04 - Jeudi 10 mai 2007 - De Mailly à Condé sur Marne

Le chemin des bulles

Les premières lignes de mon carnet de bord s’accordent bien avec le début de notre parcours de ce jour. « Tu es le dieu des grands espaces et des vastes horizons… »

Il va faire très beau aujourd’hui. C’est avec une joie et un entrain nouveaux, et aussi avec soulagement , que nous quittons ce lieu. Dès la limite du bourg, nous empruntons un beau parcours au milieu des vignes. Malgré l’heure matinale, tous les vignerons s’agitent. Les traitements sont en cours. Très vite, nous abordons Verzenay, son moulin d’abord, son phare ensuite. Curieusement, le GR évite le centre du village et s’entête à vouloir nous faire passer au pied du phare transformé en musée de la vigne. Après quelques hésitations, le chemin de Verzy apparaît. Dans le village, dans lequel on descend (cela veut dire qu’il faudra remonter), nous faisons des courses et le pharmacien délivre une explication « coincée » sur la différence entre antiseptique et aseptisant. Un autochtone, interrogé sur la manière de rejoindre la RD 34, se perd dans la lecture de nos cartes. En un mot, il faut retourner à notre point d’entrée dans le village, grimper sec ce qui a été descendu allègrement. L’effort demandé (forte montée) pour atteindre la route forestière des Faux vaut le coup. Soudain, on retrouve le grand, le très grand calme – la forêt est belle sous le soleil de cette journée. Nous débouchons sur les hauts de Trépail et un talus d’herbe verte nous tend les bras pour l’arrêt pique nique et la sieste. Voilà les premiers coups de soleil. Ce soir, nous rigolerons de notre bronzage agricole ! La ronde des tracteurs crachant leur « produits bios » que le vent nous apporte contraint à lever l’ancre. Le redémarrage s’avère toujours délicat. Les articulations grincent, les pieds rechignent. Peu avant Ambonnay, un viticulteur se prête au jeu de la conversation. Notre curiosité va à une curieuse plaquette marron accrochée partout sur les fils. Qu’il soit remercié pour sa gentillesse et pour les explications détaillées qu’il a bien voulu nous donner. Ces fameuses féromones ont été l’occasion de parler du métier, de ses avantages et de ses problèmes. Le champagne se porte bien : nous sommes rassurés. « Mais il faut que je travaille, nous dit-il soudain ; je suis à la retraite mais … ; ma fille m’emploie à la journée. » D’Ambonnay, joli village, on retient que l’Auberge Saint Vincent devant laquelle nous passons a bien fait ne pas accepter notre réservation : c’est trop beau, qu’un viticulteur a une magnifique enseigne que nous avons immortalisé, que le curé a remplacé une des portes de l’église par du grillage à poules, ce qui permet de voir à l’intérieur sans ouvrir les portes à ceux qui voudraient se recueillir Une route toute droite nous mène à Condé dont on se dit que le clocher est décidément trop prêt pour être vrai. Les céréales ont repris la place des vignes.

A 17h, nous sonnons au 7 rue Barré.

C’est décidément une très bonne journée. Sur le chemin de Compostelle, nous avions déjà constaté que de bons moments suivent toujours immédiatement une journée difficile. Bruno, qui nous accueille, se révèle l’inverse de Madame Non. ; c’est un homme qui déborde de gentillesse et d’attention. La chambre dans laquelle il nous accompagne est « monstrueuse ». Espace, goût, équipement au top. Du rêve ! Il nous attend pour dîner à 19h. Inutile de parler du prix qui correspond à son attachement personnel pour les pèlerins.

Bruno vit seul. Militaire à la retraite (qu’il a dû prendre tôt), il a transformé la ferme de ses arrières grands parents en chambres d’hôtes. Membre du conseil municipal de Condé, membre actif de l’association départementale des gîtes de France, il parcourt l’Europe inlassablement. C’est un fan du Portugal, connaît l’Afrique, va en Belgique acheter ses voitures. Il cuisine très bien et nous servira de merveilleuses asperges de Condé. Il accepte de laver notre linge dans sa machine.

A table, il partage notre repas. Un autre couple de retraités parisiens nous accompagne. Bonne nourriture, bon apéritif, bons vins : nous oublions presque que nous sommes des pèlerins marcheurs. Les voyages alimentent la conversation .

Attention, le petit déjeuner ne sera pas servi avant 8h30. Dormez nous dit-il ! Les lits sont séparés. « Je donne toujours des lits séparés aux pèlerins. Je ne sais pas pourquoi ! dit-il dans un éclat de rire. Demain sera un autre jour. « Je ne vois qu’un moyen de savoir jusqu’où l’on peut aller, c’est de se mettre en route et de marcher. (Henri Bergson).

Hébergement B&B Barrault

Accueil : merveilleux

Conditions de logement : royales

Prix : défiant toute concurrence

De Condé sur Marne à Chalons