Il nous faut partir tôt, car, aujourd’hui, nous arrivons en Espagne et il n’est plus question de réserver les gîtes… alors il faut être dans les premiers arrivés et, de toutes façons, il n’est pas question de marcher l’après-midi..
Le soleil est à peine levé quand nous attaquons les premiers pas pour monter encore et toujours. Ce dimanche 31 juillet, 17 kms – dont 14 de montée – devraient nous conduire à Roncevaux. Dans cette montée, nous pensons fort à mes deux frères : :Pierre-Marie, que l’accident cardio-vasculaire, a privé de mémoire et surtout à Albert, qui a été emporté, en quelques mois, par un cancer.
Lentement, en profitant d’un panorama grandiose, nous passons la vierge de Baïkori, grimpons vers la croix Thibault, franchissons la borne frontière, entrons en Navarre.
Lorsque nous arrivons au col de Loepeder, d’où l’on aperçoit la collégiale de Roncevaux, on est déjà bien redescendu. Et nous nous arrêtons bientôt à l’ombre pour pique niquer et soigner les premières ampoules. Au puerto d’Ibaneta, (ou col de Roncevaux) après les hauteurs du matin, nous avons l’impression d’être en plaine. Il n’y a pas grand chose à voir et nous filons vers la collégiale, où l’accueil des pèlerins ne se fait qu’à partir de 16 heures : en attendant les sacs à dos font la queue
L’accueil est un peu militaire. Nous sommes priés de remplir un questionnaire sur les motivations de notre marche – questionnaire pour lequel les crayons sont attachés deux par deux à la table - ; nous sommes ensuite dirigés vers le gîte, une grange dîmière, où nous allons dormir à 100 dans l’immense dortoir. Il n’y a que 3 douches femmes et 3 douches hommes, mais l’organisation est telle que l’on n’attend presque pas. Avant l’extinction des feux à 10 heures précises, nous discutons avec notre voisine de lit qui a déjà fait le Chemin mais est venue uniquement pour la montée de Roncevaux qu’elle avait faite dans le froid et le brouillard. Malgré la foule, il n’y aura pas de bruit et nous dormirons très bien jusqu’à 6 h 30.