08 - Lundi 14 mai 2007 - De Vitry à Chavanges

Le chemin des animaux

« Un caillou pour aimer la terre, un visage pour fêter Dieu…. » Après une nuit climatiquement agitée, nous nous levons à 8 heures, décidés à ne pas faire totalement à pied les 30 kilomètres qui nous séparent de Chavanges. (nous sortons de la Marne pour entrer dans l’Aube). D’ailleurs, les pieds d’Elisabeth ne le supporteraient sans doute pas sans casse. Pendant le petit déjeuner, nous appelons le taxi, copain de l’hôtelier, qui accepte de nous emmener à Arzillières Neuville. Nous économisons la sortie de Vitry et dix bons kilomètres.

A 9 heures précises, il est là, ce qui m’a permis d’aller faire les courses de la journée à la supérette du coin. Le chauffeur se révèle bavard et curieux. En ¼ d’heure, il nous fait faire le chemin sur lequel nous aurions sué pendant 3 heures. Encore une fois, il fait temps gris. Allez, prenons courageusement le chemin de Chavanges ! Nos yeux s’étaient habitués aux grandes étendues céréalières dénuées d’arbres. Entre Arzillières et Gigny Bussy, nous marchons sur la frontière entre une terre riche et des prairies de boutons d’or broutées par les premières vaches depuis longtemps. Nous frôlons la Champagne pouilleuse. Ce n’est qu’à Arrembecourt que nous retrouverons de grandes étendues céréalières. Au pied du lavoir de Gigny, nous faisons halte sur un banc pour grignoter. En face, derrière ses rideaux, une dame nous observe.

Avant Drosnay, nous passons entre des étangs que se partagent une multitude de canards. Quatre beaux chevaux nous font la fête. Encore une fois, sans ses distractions naturelles, la route paraîtrait bien longue, quasiment uniquement composée de goudron. Nous croisons un camion Pressac de l’Oie. Les souvenirs resurgissent – les copains et les copines du même âge, Dodo qui a fait un enfant au lieu de passer son bac. Souvenir, souvenir, mais cela aide à marcher.

Après un élevage dressage de chiens, boucan assuré toute la journée compte tenu du nombre d’animaux qui se trouvent là, à l’orée d’un bois de peupliers, nous faisons halte bien que le soleil ne soit pas de la partie. Au moment de lever le camp, nous apercevons un chevreuil qui broute tranquillement à une centaine de mètres. Cool ! Comme l’étape précédente, dans les villages, il existe encore de merveilleuses maisons à ossature bois fort bien entretenues et rénovées. C’est un plaisir pour les yeux et il est important de conserver ce patrimoine.

Dans la traversée d’Arrembecourt, un villageois en vélo nous rejoint et fait la causette. Quand nous lui disons que nous venons de Laon, il nous répond qu’il est en réunion d’anciens et que, parmi eux, il y a un ancien laonnois.

Encore une fois, nous avons mal calibré notre temps de parcours : il est tôt quand nous entrons dans Chavanges dont on aperçoit le clocher bien longtemps avant d’arriver. C’est toute la différence avec le chemin de Compostelle sur lequel tout le monde s’est habitué, encore plus en Espagne qu’en France, à voir les pèlerins arriver dès le début de l’après-midi. Qu’à cela ne tienne, un abri bus nous abrite pour le goûter.

L’hôtel Au bon accueil est facile à trouver dans ce petit village chef lieu de canton qui a fait la fête la veille. Là aussi, notre chambre n’est pas prête. Nous patientons au bar devant une bonne bière. L’hôtel est modeste, l’escalier qui conduit aux chambres plutôt raide, la douche et les wc sur le palier. Mais ce jeune couple se montre fort sympathique et attachant. Leur acharnement à vouloir faire tourner ce lieu mérite soutien. Sandrine, qui ne peut plus cacher son état, devrait accoucher d’une petite Capucine courant Juin.

La cuisine familiale et sans prétention contente largement des randonneurs plus en attente de calories que de raffinement. Pendant le repas, nous satisfaisons la curiosité de deux ouvriers d’une entreprise de nettoyage sous les lignes à haute tension qui semblent des habitués de la maison. Il est vrai que tout le monde pense que nous allons à Compostelle. La remarque va sans doute nous être faite encore pendant un bon bout de chemin, car c’est effectivement une des routes pour rejoindre Vézelay.

Hébergement à l'Hôtel Bon Accueil

Accueil : excellent

Conditions de logement : sommaires mais bonnes

Prix : pas cher

De Chavanges à Brienne le Château