Jossigny

Jossigny, raconté par Félix Pascal

(page 313 à 316 - l'orthographe des noms propres a été gardé tel que dans le manuscrit d'origine - d'autres termes ont été corrigés exemple: habitants, au lieu de habitans...)

On lit dans la seconde copie du testament de saint Rémi, inséré par Flodoard dans son histoire, que Clovis donna à sainte Geneviève la terre de Grusiniacum. Comme ce nom, ne saurait s'appliquer à aucun autre lieu des environs, on a pensé qu'il y avait erreur de la part du copiste, qu'il fallait lire Jausiniacum, et que c'est de Jossigny dont il est question dans cet acte.

Si ce fait était vrai, l'origine de Jossigny semblerait remonter à l'époque du règne de Clovis Ier; mais, ajoute Lebeuf dans son histoire du diocèse de Paris, comme il n'est question de Gausiniacum que dans une addition au testament et non dans le testament lui-même, il est plus que probable que ce n'est pas à la personne de sainte Geneviève que la terre de Jossigny a été donnée, mais bien à son église, soit par Clovis II ou III, soit par Louis-le-Débonnaire ou même par Louis-le-Bègue.

Ce qu'il y a de certain, c'est que, bien avant l'an 1170, les chanoines de l'église Sainte-Geneviève de Paris avaient des possessions à Jossigny, puisqu'à cette époque ils firent un accord avec les détenteurs du fief de Jossigny, à l'occasion du droit de brenage. C'est ainsi que l'on nommait le droit qu'avaient les chevaliers d'exiger des gros décimateurs une certaine quantité de grosse farine pour nourrir leurs chiens de chasse.

« En 1196, Gaucher de Châtillon et Elisabeth, son épouse, quittèrent à l'abbaye (Sainte-Geneviève) tout le bois qui était coupé et essarté à Jossigny et pareillement tout ce qu'ils pouvaient y prétendre dans la voirie ou autrement . »

Plusieurs autres seigneurs donnèrent encore à l'abbaye de Sainte-Geneviève les biens qu'ils avaient à Jossigny : tels furent Hugues de Châtillon en 1225 ; Guy du Port en 1227 ; Jacqueline, veuve de Lancelot de Pessaigne ; Arnoult de Chanleloup ; Simon de Lisy ; Jean Bailly.

L'abbé Lebeuf conjecture que les gens de Jossigny ont été affranchis, moyennant certaines redevances, vers le milieu du XIIIe siècle. Cependant on voit qu'en 1325 Jean de Saint-Leu, abbé de Sainte-Geneviève, affranchit deux femmes de corps de l'abbaye, ce qui prouva qu'il restait encore des serfs de cette paroisse dans le XIVe siècle.

Le village de Jossigny est situé à l'extrémité occidentale d'une plaine où prend sa source le petit ruisseau, dit ruisseau de Crochet, qui va se jeter dans la Marne au dessous de Torcy. Ses écarts sont :

1° Belle-Assise , que l'on suppose être le même endroit que Bien-Assise dont une dame fonda en 1326 une chapelle dans l'église de Brie-Comte-Robert, et dont les seigneurs étaient haut justiciés; mais que ni son antiquité ni le magnifique point de vue qu'il offre n'ont pu sauver de la ruine.

2° Mauny , ancien fief avec une ferme et une chapelle sous le nom de Saiut-Léonard. Cette chapelle existait dès l'an 1407.

3° Le château de la Motte , appelé d'abord La Motte Courmerie, surnom d'un de ses propriétaires et depuis La Motte Goulas, de Jean Goulas, trésorier de la guerre, qui en était seigneur en 1606.

4° Maupertuis ou le Bout du Four , hameau au nord., de Jossigny, au sommet du coteau qui borde le ru Crochet, entre la commune de Chanteloup.

En 1668 ,Charles Malo, seigneur de la Motte, obtint que le château et ses dépendances seraient distraits de la paroisse de Jossigny pour être réunis à celle de Serris, canton de Crécy. Ce château n'est plus aujourd'hui qu'une ferme.

Le village de Jossigny est aune lieue sud de Lagny, à quatre lieues et demie sud-ouest de Meaux et à neuf lieues nord de Melun; son territoire est en terres labourables , en prés et en bois ; sa population est de 55o habitants.

En 1608, Jacques Levasseur, depuis chanoine et doyen de Noyon, se retira dans cette paroisse pour éviter les ravages de la peste qui infestait la capitale. Poète médiocre, il y composa un recueil de pièces qu'il intitula le Boccage de Jossigny. Dans cet ouvrage, il célèbre en mauvais vers les beautés de ce village :

Le gai Jossigny est l'honneur de la Brie!... A mon cher Jossigny que j'aime plus que l'or!...

Boileau n'avait point encore paru