Hommage à Frédéric Sparer

Frédéric Sparer est né le 21 août 1921 à Varsovie où il vit l'intolérence. Il trouve en France en 1930 une société où sa famille ne sera plus discriminé. Jusqu'en 1940... où il vit l'indicible. En 1947 il se marie à Paris avec Jacqueline Watremez, il sera entrepreneur. Il a été conseiller municipal de Gouvernes. Il nous a quitté il y a tout juste deux ans, c'était un humaniste, un philosophe, un poète...

Ce soir 10 novembre 2017 nous lui avons rendu hommage entourant sa fille Isabelle venue du Canada. Ses amis étaient réunis pour célèbrer l'homme qu'il était dans la salle des mariage de la Mairie de Gouvernes.

A 75 ans il décide de tenter l'écriture en français et en vers... Un de ses poèmes a été lu ce soir :

Gouvernes sur Gondoire… et l’univers

Le clocher a sonné cinq heures

Au loin, se dessine une lueur

Il ne fait pas un souffle d’air

Du coté ou le ciel s’éclaire

Toutes les étoiles se sont éteintes

Et le jour point, en demi-teinte

Cette constance du mouvement cosmique

Me ramène à sa dynamique.

J’imagine la première aurore

La terre n’était pas ronde encore

J’entends le big-bang ! C’est quelle date ?

Il gronde puis brusquement éclate.

Des milliards de roches sont lancées

Sous une incroyable poussée

Certaines sont grosses, d’autres petites

Celles-là seront des satellites

Parmi tout ça la Voie Lactée

Est en train de se constituer

Si grande qu’en une vie entière

Et même à la vitesse de la lumière

L’on ne parcourrait qu’une partie

De notre propre galaxie

Mais notre petit coin de terre

Ne vaut-il pas tout l’univers ?

Je pense, donc je suis… réveillé

Me dis-je, assez émerveillé

Cette dose d’humour dès le matin

Me tire du lit avec entrain

Je sens l’odeur du bon café

Que ma femme vient de préparer

J’en avale une tasse puis je sors

Le breuvage irrigue mon corps

Une brume légère colle à ma peau

J’en déduis qu’il va faire très chaud

Je marche vite et mes poumons

Se gonflent de l’air matinal

Tandis que j’admire le vallon

Que la mince couche de brume voile

Je descends la rue Saint Germain

Bientôt me suis un petit chien

Mais de son drôle de petit trot

L’animal prend vers Saint Thibault

J’évoque en passant le calvaire

Le respect qu’éprouvaient nos mères

Vers ce symbole guidant leur foi

Qu’elles exprimaient d’un signe de croix

Le soleil monte à l’horizon

Puis balaie le toit des maisons

Et les couleurs de la nature…

Celles des jardins, celles des cultures

Celles des chemins au charme rustique

Relancent mes pensées bucoliques

Je laisse derrière moi le calvaire

Et remonte la rue des Pierres

J’admire entre les pavillons

Une partie du superbe vallon

Orné de demeures élégantes

Digne de cette colline verdoyante

J’aperçois Guermantes tout là-haut

Très fier du style de son château

… fort connu en littérature

Pour une fameuse signature

C’est justement par ce versant

Que je me dirige vers l’étang

Dont le bois qui en fait le tour

Pourrait conter bien des amours

Mais il y a pêcheurs et pêcheurs

Et ces derniers pêchent de bon cœur

Le lac est assez poissonneux

Et le petit bois giboyeux…

Les ingrédients du paradis

Se sont ici tous réunis

D’autant que le calme de ces lieux

Est en soi un cadeau des dieux.

Je retourne lentement au village

Pour ne pas arriver en nage

Me voici longeant le ruisseau

L’eau en dépit de sa tiédeur

Répand un semblant de fraicheur

Est-ce cela l’effet placebo ?

Deux amoureux se serrent très près

En s’accoudant au vieux muret

Que le courant clairet affleure

En caressant un saule pleureur

Le ruisseau est en fait un ru

Qui donne ce ton si campagnard

Au village et à sa grand’ rue

Qui semble surgir de nulle part

Dans la ville neuve qui les assiège

Comme un inexorable piège

Ce ru creusa-t-il le vallon ?

Les deux partagent le même nom

Peu courant d’ailleurs : la Gondoire

Dont j’aimerais connaitre l’histoire

Le nom du village lui aussi

Est dans son genre assez unique

Puisqu’il s’appelle Gouvernes… mais si

Avoué que ce n’est pas classique ?

A présent je suis sur la place

L’église, la mairie s’y font face

Comme deux sentinelles pacifiées

Libérées de leur lourd passé…

Et qui marient leurs traditions

Délivrées de leurs vieilles passions.

Dédié au plus charmant des villages de tout l’univers – le 29 juin 1995

Vous pouvez acquérir auprès d'Isabelle Sparer isabellesparer@gmail.com un recueil de ses poèmes : "Chemin Faisant"

Vous trouverez dans les sous pages ci-dessous d'autres poèmes de Fredéric Sparer.