque là, l’hôtel est très fréquenté, essentiellement par une clientèle étrangère en transit nous dira l’hôtelière. Les Hollandais en font un point d’étape. L’accueil est attentif, genre matrone qui fait la gentille. La chambre, confortable, est conforme au standard.

Au moment de dîner, il y a beaucoup d’agitation en salle. Il faudra patienter pour avoir la carte. Nous choisissons du kangourou et un vin de pays consommable (Pays de Coiffy). Mais la bête n’est sans doute pas encore morte car l’attente se prolonge, encore et encore. Pour le dessert, l’hôtelière vient présenter des excuses : le cuisinier est malade et absent d’où les difficultés pour suivre le rythme. Rien de grave, nous logeons sur place !

Hébergement à l'Hôtel de la Tuffière

Accueil : correct

Conditions de logement : correctes

Prix : normal

De Rolampont à Chalindrey