La pluie est là ce matin (6 août) quand nous quittons le gîte assez tôt (7 h 30) : Nous passons au roc des Loups et nous voici déjà sur les landes hérissées de rocher ; le village de Rieutort d’Aubrac nous séduit - malgré le temps qui nous oblige à garder pull et cape - avec ce magnifique abreuvoir notamment..
Au hameau de Montgros, que nous atteignons vers 10 h, les Belges qui ont dormi dans le très célèbre gîte de Rosalie émergent à peine.
Nous arrivons à Nasbinals, trempés et transis. Après avoir jeté un coup d’œil à l’église typiquement auvergnate et fait quelques courses alimentaires, nous nous réfugions dans un café pour tenter de nous réchauffer. Séchés, à défaut d’être réchauffés, il nous faut bien reprendre le chemin. Avant de quitter Nasbinals, nous rencontrons Maryse et Georges accompagnés d’un autre couple : nous apprenons que nous avons choisi le même gîte pour ce soir : nous nous reverrons donc. Depuis ce matin je sens comme une vacuité de l’esprit qui va aller en s’accentuant au fur et à mesure que nous nous élevons sur le plateau de l’Aubrac ; je sais maintenant ce que cela veut dire « être vide » : pas vraiment fatiguée, non ! seulement incapable d’accrocher une réflexion, une idée et continuant d’avancer, par habitude et parce qu’au bout il y aura le gîte.
Cette vacuité durera au-delà de la pause de midi, prise au beau milieu de nulle part sous la voûte de hêtres qui nous protègent du vent et de la pluie. Avec le temps qui s’éclaircit, mon humeur s’améliore lorsque nous faisons une pause vers 16 heures. Et bientôt se devinent au loin la dômerie d’Aubrac et la Tour des Anglais
Tous les guides le disent : la cloche de la dômerie était une bénédiction au milieu du « séjour de l’horreur et des vastes solitudes ». Je comprends parfaitement ce que devaient ressentir les pèlerins du Moyen-Age. Ce soir, nous logeons dans la Tour des Anglais. Accueil au 1er étage. : quand vient notre tour, nous apprenons que certains de ceux qui avaient réservé ont renoncé ; Claude qui avait échangé quelques mots avec un pèlerin anglais, se voyant obligé de chercher une grange, faute de place va à sa recherche ; pendant ce temps, je prends possession de nos lits au 3° étage de la Tour, pompeusement appelé « dortoir des Chevaliers ».et qui est en fait au 5°e niveau 1e surprise : les lits sont disposés, en quinconce à partir de la tête, autour d’un pilier central ; 2e surprise : les sanitaires sont …au niveau sous l’entrée…. .
Nous avons retrouvé Maryse et Georges qui logent dans le même dortoir que François et Evelyne ; douches et lessives faites, nous allons visiter la dômerie en leur compagnie et parlons de ce chemin que, eux, ont fermement commencé avec pour objectif d’arriver à St Jacques. Nous deviserons jusqu’à l’heure du dîner qu’ils confectionnent au gîte et que, nous, nous prenons dans une auberge : l’aligot ne vaut pas celui d’hier soir !…. Quand nous rentrons au gite dans ce village où ne restent que les rares « pèlerins », peut-être savons-nous déjà que nous ne sommes plus tout à fait simples « randonneurs ».