15 - Mardi 14 août 2007 - De Jougne à Orbe

Le chemin de la Suisse

Le grand beau temps fait plaisir à voir. Pourvu qu’il s’installe durablement car ce n’était pas le pied jusque là. Le parcours nous permet de découvrir que Jougne est un vrai village, assez étendu, dont nous n’avions vu que les premières maisons en arrivant hier soir. En fait, il est composé de 7 hameaux qui rassemblent près de 1 200 habitants. C’est depuis toujours un point de passage obligatoire entre les régions du Nord et de l’Est de l’Europe et celles du Sud. Sur son territoire subsistent deux chapelles dédiées à St Claude et St Maurice. Tiens !

Rejoindre la chapelle Saint Maurice par une descente rapide puis suivre le sentier balisé qui devrait nous emmener sans soucis en Suisse. Cette chapelle Saint Maurice nous plaît bien. Sigeric aurait pu la voir, au moins ce qui existait avant l’an mille, mais légende ou réalité ?

Jougne c'est aussi une rivière : la Jougnena qui appartient au bassin de la Mer du Nord, donc le col de Jougne est sur la ligne de partage des eaux. Justement, le sentier balisé suit la Jougnena. Sur ses rives, on retrouve des traces de l’activité métallurgique qui semble maintenant avoir laissé la place à des pêcheries de truites. Aux Echampés, dernier hameau de Jougne avant la frontière (il a encore fallu grimper pour arriver là), nous tombons en arrêt devant une rue Jules César. En existe-t-il beaucoup en France ? Nous sommes donc bien sur le chemin de Rome

Et soudain, au bout d’un chemin de terre, nous découvrons la pancarte « Attention douane – Passage interdit ». En fait, à part une vieille borne datée de 1832, rien ni personne n’empêche le passage. Nous pouvons filer tranquillement et quitter l’Union européenne sans formalités. Franchir une frontière, c’est toujours un moment qui ne laisse pas indifférent. Je sais, c’est idiot, mais !

Quelques pas plus loin, une belle ferme attire notre attention. Elle borde les restes d’une voie romaine dont les seuls témoins sont une grosse borne et un panneau explicatif. Nous filons jusqu’à Ballaigues, premier village suisse bien calme. Sur le banc, face au Saut du Day, nous savourons un instant de repos. De là, nous croyons prendre le chemin direct pour Les Clées et je me fais « engueuler » car j’opte pour un chemin à flanc de coteau alors qu’il aurait sans doute fallu descendre au bord de l’Orbe, encore

que ? Ces chemins sont en béton, ce qui paraît courant ici. Qu’à cela ne tienne, les paysages sont beaux. Dommage que nous soyons obligés de jouer à cache-cache avec la nationale 9 qui passe, majestueuse et haut perchée au-dessus de nos têtes, sur de magnifiques ouvrages d’art. Quelques prunes traînent sur les bas côtés. Le balisage jaune du tourisme pédestre suisse est bien visible. Curieuse devise sur ces panneaux : « Liberté et Patrie ». Et puis, soudain, au détour d’une petite route empuantie et pleine de bouses, nous dominons Les Clées. Vu d’en haut, c’est un village absolument magnifique. Nous y faisons notre deuxième halte au pied de l’église. Comme en France, ces villages sont déserts.

Face à nous, un panneau signale un chemin pédestre pour Orbe. Il n’y a qu’à suivre le chemin des gorges de l’Orbe, qui nous paraissent autrement plus faciles à parcourir que celles de La Loue. C’est une réserve naturelle dans laquelle les castors ont été réintroduits.

Nous descendons sur Orbe en longeant la conduite forcée et en faisant le tour d’une centrale extrêmement bien protégée. Le chemin longe des stades dont la luxuriance ne manque pas de nous étonner. Quelle richesse à Orbe pour, en plein été, entretenir des pelouses à un tel niveau de tonte et de verdure ? Mais tout s’explique. Du temps de Sigeric, Orbe appartenait au 2ème royaume de Bourgogne. Mais elle ne tient pas sa richesse de ce temps là. En 1938, Orbe était le premier producteur mondial de café soluble. Et la célèbre maison Nescafé est toujours là. CQFD.

Quelqu’un nous indique l’Hôtel du Chasseur dans lequel nous avons réservé une chambre. Il est à deux pas de la gare, ce qui nous convient bien car demain nous rejoindrons Lausanne et notre fille en train. Quand nous pénétrons dans l’hôtel, nous ne semblons pas très attendus. Curieux ! La patronne vérifiera deux fois dans son livre, une fois au mauvais jour et une fois au bon jour pour finalement nous avouer qu’elle nous a oubliés. « Mais je vais téléphoner au Motel pour vous, ce n’est pas loin : dix minutes en voiture ; » « Nous sommes à pied, Madame, et nous avions réservé » « Je vais vous emmener au motel et, demain matin, vous demanderez à la patronne de vous ramener, vous verrez, elle est très gentille ».

De fait, elle nous prend en charge devant l’hôtel sans quitter son volant, nous emmène au Motel des Mosaïques, près du musée des Mosaïques.

Elle nous largue littéralement sur le parking de cet établissement. Là, si l’accueil est sympathique, il n’en est pas moins intéressé. Le prix est le double de ce que nous avions réservé et il n’est pas question de dîner. L’hôtesse s’étonne de ce que la dame n’ait pas pris en charge la différence de prix (on comprend pourquoi elle a évité de descendre de sa voiture). Pour le prix, la chambre est très correcte.

Pour dîner, il faudra marcher jusqu’à la piscine. Repas simple sur la terrasse face aux bassins. D’accord avec le serveur (français), le vin rosé d’Orbe ne vaut pas tripette. Décidément, il est temps que la journée se termine. Au retour, nous restons en admiration devant un cours de dressage de chiens. Le carnet de bord me dit : « Salve Regina, Mater misericordiae.. » Bon, allez, bonne nuit !

Hébergement au Motel des Mosaïques

Accueil : très bon

Conditions de logement : excellentes

Prix : pas donné

De Lausanne à Ollon