La raison d'état de la France de Vichy et le nazisme
Pour Hubert* en hommage à « un juste » « était entre autre » passeur là où était passé Frédéric de France en Espagne.
La raison d’Etat de la France de Vichy et le nazisme –
La rafle du Vel d’Hiv du 16 juillet 1942 et la France profonde
Le seize juillet quarante-deux,
Des policiers… ils étaient deux,
Accompagnés de militaires
Vinrent me cueillir dans ma tanière.
Cela se passait à Paris
Au milieu de l’occupation
Si çà vous évoque les nazis
Z’avez bon… félicitations
« Il se prépare une rafle énorme »
M’avait dès la veille averti
Un brave agent en uniforme.
« Surtout garez vus pour la nuit
Et passez le mot », me dit-il.
La consigne était inutile
Car où aller en l’occurrence,
La France étant sous surveillance ?
Dans la soirée douce et sans voile,
Je m’en remis à mon étoile.
Pour en revenir à cet agent
Qui m’avait prévenu dans la rue
C’est l’étoile jaune sur mon vêtement
Qui avait arrêté sa vue.
Et j’avais fait sa commission,
Passant le mot comme je pouvais
Pour transmettre une compassion
En vue des souffrances qui venaient
De jour en jour la solitude
Nous écartait d’une multitude
Dont le regard gêné tentait
D’expliquer ce qu’elle ressentait
En nous voyant ce jaune insigne
Qui à vouloir nous rendre indignes
Eclaboussait d’indignité
Le restant de l’humanité.
Dans le moment et faute de choix,
Je choisis de rentrer chez moi
Et l’œil ouvert au moindre bruit
Fenêtre ouverte je m’endormis
Non sans penser à ce message
Donné par un agent public
Qui exprimait, et sans ambages,
Une réprobation symbolique.
Ce n’était certes qu’une lueur
Au bout du bout d’un tunnel noir,
Mais elle dégageait une chaleur
Qui soulageait le désespoir.
Puis ayant finalement dormi
Au petit matin j’entendis
Des voix hurlant à sa concierge
L’ordre de les mener à ma porte
A quoi elle leur dit d’une voix forte
(La pauvre je lui dois un cierge)
Ne m’avoir vu depuis longtemps
… de sorte que faisant l’absent
A leurs appels autoritaires,
Je pris le parti de me taire.
Perplexes, ils s’en allèrent pourtant
En pestant et en bougonnant
Reconnaissant, réconforté
Des aides qui m’étaient apportées
Je respirais une fois de plus
Malgré un futur sans issue.
L’un de voisins me sachant là
M’informa sur les entrefaites
- encore que de façon discrète -
De ne sortir en aucun cas
Tout le quartier étant bouclé
Et rigoureusement contrôlé
Vers onze heures l’on vint m’indiquer
Que les barrages étaient levés.
Mais le péril était partout
Et je m’en fus vers n’importe où
- Laissant mon étoile jaune cette fois,
Elle n’aurait pu sauver deux fois –
Treize mille âmes à la dérive
De tous les âges hommes femmes enfants
Furent paquées au fameux Vel-d’Hiv.
Une semaine, sans ravitaillement - ,
En vue d’une solution finale
Conforme à la nouvelle morale.
8 novembre 1942
L’Afrique du Nord est libérée –
L’Europe commence à espérer.
Les allemands vont encore durcir
Leur mainmise sur leur vaste empire.
Ils investissent la zone dite libre
Où j’avais trouvé à survivre.
A marche forcée par les montagnes
J’arrive à passer en Espagne
Puis en Afrique. L’Armée De Gaulle
Où je m’engage devient mon pôle.
De gibier devenu chasseur
Je retrouve une nouvelle ardeur
* il s'agit de son ami Hubert Mattson qui demeurait rue du Haut-Villiers à Gouvernes