10 - Mercredi 16 mai 2007 - De Brienne à Bar sur Aube

Le chemin des ancolies

Encore une fois, l’étape que nous avions chiffrée à 25 kms mais dont on nous dit qu’elle fait plutôt 30 nous paraît trop longue compte tenu des ampoules, de la fatigue et du temps annoncé. Le taxi que nous avons joint hier soir ne peut nous prendre qu’à 7 h 30. Petit déjeuner à 7 h et à l’heure dite nous sommes prêts.

Le chauffeur, très bavard et commerçant (dans son intérêt) va nous emmener jusqu’à Dolancourt au lieu de Jessains que nous avions initialement demandé. Il a fait une partie du chemin de Compostelle et regrette de n’avoir pu le faire dans sa totalité. Il en a quand même ramené une épouse espagnole. Quand il nous abandonne sur le bord de la nationale 19, très fréquentée, il pleut à verse. « Par les cieux devant toi, splendeur et majesté, … » Dès la sortie de Dolancourt dans lequel pas un chat ne se montre, nous rentrons dans les bois par une forte montée.

Cette montée nous permet découvrir les arrières de « Nigoland », un parc d’attractions supposons-nous. Une bonne partie du cheminement se déroule dans les bois ; cela tempère un peu les effets d’une pluie continue. Le chemin est bordé de magnifiques ancolies. Une biche et ses deux tout petits bébés sont là, à la lisière du bois. La maman m’observe puis finalement détale, abandonnant sa progéniture. On peut supposer qu’elle est revenue sitôt mon départ.

Dans Fravaux, on recherche un petit coin abrité pour grignoter une pomme. Ce sera finalement le lavoir du village qui va nous accueillir. Si un jour, vous avez la curiosité de vous arrêter là, regardez bien ce petit sanctuaire, là, dans le coin du lavoir.

A la sortie du village, le tracé du chemin se perd dans les feuillages et nous nous retrouvons au milieu des vignes. Rien de grave, tout revient dans l’ordre moyennant une petite marche arrière. A l’approche de Bar, le chemin est balisé pour un parcours du cœur qui a eu lieu ou qui va avoir lieu. Le chemin est à peine praticable ; il nous faut vraiment slalomer entre les trous et les mares pour ne pas s’embourber.

Soudain, le chemin procure une vue dominante intéressante sur la ville de Bar. La pluie cesse même si, au-dessus de nos têtes, les nuages font la course. Pourrions- nous trouver un petit coin pour s’asseoir et déjeuner ? C’est finalement sur un banc de Proverville, dont tout le monde sait que c’est la banlieue de Bar, que nous posons notre sac.

Assez rapidement, de nouvelles gouttes de pluie vont nous contraindre à renfiler les capes et à décamper. Il pleut bien vite à seaux. Bar est sans doute une jolie ville mais il faudrait la voir par beau temps, peut-être quand nous reviendrons cet été. Nous nous réfugions à l’Office de Tourisme pour acheter les dernières cartes postales puis au café du Commerce.

Elisabeth en profite pour joindre l’hôtel et connaître l’heure possible d’arrivée. 15 h est une heure envisageable. Nous en profitons pour faire le tour du vieux quartier de Bar, d’autant qu’il ne pleut plus.

L’hôtel fait face à l’église Saint Pierre. A l’heure prévue, la dame que nous avions contactée arrive, nous ouvre, encaisse, discute du chemin de Compostelle qu’elle voudrait bien faire, mais avec qui ? Elle nous annonce en vrac que l’hôtel va changer de propriétaire, qu’elle n’est qu’un intermédiaire, que nous sommes seuls ce soir dans l’établissement et qu’il ne faut donc pas perdre la clé de la porte d’entrée. L’établissement est modeste mais bien situé dans la ville.

Après la douche, nous allons visiter l’église Saint Pierre miraculeusement ouverte. C’est un édifice du XII ème construit sur l’emplacement d’un petit monastère de bénédictins venant de l’Abbaye de St Claude du Jura. Il faut y voir une curiosité, la vierge au bouquet, statue du XVIe.

Pour notre dernière soirée de ce premier trajet, nous nous offrons un repas très amélioré dans lequel des sculptures en cuillers, fourchettes et couteaux agrémentent les tables.

Mais le temps était-il meilleur pour Sigéric ?

En 987, en Lorraine et en Rhénanie, pluies d’automne diluviennes, inondations qui submergent les chemins, noient le bétail, anéantissent les récoltes. L’année suivante, au moins dans la région de Laon, la canicule est accablante et suivie de cataractes célestes qui déciment l’armée du roi de France Hugues Capet. En 990, printemps trop sec, été torride, automne malsain (pestilens), attestés dans le nord de la France, en Rhénanie, en Italie méridionale. En l’automne de 992, temps détestable qui détruit les récoltes en Germanie – où s’observent deux aurores boréales, le 30 octobre et le 26 décembre – et en Italie. Suit un hiver glacial qui dure jusqu’en avril avant de faire place à un été brûlant et terriblement sec.

La vie quotidienne en l’An Mille – Edmond Pognon

Hébergement à l'Hôtel Saint Pierre

Accueil : bon

Conditions de logement : vieillottes

Prix : normal

De Laon à Bar sur Aube

De Bar sur Aube à Bourg Saint Pierre